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Politique

Alassane Ouattara, seul face à l'histoire

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Il y a des silences plus éloquents que les discours. Celui que le président ivoirien, Alassane Ouattara, laisse flotter depuis le dimanche 22 juin 2025, au terme de son adresse devant près de 100 000 militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir) rassemblés à Ebimpé,en fait partie. Ce silence-là, chargé de sens, ne cache rien d’autre que la complexité d’un moment, la densité d’un dilemme. Partir ou continuer ?

Le président ivoirien est arrivé à un point de tension rare dans la vie d’un homme d’État : celui où l’attachement au devoir entre en conflit avec le droit au repos. Où l’appel de ses partisans – galvanisés, fidèles, impatients – et d’une bonne frange de concitoyens se heurte au poids des années, à l’usure du pouvoir et à l’exigence de la lucidité.

Seul face à l’histoire

« Je vous ai entendus. Je vous ai compris. Je suis le président de tous les Ivoiriens. Je prendrai ma décision très bientôt, en toute responsabilité. » Ces mots prononcés à Ebimpé, ne constituent ni une esquive ni une ruse. Ils disent ce que peu de dirigeants africains osent dire : que la décision d’un président sortant n’appartient ni entièrement au peuple, ni entièrement au parti, mais engage son intime conviction, sa conscience historique, et parfois, sa solitude. Celle d’un homme qui a conscience que la décision qu’il lui revient de prendre sera lourde dans tous les cas.

Le supplice d’une double loyauté

D’un côté, la volonté du départ : celle de transmettre, d’ouvrir un nouveau chapitre, de préserver sa stature d’homme d’État qui a su partir. Ce scénario, Ouattara y a pensé dès 2020. Il l’a même annoncé, avant de revenir sur sa parole après le décès brutal de son successeur désigné, Amadou Gon Coulibaly. L’histoire, le sort, lui avait alors imposé un détour.

De l’autre côté, l’appel du RHDP, massif, bruyant, orchestré lors du deuxième congrès du parti : les vives motions du Parc des expositions, la ferveur d’Ebimpé, les slogans, les pancartes. Tout un parti qui dit : « Reste, continue ! car sans toi, rien n’est sûr. » Et peut-être aussi, dans les coulisses, l’inquiétude d’une base politique qui craint l’inconnu, ou le vide.

Ouattara est écartelé entre deux fidélités : à son parti, qui lui demande de rester, et à la logique républicaine, qui lui impose de penser au-delà de son camp. Il est aussi face à une équation personnelle : continuer, c’est repartir pour cinq longues années de plus. Partir, c’est laisser le champ à d’autres, peut-être moins consensuels, peut-être plus fragiles. Même s’il assure lui-même disposer d’une bonne demi-douzaine de cadres compétents prêts à prendre la relève. On peut déjà deviner des noms : Tiémoko Meylet Koné, Patrick Achi, Adama Bictogo, Téné Biraima Ouattara, Cissé Bacongo, Mambé Beugré, Kandia Camissoko Camara…

Une décision au-delà de la personne

Quelle que soit l’issue de ce dilemme, elle ne sera pas anodine. Elle ne sera pas confortable non plus. Elle dira quelque chose de la vision qu’Alassane Ouattara a de son pays, et de lui-même. Car ici, la question n’est plus seulement : peut-il se représenter ? – la Constitution lui en donne le droit. La vraie question est : doit-il le faire ?

Et c’est là que sa réponse, attendue dans les semaines à venir, prendra tout son sens. S’il décide de continuer, ce sera un acte de continuité dans un moment perçu par certains comme instable. S’il décide de se retirer, ce sera un acte politique historique – en Côte d’Ivoire il n’y a jamais eu de passation de charges entre un Président sortant et son successeur.

Dans les deux cas, ce sera un acte de courage, à rebours des calculs personnels. Car peu de dirigeants souhaiteraient être à sa place, à devoir trancher entre deux chemins où chacun peut comporter des risques, des regrets, et des conséquences durables.

Ce que vit Alassane Ouattara en ce moment n’est pas un simple choix à faire entre deux décisions. C’est une épreuve politique et humaine. C’est la conscience d’un homme qui sait que, quoi qu’il décide, ce sera inscrit dans l’histoire de son pays. Et s’il tarde à trancher, c’est peut-être parce qu’il sait, au fond, que ce n’est pas de lui qu’il s’agit. Mais de la Côte d’Ivoire

.Mamadou Traoré


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