Alors que les différents marchés d'Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire grouillent de monde (commerçants et clients) en ce mois de décembre 2025, certaines commerçantes décident comme chaque année, d'investir l’intérieur du pays pour y vendre leurs marchandises. Et ce choix est motivé par l’encombrement à Abidjan et l’espoir de faire de bonnes affaires dans les localités de l’intérieur.
« Tu iras vendre en brousse cette année ? ». A cette question de son amie Fofana Maimouna, Camara Djénéba répond qu’elle est déjà prête pour cette aventure. Elle part chaque année à l’intérieur du pays pour y vendre des articles pendant le mois de décembre. Les années passées, elle s’est rendue à l’ouest dans la région du Cavally, précisément dans la localité de Zagné. Cette année elle a choisi le centre-ouest et le sud-ouest. Tout comme elle, Soumahoro Kadi y va également. Fofana Maimouna, Diomandé Fatoumata ainsi que Dame Koné Sanata, font aussi partie du lot des femmes qui investissent villages et hameaux du pays pendant ce mois de décembre, pour vendre leurs marchandises.
Dans les régions productrices de cacao
Elles habitent toutes Abidjan. Les zones choisies sont pour la plupart situées dans les régions productrices de cacao. La raison est que le mois de décembre coïncide avec la campagne de commercialisation du cacao. En plus d’être déjà la période des fêtes de fin d’année, il est donc propice à l’écoulement de leurs articles« On choisit également d’aller en brousse pendant cette période parce qu’il est difficile d’avoir une place à Abidjan. Etant en brousse, on est directement en contact avec les populations », ajoute Bakayoko Mariam, l’une de ces commerçantes.
Et nombre d’entre elles font de bonnes affaires. « Quand on prend des marchandises de 500 000 FCFA, on peut se retrouver à la fin de la traite avec 700 000 FCFA ou 800 000 FCFA », confie Bakayoko Mariam. A en croire Fofana Maimouna, dans les villages, elle peut facilement s’en sortir avec 35 000 FCFA à 50 000 FCFA par jour de marché. Ce qui n’est pas le cas à Abidjan. Elle qui n’a pas un fonds de commerce assez consistant, préfère donc aller dans les villages et campements que de rester à Abidjan, où il y a déjà de nombreux commerçants. Et dont le coût de location des magasins n’est pas à sa portée.
Petite investigation
Le choix d’une localité de l’arrière pays exige de leur part, une petite investigation, notamment pour savoir si les plantations ont beaucoup donné, si les populations ont eu assez d’argent. Il faut aussi chercher à savoir si les commerçants installés sur place font déjà de bonnes affaires. Djénéba qui réside à Abidjan a commencé par appeler des connaissances dans certaines localités productrices de cacao, pour avoir des informations fiables. « Qu’elle est la situation à San Pedro ? Est-ce qu'on peut bien vendre ses marchandises dans ses villages environnants ? ».
Sur ces interrogations, sa sœur qui fait son commerce en ville ne l’a pas rassurée. Car cette dernière ne connaît pas bien la région. Elle appelle du côté de l’ouest précisément dans la région du Cavally qu’elle avait pourtant l’habitude de sillonner. C’est finalement avec Koné Sanata qu’elle choisit de faire le chemin. Cette dernière, vendeuse de pagne, connaît la zone du centre-ouest et du sud-ouest (Lakota, Gagnoa, Soubré). Elle l’a convaincue qu’elles y feront de bonnes affaires. Le mercredi 3 novembre 2025, elles empruntent donc un car pour Dabouyo une grande localité de la sous-préfecture de Gueyo. Dame Koné la conduit chez ses tuteurs.
C’est ainsi que beaucoup de commerçantes partent d’Abidjan pour se rendre dans des régions qu’elles pensent, être propices à leurs affaires. Elles s’installent dans la ville du chef-lieu de région chez un tuteur, ou choisissent un village centre de la zone. Elles sillonnent ainsi les différents villages aux alentours, en revenant régulièrement passer la nuit chez leurs tuteurs ou tutrices.
Diomandé Karamoko






