Selon les résultats officiels publiés par le Centre gabonais des élections, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a obtenu une victoire nette et sans surprise dès le premier tour, qui consacre la trajectoire fulgurante d’un homme passé du statut de chef de la transition à celui de chef d’Etat plébiscité, au terme d’un scrutin marqué par un taux de participation historique. Il prête serment le 3 mai prochain, et ce en dépit des voix qui s’élèvent pour dénoncer une élection verrouillée, et pointent des déséquilibres dans l’accès aux médias publics, une administration électorale reconfigurée par la transition, et un climat politique peu propice à une véritable compétition. Tout cela a donné une longueur d’avance au Général Nguema, qui a habilement réussi à surfer sur son image de dirigeant réformateur en rupture avec les dérives du passé, pour battre à plate couture les candidats d’une opposition fragmentée, inaudible et structurellement affaiblie par plusieurs décennies d’alternances avortées.
Nguema devra prouver que sa victoire n’est pas seulement électorale, mais qu’elle est aussi morale
Cette victoire écrasante du tombeur d’Ali Bongo Ondimba marque, à la fois, la fin de la transition et le début du processus de légitimation durable d’un pouvoir né d’un coup d’Etat, désormais adoubé par les urnes. Mais si le peuple gabonais a sanctionné des décennies de gouvernance familiale en plébiscitant ce fin connaisseur des arcanes du pouvoir et des réseaux militaires, il n’accordera pas pour autant indéfiniment le délai de grâce au Général, qui devra rapidement relancer la machine économique à coups de réformes visibles, et gagner les cœurs de ses compatriotes fatigués du précédent pouvoir dynastique qui s’est imposé à eux cinquante ans durant. C’est vrai que depuis son accession au pouvoir, il a su incarner un leadership pragmatique en développant un discours d’apaisement tout en affichant l’image d’un président à l’écoute, rigoureux, et obsédé par l’efficacité. Mais cela ne suffira pas à lui garantir une tranquillité au sommet de l’Etat, s’il ne prend pas rapidement par les cornes le taureau des immenses défis qui l’attendent. Une chose est, en effet, de pouvoir transformer, comme il a bien su le faire, sa légitimité de fait en légitimité électorale, une autre chose plus difficile, est de pouvoir capitaliser durablement ce soutien populaire en ouvrant les nombreux chantiers sur lesquels l’attendent les Gabonais, comme la reconstruction de la confiance institutionnelle, la diversification de l’économie, la réforme du secteur de la Justice, le renforcement des libertés publiques, la réconciliation nationale et la lutte sans merci contre la corruption endémique, entre autres. L’homme qui s’est présenté comme un « sauveur de la République », devra désormais traduire en actes les mirobolantes promesses qu’il a faites au peuple gabonais qui espère une gouvernance de rupture, et non pas un retour aux pratiques du passé.
Il devra prouver à son électorat, qu’il est vraiment à la hauteur des enjeux
En d’autres termes, il devra prouver que sa victoire n’est pas seulement militaire ou électorale, mais qu’elle est aussi et surtout politique et morale. Et s’il a déjà montré, à travers la sobriété dans la parole et une grande présence sur le terrain politique, qu’il n’est pas un novice dans la gestion des affaires publiques, il devra tout faire pour prouver à son électorat en quête de stabilité, qu’il est vraiment à la hauteur des enjeux, et rassurer les plus sceptiques qui appellent à une vigilance citoyenne pour éviter un retour à l’autoritarisme, qu’il n’en sera rien, pendant les sept prochaines années que durera son mandat en tant que président démocratiquement élu du Gabon.
« Le Pays »
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