Pour de nombreux jeunes, les vacances scolaires sont également une période pour gagner de l’argent, apprendre des métiers et développer des business.
Bolou Joel est élève en classe de Première A. Chaque année, au cours des vacances scolaires, depuis qu’il était en Quatrième, il exerce un job de vacances en tant que peintre. Il a appris ce métier auprès de son frère aîné. « Pendant mes vacances, j’accompagnais mon frère sur ses chantiers. J’ai développé une passion pour le métier et j’ai décidé d’apprendre auprès de lui », fait il savoir.
En plus de simplement étaler de la peinture sur les murs, Joël a appris à réaliser des calligraphies et des dessins. Il travaille pour son frère, en moyenne trois jours par semaine, pour un salaire de 5 000 francs par jour, soit 15 000 francs par semaine et un minimum de 60 000 francs par mois. Cet argent, l’adolescent l’utilise pour ses besoins de première nécessité.« Je compte également utiliser une partie de mes gains pour acheter mes cahiers à l’approche de la rentrée scolaire », explique-t-il.
Au-delà de se faire de l’argent et d’occuper ses vacances, Joël apprend un nouveau métier. Aujourd’hui, il va parfois seul sur les chantiers en l’absence de son frère. Il peut compter sur ses parents qui l’encouragent à faire preuve de résilience. Après son baccalauréat, l’adolescent envisage de poursuivre une carrière de peintre et de présenter le concours de la gendarmerie. « J’ai bien envie de travailler dans l’armée. Mais en attendant d’avoir le concours, je vais continuer le métier de peintre ».
Au-delà des gains financiers
Yeo Nawa vient d’obtenir le BEPC. Au lieu de se détendre ou de partir en voyage, il a choisi de travailler, comme électricien, pendant ses vacances. Depuis son enfance, Nawa a une passion pour le bricolage. Il démontait des jouets pour en examiner les composants et comprendre leurs fonctionnement. Aujourd’hui, il a intégré une entreprise locale spécialisée dans les installations et les réparations électriques. Chaque matin, il se lève tôt pour se rendre sur les chantiers avec son équipe. Sous la supervision d’un électricien expérimenté, il apprend les bases du métier. « Ce que j’apprécie dans ce travail, c’est le sentiment de réussir à accomplir quelque chose. Quand j’arrive à résoudre une panne par exemple, je suis fier de moi et j’ai envie d’apprendre davantage ».
Cette expérience n’est pas seulement un moyen pour lui de gagner de l’argent. C’est également une opportunité d’acquérir des compétences pratiques qui lui seront utiles à l’avenir. Car Nawa envisage d’obtenir un Brevet technique en électricité. « Je me vois vraiment évoluer dans ce métier. Avec les connaissances pratiques que j’apprends déjà sur le terrain, je veux apprendre la théorie également et obtenir un diplôme qui couronnera mes efforts et me donnera la légitimité de poursuivre cette carrière ».
Le parcours de Yeo Nawa et de Bolou Joël montre comment les jobs de vacances peuvent devenir des tremplins vers des carrières professionnelles.
Certains développent des business
Les vacances scolaires sont aussi l’occasion pour certains jeunes de développer leur propre business. C’est le choix qu’a fait Noëlle Aka. Elle vend des crêpes au chocolat, des nems, des mini-pizzas et des burgers. Assise sur la terrasse de sa maison située à Koumassi, elle crée des infographies avec son téléphone pour présenter ses offres et inciter les prospects à l’achat. « Je fais des publications sur les réseaux sociaux pour promouvoir mon activité. J’ai des amis et des connaissances qui m’aident à partager mes affiches sur les réseaux sociaux pour plus de visibilité ».
Grâce aux réseaux sociaux et à son réseau d’amis, Noëlle reçoit en moyenne quatre commandes par semaine. Elle est sollicitée pour préparer des amuse-bouches pour toutes sortes de fêtes et de réjouissances. La jeune entrepreneure indique qu’elle réalise en moyenne un bénéfice de 50 000 francs par mois. De quoi lui remplir les poches. « L’avantage, c’est que je ne sollicite pas toujours mes parents quand j’ai besoin de quelque chose. Au moins, je peux subvenir à mes besoins primaires », explique la jeune fille, qui reconnaît que ses parents n’étaient pas d’accord qu’elle exerce une activité. « Ils m’ont dit que si j’avais besoin de quelque chose, je pouvais les voir directement. Mais je voulais gagner mon propre argent et m’occuper pendant les vacances », explique l’adolescente.
À 13 ans, il gère une imprimerie
Certaines histoires similaires sont parfois relayées sur les réseaux sociaux. C’est notamment le cas de Cheick, un collégien de 13 ans qui gère une imprimerie pendant ses vacances. Cet atelier appartient à son père, qui en a ouvert un autre et a confié la gestion de la première imprimerie à son fils. Cheick s’occupe de la prise de photos et de l’impression des documents. Nombreux sont ceux qui admirent qu’un enfant de son âge soit si entreprenant.
« Quand j’ai lu son histoire, j’ai été fasciné et très fier qu’un jeune puisse suivre les traces de ses parents. À 13 ans, ce collégien issu d’une famille modeste est aujourd’hui une fierté pour ses proches. Tout le monde approuve son travail, y compris moi », commente Adrien Kouassi sur les réseaux sociaux.
Roxanne Tapé, une autre élève, travaille dans un restaurant depuis le début de ses vacances. Elle y est plongeuse et aide à la préparation des plats. Elle a choisi ce travail principalement pour aider ses parents à payer les fournitures scolaires. « Je suis consciente que la période de la rentrée est très coûteuse. Actuellement, mes parents traversent des difficultés financières. C’est pour cela que je veux les aider avec l’argent que je gagne au restaurant ». Pour avoir un peu plus d’argent, elle vend également des friandises, communément appelées toffi, dans le restaurant.
Ces parcours témoignent de l’ingéniosité et de la détermination des jeunes Ivoiriens, qui utilisent les vacances scolaires comme une opportunité de se former et de gagner de l’argent. Que ce soit en travaillant dans des métiers manuels, en développant des petites entreprises ou en aidant leurs familles, ils démontrent qu'il est possible de transformer des périodes de repos en occasions d'indépendance financière, voire en véritables tremplins vers des carrières professionnelles.
De Lima Soro