Le torchon brûle entre des prélats et le régime de Paul Biya au Cameroun. Et pour cause : l’ancien séminariste et fils de catéchiste, nourrit l’ambition de briguer un autre mandat, après 42 ans de règne sans partage. Une couleuvre que des prélats refusent d’avaler.
Il s’agit de Mgr. Samuel Kleda, archevêque de Douala, qui estime qu’une candidature de Paul Biya à la présidentielle de 2025, « n’est pas réaliste ». Comme pour enfoncer le clou, Mgr. Barthélémy Yaouda Hourgo, ajoute : « On ne va pas souffrir plus que ça. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas. Même le diable, qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun, et on verra après ». Ces religieux réussiront-ils à ramener la brebis égarée dans l’enclos ? Ou prêchent-ils dans le désert ? On est tenté de répondre par l’affirmative, à la seconde question. Car, pendant que ces prélats prêchent l’alternance, Biya se prélasse, laissant le soin à ses lieutenants de donner la réplique aux voix critiques. En effet, le pouvoir est monté sur ses grands chevaux pour, dit-il, recadrer les évêques qui, à ses yeux, sont sortis de leur rôle. Et pourtant, ces hommes de Dieu sont bel et bien dans leur rôle. D’abord, ils sont tous des fils du Cameroun et ont, de ce point de vue, le droit d’opiner sur la vie de la Nation. Ensuite, ils ont le devoir social de se faire l’écho des fidèles qui militent pour l’alternance politique au Cameroun. Enfin, ils font de la prévention car, comme on le sait, les longs règnes débouchent, le plus souvent, sur le chaos.
En voulant régner ad vitam aeternam, Biya risque de vendanger son héritage
La vérité, c’est que si le pouvoir réagit ainsi, c’est que l’Eglise n’est pas allée dans son sens. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la candidature du nonagénaire Biya, à la prochaine présidentielle, continue de faire des vagues au pays d’Ahmadou Ahidjo. Cela est d’autant plus vrai que les sorties de prélats ont été précédées d’autres réactions d’hommes politiques et de la société civile, et pas des moindres. Preuve, s’il en est, que les Camerounais ont soif d’alternance. Et on ne saurait leur donner tort. Car, après plus de 42 ans de règne sans partage, Paul Biya devrait avoir la sagesse de faire valoir ses droits à la retraite. Mais voilà, l’homme refuse de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. Le Cameroun, pays continent, est devenu son patrimoine et tout laisse croire qu’il n’est pas prêt à céder sa place. Quelle image veut-il laisser à la postérité ? La question reste posée. En voulant régner ad vitam aeternam, Biya risque de vendanger son héritage. Car, ce n’est un secret pour personne que le Cameroun fait face à une crise économique et sécuritaire. A cela s’ajoutent la corruption endémique qui gangrène tout le pays, et le chômage qui frappe de plein fouet la jeunesse camerounaise. Mais comme le dit l’adage, le chien aboie, la caravane passe. Si le régime reste sourd à la soif de changement du peuple, c’est parce que ce dernier semble faire dans la résignation. Une posture qui semble dictée essentiellement par deux raisons. Primo : l’âge de Paul Biya. Car en Afrique, on évite, autant que faire se peut, d’humilier les personnes âgées. Secundo : la peur de la répression. On le sait, si les Camerounais sont prompts à traiter les autres dirigeants africains, de tous les noms d’oiseaux, il ne leur est pas permis d’en faire autant pour leur président.
Dabadi ZOUMBARA
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