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Fanico

Conte des faits renversants

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Il y a deux ans, à l'occasion de la toute première étoile décrochée par mon pays de naissance, le Sénégal, je rendais hommage à nos Jambaars (guerriers en wolof). Et me voici aujourd'hui en train de saluer la prestation de mon pays d'adoption et de cœur, la Côte d'Ivoire qui vient d'ajouter à son palmarès sa troisième étoile ô combien méritée.

Si la victoire fut belle, elle fut tout aussi difficile, tortueuse, indécise, incertaine et par moments même aléatoire car ne tenant qu'à un fil. Elle a tardé à se dessiner car les Éléphants étaient même quasiment éliminés avant d'être remis en jeu par le Maroc par un concours de circonstances fort heureuses. Puis les revenants, les rescapés, ces mammouths revenus d'outre-tombe ont eu un supplément d'âme et ont trouvé les ressorts nécessaires pour renverser tour à tour les champions en titre, mon Sénégal, le Mali, la République démocratique du Congo et enfin, le Nigéria. Toujours avec des scénarios renversants qu'aucun romancier ou réalisateur de films ne pourrait jamais imaginer ou écrire.


Mais je crois que cette victoire n'est pas belle seulement du point de vue sportif.

Elle est belle par la force des symboles. Celui d'abord d'une équipe qui se rabiboche avec ses supporters, d'un peuple réuni autour d'un seul et même objectif, mettant de côté, l'instant de la CAN (parmi les plus belles jamais organisées du reste) querelles, dissenssions et obédiences politiques ou autres. Celui également d'un pays fort, déterminé et que rien n'arrête dans sa volonté d'aller jusqu'au bout.

Enfin, au-delà du football, je crois que cette victoire renseigne beaucoup sur l'idiosyncrasie du peuple ivoirien.

En effet, quel peuple peut, à part les Ivoiriens, sortir d'une défaite cuisante (4 buts à 0 contre la Guinée équatoriale) se qualifier sur le fil du rasoir grâce à la victoire du Maroc sur la Zambie et chanter en chœur à la sortie du stade : "On vaut rien, mais on est qualifié" ou encore "On vaut rien, mais on est champions"

Cette auto-dérision est pour moi le fin mot de cette folle et belle histoire. Depuis 2016 que je vis dans cette hospitalière Côte d'Ivoire, j'ai appris que ses habitants savent sérieusement ne pas se prendre au sérieux. C'est certainement là que se trouve leur force. Une force et une forme de pudeur peut-être, de recul sur les évènements (parfois douloureux d'une histoire pas si lointaine que cela finalement), de boisson sucrée pour faire passer les pilules dures à avaler, d'auto-préservarion contre le sort et ses aléas...Ce qui est sûr, c'est que c'est une forme de grandeur.

La Rochefoucauld, dans ses célèbres maximes disait : "Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il le croit". Je crois que les Ivoiriens, de ce point de vue, ont tout compris !

Les joueurs Ivoiriens qui étaient "des cabris morts" selon la savoureuse expression, après la défaite humiliante infligée par les équato-guinéens n'avaient plus peur ni du couteau, ni du sabre sénégalais, malien, congolais ou encore nigérian. Ils se sont donnés, corps et âme, portés quasiment en lévitation par un peuple réconcilié avec son Onze national. Ils étaient presque habités et en mission vers l'objectif de la Coupe.

C'est toute cette symbolique qui est belle à voir à travers cette belle victoire. Cette communion entre les différentes composantes de la nation, du nord, du sud, de l'est et de l'ouest. Cette marée orange dans les stades et les rues d'Abidjan, de Man, de Daloa, de Yakro et d'ailleurs encore. Ce roman vivant dont les Ivoiriens ont écrit certainement l'une des pages les plus belles et les plus épiques à travers cette CAN organisée et remportée à domicile.


C'est cette Coupe pleine d'une liqueur douce faite de liesse populaire et de bonheur débordant qui réunira demain, jour férié chômé et payé, et au-delà certainement, toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens, dans une Action de Grâce nationale !


Lamine KANE.




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