Port-Bouët, quartier Gonzagueville. Il est 13 h ce mardi 22 avril 2025. Le soleil cogne fort. Ici, dans cette partie du Marché français, ce ne sont ni les cris des vendeurs ni les pas pressés des clients qu’on entend. Ce sont les mouches et les moustiques qui règnent.
L’air est lourd, presque irrespirable. En cause, une énorme benne à ordures, débordante de déchets. L’odeur est si forte qu’elle vous agrippe à la gorge.
Des déchets à même le sol
« Quand on est arrivé ici, il y a huit ans environ, on ne pensait pas que ça allait finir comme ça. Mais la situation a empiré », raconte Junior, 15 ans, vendeur de fruits pour sa tante. Quand la benne est pleine, ce qui arrive très vite, les déchets sont jetés à même le sol. Déchets ménagers, organiques, solides. On y trouve de tout. Fauteuils, oreillers, morceaux de bois… Mais surtout les pires restes, comme des intestins de poulet, de poisson, ou de viande.
Les éboueurs passent presque chaque soir, mais la benne se remplit à nouveau en moins de cinq heures. Faute de mieux, les commerçants déversent leurs rebuts autour, et sur près de dix hangars de vente, les ordures s'étalent.
Avec les pluies récentes, les eaux souillées barrent l’accès aux boutiques. Les clients, eux, préfèrent rebrousser chemin. Le marché est devenu invivable. « Même quand des clients entrent dans mon magasin, la chaleur, les odeurs… ça les fait fuir. Depuis l’installation de la benne, il y a quatre ans environ, mes ventes ont chuté », confie Karim Diallo (nom d’emprunt), vendeur de vêtements.
Même son de cloche chez Ali Diabaté, tailleur de quartier communément appelé "toclotoclo". Des agents de la mairie sont venus lui parler d’un aménagement prévu. « Avant, mon hangar était plus grand. Mais il y a deux semaines, ils m’ont demandé de le réduire pour faire passer la route et aménager le coin. Depuis, plus rien ».
Diverses maladies
Les plaintes portant sur la contraction de diverses maladies se multiplient. Paludisme, fièvre, malaises à répétition. Ali se souvient d’une voisine vendeuse qui a dû fermer boutique. « Elle tombait trop malade. Le médecin lui a dit que les odeurs et la saleté du marché y étaient sûrement pour beaucoup ».
Face à ces situations critiques, les autorités d’Abidjan ont, ces dernières années, multiplié les annonces d’assainissement des marchés. En 2024, dans le cadre des opérations de déguerpissement visant à libérer les espaces publics, plusieurs marchés ont été réorganisés, parfois même reconstruits. L’objectif annoncé était d'améliorer la salubrité, sécuriser les zones de commerce, et rétablir des conditions de travail dignes pour les commerçants.
Mais à Gonzagueville, les choses n'évoluent pas. En attendant, les commerçants respirent les ordures, vendent au milieu des eaux sales, et espèrent qu’un jour, on tiendra enfin parole.
Claude Eboulé
Encadré
Un exemple à imiter
À Cocody, dans le marché Cocovico, la benne à ordures est placée à l’écart des étals. Installée sur une plateforme en ciment spécialement construite à cet effet, elle ne repose pas directement sur le sol, ce qui facilite son entretien. La benne est vidée régulièrement, souvent avant qu’elle ne déborde. En journée, des agents passent pour nettoyer les alentours, balayer les déchets éparpillés et
Résultat : la zone reste propre, sans odeurs vraiment gênantes. Cette organisation permet aux commerçants installés à proximité de travailler dans des conditions plus saines.
C. Eboulé
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