publicité

Politique

La quadrature du cercle

Publié le :

J’ai lu sur les réseaux sociaux que le nouveau président gabonais aurait déclaré qu’il n’accorderait plus de bourses aux étudiants de son pays pour aller se former à l’étranger, parce que cela coûte cher, et ces étudiants ne reviennent plus. Je ne saurais garantir l’authenticité de cette déclaration, mais même si elle n’est pas du président gabonais, elle pose la question du dilemme des dirigeants africains. La réalité est que la plupart des étudiants qu’ils envoient se former à grands frais dans les meilleures universités et écoles du monde ne reviennent plus au pays. Surtout les meilleurs. Et ainsi, ce sont les pays pauvres d’Afrique, pauvres parmi les plus pauvres de ce monde, qui se chargent de dépenser leurs maigres ressources pour former les cadres qui vont servir dans les pays les plus riches. Mais comment un pays pauvre peut-il se construire pour sortir de sa misère sans cadres compétents, dans tous les domaines ? Comment obtenir ces cadres sans les former dans les meilleures écoles et universités ? Que fera un pays qui arrête de former ses cadres ? Importera-t-il ceux dont il a besoin ? Où les trouvera-t-il, et à quel prix ?

Dans tous nos pays il nous faut des routes, des ponts, des barrages, toutes sortes d’infrastructures, des médecins, des enseignants de très bons niveaux, des financiers, des ingénieurs, des entrepreneurs, des informaticiens…En 1946, Houphouët-Boigny qui venait d’être élu député à l’Assemblée nationale française et qui entrevoyait déjà l’indépendance de son pays, avait anticipé ces choses en envoyant ses meilleurs élèves compléter leurs formations en France. Et lorsqu’il devint président en 1960, il veilla à faire de l’éducation et de la formation de ses cadres la priorité de son action politique. Tant qu’il en eut les moyens. Il construisit une université, des grandes écoles pour former des ingénieurs, des scientifiques et des techniciens de hauts niveaux. Ceux qui ne pouvaient se former sur place étaient envoyés dans les meilleures universités dans le monde. En attendant d’avoir suffisamment de cadres de bons niveaux, il fit venir ceux que l’on appela les coopérants qui étaient pour l’essentiel des Français. Mais il en recruta dans les pays voisins, notamment en Guinée et au Bénin, essentiellement dans l’enseignement. C’est peut-être cette politique qui permit à la Côte d’Ivoire de prendre une avance sur tous ses voisins. Lorsque les ressources du pays se tarirent, la Côte d’Ivoire cessa de faire appel aux coopérants. Le pays avait déjà formé suffisamment de cadres pour assurer la formation des nouvelles générations. Puis progressivement, le nombre de bourses accordées pour étudier à l’extérieur baissa.

Dans ces années-là, ceux qui partaient étudier à l’extérieur revenaient travailler dans le pays. Ils n’avaient pas beaucoup de problèmes pour trouver du travail chez eux. Mais la situation économique de notre pays devint de plus en plus difficile et le travail commença à se faire rare. Alors, ceux qui réussirent à aller se former à l’extérieur, surtout en Europe ou en Amérique, cherchèrent à y rester. Ceux qui étaient formés dans le pays cherchèrent eux aussi, à aller « se chercher » ailleurs. Et c’est ainsi que commença la fuite des cerveaux. Et des muscles aussi, puisque nos meilleurs athlètes n’ont qu’un rêve : aller se faire voir ailleurs. Pareil pour les artistes.

Que doivent faire nos dirigeants ? Que peuvent-ils faire ? C’est la quadrature du cercle. S’ils ne forment pas bien leurs jeunesses, ils ne pourront pas développer leurs pays, créer de l’emploi, et ils fabriqueront de futures bombes qui leur exploseront un jour à la figure. Nos systèmes éducatifs n’étant pas parmi les meilleurs au monde, il faut aller les former ailleurs pour avoir la qualité minimale pour développer nos pays. Et c’est prendre le risque de les offrir « cadeau » aux pays déjà développés. Importer de la main d’œuvre de qualité des autres pays déjà développés coûte encore plus cher. Nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Mais je crois que nous devrions de toute urgence trouver les moyens d’améliorer nos systèmes éducatifs, et prendre des mesures pour garder sur place nos cadres les plus compétents. Oui, je sais, c’est facile à dire. Mais pourquoi ne pas essayer ?

Venance Konan


GENERATED_OK



publicité

FIL INFO

28 juillet 2025

+80 morts en 2021-2024 : violences politiques sous Macky Sall, le ministre de la Justice actionne le procureur

28 juillet 2025

Boundiali : Une bibliothèque municipale moderne pour stimuler la lecture et la culture

28 juillet 2025

Guerre en Ukraine: Emmanuel Macron "réitère le soutien de la France" à Kiev, tout en "réaffirmant l'importance de la lutte contre la corruption"

28 juillet 2025

Kinshasa : les FARDC accusent les Mobondo de tortures sur des civils à Maluku

26 juillet 2025

turi : les autorités militaires appellent à la responsabilité citoyenne pour faire barrage à la violence armée



Fanico

Dr Kanaté Dahouda Soumahoro, PhD. 5 mai 2025
Le Pradoïsme est un humanisme
Bamba Alex Souleymane 2 mars 2025
Foncier urbain : Bruno Koné dérange les intérêts mesquins de bandits à col blanc et des parrains de la pègre
Mandiaye Gaye 4 février 2025
Mais qui a peur d’une enquête sérieuse et indépendante sur les évènements de 2021 à 2023 ?
Fier 19 décembre 2024
RTI : le DG intérimaire en situation de conflit d'intérêts ?


Annonces
publicité