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Après le miracle, on cherche le messie

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Il y a quelques années, un de mes amis, propriétaire d’une galerie d’art à la Riviera, à Abidjan, m’avait appelé, tout chamboulé, pour me dire qu’il venait de recevoir la visite de Sa Majesté, le roi du Maroc. « Lorsqu’on m’a dit que le roi du Maroc allait arriver chez moi, j’ai cru que c’était une mauvaise blague. Mais il est effectivement venu et m’a pris plusieurs œuvres d’art. » A cette époque, le roi du Maroc venait régulièrement chez nous pour de longs séjours, se promenait dans les rues d’Abidjan en toute décontraction, et tout le monde trouvait cela parfaitement normal. Parce que nous savions tous que depuis son enfance, il fréquentait notre pays, que son père, Sa Majesté Hassan II était l’un des intimes de notre père fondateur Houphouët-Boigny, et que lui-même était très lié à notre président Alassane Ouattara. Le roi du Maroc était chez lui en Côte d’Ivoire.

Et moi, je dois avouer que j’aime beaucoup le Maroc où je me rends assez souvent, et je m’y sens toujours bien. Le pays est beau, accueillant, en vraie voie de développement, j’y ai d’excellent amis, et il est le seul du Maghreb où les Subsahariens sont respectés et absolument pas stigmatisés comme chez ses voisins. Un de mes amis, un Ivoirien qui a vécu quelques années au Maroc m’a expliqué que les Marocains du sud sont très tournés vers l’Afrique, tandis que ceux du nord sont plutôt tournés vers l’Europe. Il faut dire que le Maroc n’est séparé de l’Espagne, c’est-à-dire de l’Europe, au niveau du détroit de Gibraltar, que de 14 kilomètres. Tout cela pour vous dire que le Maroc et nous, c’est une longue histoire. Merci les frères de nous avoir sauvés.

Cela dit, une fois que grâce à nos frères Marocains le miracle s’est produit, on fait quoi pour la suite ? Désormais ils ne pourront plus rien pour nous. Nous sommes donc en train de chercher le messie qui nous sauvera définitivement. Et bien sûr, le messie ne peut venir que d’ailleurs. Alors, nous avons porté notre choix sur le sauveur blanc Hervé Renard. Oui, comme pour nos âmes, notre sauveur ne pouvait être que Blanc. Nous avons oublié dans la foulée que nous venions de nommer l’un des nôtres à la place de l’autre Blanc, le Gasset, qui nous a tant déçu. Nous avons oublié que c’est un entraîneur de chez nous, Yéo Martial, mal payé comme nous savons si bien le faire quand il s’agit des nôtres, qui nous avait fait gagner notre première Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 1992. Nous avons oublié que c’est encore l’un des nôtres, aussi mal payé que l’autre, qui au Gabon en 2012, nous avait fait aller jusqu’à la finale sans perdre un seul match. Et nous l’avons jeté juste après.

Renard n’est pas venu. Aurons-nous le temps d’aller trouver un autre messie du côté de l’Asie ou ailleurs, avant le lundi, le « jour de notre jour ? » Je vais vous donner une piste, peut-être pas pour trouver le messie, mais peut-être pour un autre miracle. Puisque nous sommes dans le mysticisme, restons-y. Il y a quelques années, l’équipe zambienne avait péri dans un accident d’avion au Gabon. En 2012, lorsque les Zambiens sont allés disputer une CAN au Gabon, la première chose qu’ils ont faite en arrivant dans ce pays a été d’aller se recueillir à l’endroit où leurs compatriotes avaient péri, et leur rendre hommage. Ils ont gagné la CAN cette année-là, contre nous. Dans cette CAN qui se dispute chez nous, lorsque les Camerounais sont arrivés à Yamoussoukro, ils sont allés s’incliner sur la tombe d’Houphouët-Boigny. C’est lui qui, en 1984, avait organisé pour la première fois une CAN dans notre pays, que le Cameroun avait gagné. Nous avons vu il y a quelques jours, avait quel cœur les Camerounais se sont battus pour se qualifier pour les 8ème de finale.

Nous, Ivoiriens, qui aimons dire qu’Houphouët-Boigny est le « père de notre nation », le fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, n’avons pas trouvé nécessaire d’aller lui confier cette CAN à travers une simple inclinaison sur sa tombe. Il y a longtemps que nous l’avons oublié. C’est plutôt aux dieux et ancêtres des autres que nous avons demandé un soutien spirituel pour remporter cette compétition. Parce que nos ancêtres à nous, tout comme nos entraîneurs à nous, ne sont pas capables de nous assurer une victoire. Attendons toujours des autres qu’ils viennent réaliser le miracle pour nous. Attendons d’eux qu’ils viennent développer nos pays pour nous.

Venance Konan


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