La première édition des Journées du droit numérique en Côte d’Ivoire s’est ouverte, le 22 mai, à la Maison de l’entreprise, au Plateau. Occasion pour le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), le colonel-major Guelpetchin Ouattara de présenter le rapport 2024 sur l’état de la cybercriminalité en Côte d’Ivoire.
Se fondant sur les activités de la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (Plcc), ce sont 12 100 dossiers qui ont été reçus et traités par l’agence. Le nombre de plaintes reçues est en hausse contrairement à l’année dernière où il était de 8 132 cas. Le plus grand nombre de dossiers de l’année 2024 concerne l’attente à la dignité humaine. Ce sont 2 822 dossiers et plaintes qui ont été reçus et traités concernant ce fait. 2 326 cas d’escroqueries sur Internet, 1 577 cas d’atteinte à l’honneur et à l’image, 1 205 cas de spoliation de compte mail/Facebook, fraude sur la transaction électronique et 1 060 cas sont les dossiers reçus.
Ajouter à ces cas, les accès frauduleux à un système d’information, l’appropriation de biens d’autrui, la menace de mort et bien d’autres. « L’augmentation durable du nombre de cas traités se justifie par plusieurs facteurs. Nous observons une évolution de la cybercriminalité traditionnelle vers un usage accru du numérique comme un outil de commission des infractions », a justifié le colonel-major Guelpetchin Ouattara. Et d’ajouter : « L’augmentation du nombre d’utilisations des technologies numériques ainsi que la diversification des services en ligne expliquent, par ailleurs, cette progression du nombre d’affaires ».
Selon le directeur général de l’Anssi, les préjudices financiers consommés sont d’environ 7 milliards de FCfa. Un préjudice financier en baisse contrairement à l’année dernière où il était de plus de 9 milliards de FCfa et en 2022 de plus de 6 milliards de FCfa. Il faut souligner que l’escroquerie sur Internet a engendré un préjudice financier de plus de deux milliards de FCfa. Contrairement à 2023 qui a enregistré 37 affaires de coopération internationale, 13 dossiers de coopération ont été enregistrés en 2024.
La Côte d’Ivoire se classe en première tête en fonction du nombre d’affaires (12 087), les Usa (4), Canada (4) et autres. « En 2024, 338 personnes ont été interpellées contre 465 en 2023, marquant ainsi une baisse de 27, 31% des interpellations », a commenté le directeur général de l’Anssi. Face à cette montée de la cybercriminalité, que faire ? Lors de la présentation du rapport, le commissaire Fofana Mamadou, directeur des investigations et de soutien aux opérations à l’Anssi, a proposé la formation et la sensibilisation. Ainsi donc, L’agence a initié plusieurs formations et conférences sous plusieurs thèmes. À savoir la sécurité et l’éthique en ligne : règle et bonnes pratiques pour un espace digital responsable à l’endroit du grand public. Outre cette formation, les magistrats du Pôle pénal économique et financier ont vu leur capacité renforcée sur « l’état des lieux de la cybercriminalité en Côte d’Ivoire et soutien aux investigations ». D’après le rapport de l’Anssi, ce sont près de 30 000 personnes qui ont été sensibilisées sur plusieurs thèmes. « Globalement, les chiffres 2024 expriment des menaces et risques informationnels croissants liés à des transformations numériques, en l’occurrence l’usage de l’Ia, des algorithmes de ciblage et des techniques d’amplification », fait savoir le rapport. Pour la Côte d’Ivoire, 2025 étant une année particulière en raison de l’élection présidentielle, l’Anssi souhaite le renforcement de leur dispositif pout maintenir un niveau de performance élevé pour garantir la résilience des infrastructures numériques de l’État et surtout contribuer efficacement à la paix sociale.
Pour accomplir efficacement ses missions, l’Anssi s’est dotée de plusieurs centres techniques spécialisés dont certains sont spécifiquement dédiés à la lutte contre la cybercriminalité ou y contribuent de manière significative. Ce sont le Plcc (Plateforme de lutte contre la cybercriminalité), le CI-Cert (Côte d’Ivoire computer emergency response team), le Cfad (Centre de fusion et d’analyse de données) Pki Racine (Centre de gestion de la Pki Racine nationale), Soc (Centre d’opération de sécurité cyber), Alertes 100 (Centre d’alerte) et les acteurs de la procédure pénale. Le premier jour de la première édition des journées du droit numérique en Côte d’Ivoire a débuté le 22 mai, par une allocution d'Ekissi Narcisse, directeur de cabinet du ministre de la Transition numérique et de la Digitalisation. Il s’est félicité de cette initiative qui a eu pour thème : « Rapport 2024 sur la cybercriminalité en Côte d’Ivoire et guide pratique sur la sécurisation des systèmes d’informations en Côte d’Ivoire : aspects juridiques ». Cette première édition s’achève le 23 mai 2025.
Patrick N'Guessan