Dans 48 heures, les musulmans vont célébrer le Mahoulid, la naissance du prophète de l’Islam Mahomet. Et comme il est de coutume depuis plusieurs années maintenant, certaines personnes se rendent dans leurs villages, pour marquer cet événement religieux. « Je vais fêter avec mes parents à Kébéniba Sikasso au Mali », confie Mme Wassa Traoré, justement en partance pour ce pays. « Moi je vais dans ma belle-famille à Bobo Dioulasso Burkina Faso », enchaine Gbélima Camara.
En groupe ou séparément
Les grandes familles Soumahoro et Diarra d’Anyama, ont décidé de voyager ensemble. Les membres de ces deux familles étaient nombreux le samedi 23 septembre 2023, à la nouvelle gare d’Adjamé, pour se rendre à Sosanon Samatiguila. « Nous sommes une trentaine à partir cet après-midi. D’autres membres de la famille, nous ont devancés ce matin. La dernière vague ira demain dimanche », indique Idrissa Diarra, un jeune voyageur du groupe.
En dehors de son caractère religieux, le Mahoulid est aussi devenu un moment de retrouvailles. « Certains parents viennent d’Europe et d’Amérique, pour participer à l’évènement. Le programme tourne essentiellement autour des prières, des prêches, des sacrifices et des lectures du saint Coran. Chez nous, on profite de ce moment pour trouver des époux aux femmes célibataires », confie Bakary, doyen de la famille Soumahoro.
Adama Coulibaly se rend à Bingué, localité située à 75km de Korhogo, pour célébrer le Mahoulid. Il est membre de la mutuelle de son village.« Nous allons faire des prières, des invocations et écouter des enseignements sur la vie du prophète. Il y aura également des activités socio culturelles, et des remises de dons à l’hôpital et à l’école de Bingué », dit-il. Pour Ibrahim Diarrassouba, ressortissant du village de Diamakani sise à 25 km de Tingréla, le Mahoulid sera l’occasion de faire des sacrifices pour leurs défunts, de régler les conflits, d’organiser des réunions de famille et de parler de projets de développement ».
Des convois organisés
Parmi les voyageurs, il y eu ceux qui ont opté pour les convois. « Nous avons loué un car de 22 places, pour éviter la pression des gares. Car, nous quittons Yopougon le dimanche après-midi », explique Moussa Diabaté, ressortissant de Kolia, dans le département de Boundiali. De son côté, Souhalio Ouattara, originaire de Bondoukou, compte partir d’Abidjan, le mardi matin dans sa voiture personnelle, avec son frère, sa femme et ses tantes.
Rentrée scolaire et manque de moyens financiers
Certaines personnes ont tout de même décidé de ne pas célébrer le Mahoulid de 2023, dans leurs régions et villages d’origine pour quelques raisons. « Cette année, le Mahoulid coïncide avec la rentrée scolaire. Je suis plus préoccupé à inscrire mes enfants et acheter leurs fournitures. Ce sera donc pour l’année prochaine InchAllah », explique Niangoran Béranger. Pour Mme Christelle Sanou, il faut avoir un budget conséquent, pour faire le Mahoulid au village. « Tu dois contribuer aux dépenses des cérémonies et de la gastronomie. Sans oublier le transport qui devient de plus en plus chère », explique-t-elle. « Je voulais partir, mais il n’y a pas d’argent », lance désespérément Lassina Bakayoko.
Risques de débordement
Selon la plupart des responsables des gares routières, avec qui nous avons échangé, les départs se passent pour l’instant sans difficultés. « C’est à partir de dimanche soir, que nombre de voyageurs viendront », confie Mlle Awa Cissé. « Nous risquons d’être débordés. Car, comme la fête de Pâques chez les chrétiens et les fêtes de fin d’années, ceux qui se déplacent pour la célébration du Mahoulid aussi, attendent toujours les derniers jours pour voyager. Ce qui crée naturellement des tensions et parfois même, des bagarres dans les gares », ajoute M. Bangali.
Boubakar Barry
Publié le :
24 septembre 2023Par:
Lago Tape