« Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi des finances 2024, qui sera par conséquent retiré ». Ainsi donc, acculé, William Ruto a finalement renoncé à sa loi de finances contre laquelle les manifestations organisées ont fait près de 23 morts, 300 blessés et de nombreux dégâts matériels. En effet, le 25 juin dernier, des centaines de Kényans avaient investi les rues de Nairobi et de plusieurs autres villes du pays, pour exiger tout simplement le retrait de la loi que s’apprêtait à voter le Parlement. Et cela, avec juste raison. Car, ladite loi voulait consacrer des hausses de taxes sur plusieurs produits de grande consommation dont le pain, les serviettes hygiéniques ou encore sur les transferts d’argent. Le peuple kényan qui tire déjà le diable par la queue, ne voulait pas de ces hausses et avait voulu le faire savoir à son président. Il n’en fallait pas plus pour que des manifestants soient abattus et d’autres arrêtés. Il faut donc se féliciter de ce que le président Ruto soit revenu à la raison en retirant la loi contestée, non sans dénoncer la répression meurtrière qui s’est abattue sur des Kényans pour un problème qui aurait pu être réglé pacifiquement. Malheureusement, l’homme dont la politique économique a été recommandée par les institutions internationales, avait peut-être pensé que, par la baïonnette, il aurait pu s’imposer à son peuple.
Le retrait de la loi permet de faire baisser la tension
Mal lui en a pris. Puisqu’après une telle boucherie, William Ruto ne pouvait que faire marche-arrière, non seulement pour sauver son pouvoir, mais aussi pour éviter une généralisation des violences dont nul ne pouvait prévoir l’issue. En tout cas, ses opposants politiques tenaient là, une occasion pour surfer sur la colère des Kényans, avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler. C’est dire si le retrait de la loi permet de faire baisser la tension et de donner l’opportunité de régler le contentieux à travers la concertation et le dialogue dans l’intérêt supérieur du pays. Certes, la loi a été retirée, mais cela ne saurait dédouaner le président Ruto pour ce qui est arrivé le 25 juin dernier. Il s’est comporté en bourreau envers son peuple à qui il promettait pendant la campagne de l’élection qui l’a fait président, monts et merveilles. « Le peuple kényan l’emportera sur l’Etat profond, le peuple kényan l’emportera sur le système et nous aurons une nation qui n’abandonnera, ni ne laissera aucun Kényan. Il s’agit de donner du pouvoir à nos mamans qui vendent au marché, de donner du pouvoir aux chauffeurs de taxis-motos, de donner du pouvoir à ceux qui luttent pour réussir, de donner du pouvoir aux citoyens ordinaires, il ne s’agit pas de partager le pouvoir », avait-il déclaré à la veille des votes du 9 août 2022. William Ruto est-il en train d’être rattrapé par ses promesses démagogiques ? L’on a bien envie de le dire. Car, ayant été vice-président de son prédécesseur, Uhura Kenyatta, il était le mieux placé pour dire la vérité aux Kényans sur les réalités socio-économiques que vit leur pays, les préparer aux solutions douloureuses qu’il fallait trouver et ainsi mettre les électeurs devant leurs propres responsabilités. Au lieu de cela et comme bien des politiciens de carrière qui écument le continent, Mister Ruto semble avoir vendu des illusions à des électeurs qui, naïvement, avaient peut-être pensé qu’ils avaient opté pour le meilleur projet politique. Maintenant que la réalité a frappé à leur porte, les Kényans ont dû certainement « voir clair ».
Michel NANA
-
COMMENTAIRES
PLUS D'ARTICLES
-
Interview. Siméon Ehui, DG de l’IITA : « Nous pouvons aider la Côte d’Ivoire à améliorer sa productivité agricole »
-
Côte d’Ivoire – États-Unis : Euphrasie Kouassi Yao présente les acquis en matière de genre
-
Contribution à la victoire sur le nazisme : L’Afrique payée en monnaie de singe
-
A l’Institut international d’agriculture tropicale : des variétés améliorées de manioc, riz, maïs, igname, bananes, soja…
-
Côte d'Ivoire. Présidentielle 2025 : Les 12 nouveaux Districts non concernés pour le parrainage des candidats
-
Côte d’Ivoire . Les condoléances du couple présidentiel au ministre Adjoumani
-
Droits. « En tant que travailleurs, nous ne sommes pas des esclaves » (Coumba Diop, OIT)
-
Côte d'Ivoire. Élection présidentielle. « Nous ne voulons plus de veuves et de déplacés » (ONG )
-
Succession du Pape François : Quelles chances pour l’Afrique ?
-
Mercedes-Benz 600 Pullman : une automobile d’histoire pour un serment de rupture
-
Le Vice-Président de la République a inauguré l’Agence Auxiliaire de la BCEAO à Odienné
-
Sécurité routière : Livreurs et coursiers à motos, interdits sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny
-
Oligui Nguema attendu au pied du mur
-
Talk-show de Rajoelina : plus de show que de talk
-
USA-Loterie de la Carte verte 2026 : les résultats sont disponibles
-
Les Ambassades et Consulats généraux de la Côte d’Ivoire dans la zone Amérique renforcent les capacités de leurs services consulaires
-
Mali : La classe politique dit « non à la dérive autoritaire »
-
Côte d'Ivoire. La handballeuse Halima Traoré immortalisée par une biographie
-
Gabon : Fin de mission pour le CTRI
-
Tribunal du Plateau : 12 jours de prison, pour un coup de bâton administré à son compatriote
-
Investiture du président gabonais : Oligui Nguema face à ses nombreux défis
-
Libération de Assi Ghislain, prime aux enseignants... : Robert Beugré Mambé accepte d'être l'avocat des travailleurs
-
Google se rapproche des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire
-
Côte d’Ivoire. Avant l’élection présidentielle :Le parti de Ouattara s'organise pour son congrès le 20 et 21 juin
-
Côte d'Ivoire. 30 000 festivaliers autour du balafon à Boundiali (interview avec Koné Dodo)
-
Je demande aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes de se mobiliser pour maintenir le climat de paix qui prévaut dans notre pays (Cissé Bacongo)
-
Trump accuse des médias américains d’être «malades» après des sondages défavorables
-
Assimi Goïta plébiscité : vers une nouvelle République sans partis ?
-
Front uni contre Emballo en Guinée-Bissau : L’opposition réussira-t-elle son pari ?
-
Côte d’Ivoire. Brice Nguema invite Ouattara à sa cérémonie de prestation de serment
-