Au pouvoir depuis 1994, le président rwandais, Paul Kagame, a annoncé dans les colonnes du journal Jeune Afrique du 19 septembre 2023, qu’il sera candidat à la présidentielle de 2024, pour briguer un quatrième mandat. Faut-il en rire ou en pleurer ? Il faut bien en pleurer car cette candidature n’est ni plus ni moins qu’un coup de canif à la démocratie. Certes, la loi lui en donne le droit puisqu’il a fait modifier contre vents et marrées la Constitution de son pays pour s’octroyer un troisième mandat, mais aussi se donner la possibilité de prolonger son bail à la tête de l’Etat jusqu’en 2034. Mais cette légalité dont se prévaut l’homme mince de Kigali pour continuer à régner ad vitam aeternam, est grosse de dangers. C’est d’autant plus vrai que les présidents Blaise Compaoré, Alpha Condé, pour ne citer que ceux-là, ont été chassés du pouvoir bien qu’ils ne fussent pas en porte- à- faux avec la loi. A force de ruser avec la démocratie, on finit par perdre sa légitimité et être chassé du pouvoir comme un malpropre. Attention donc au mandat de trop ! Nul ne doute de son bilan fort reluisant sur le plan économique. Mais le peuple rwandais ne vit pas seulement que de pain. Il a aussi besoin de liberté et de démocratie. Mais tout laisse croire que ces mots ne figurent pas dans le champ lexical de Kagame. En tout cas, on fait le constat que le jeu politique est loin d’être ouvert au Rwanda. L’opposant qui ose lever le petit doigt pour critiquer la gouvernance de son régime, est soit, dans le meilleur des cas, jeté au cachot, soit, dans le pire des cas, envoyé ad patres sans autre forme de procès.
Tôt ou tard, ce peuple aura soif de changement
Et ce n’est pas Paul Rusesabagina, héros du film Hôtel Rwanda, qui dira le contraire, lui qui avait été condamné à vingt-cinq ans de prison pour « terrorisme » avant d’être gracié alors que son seul crime était d’avoir critiqué le régime de Kagame. C’est une véritable chape de plomb qui s’abat sur les opposants et autres défenseurs des droits de l’Homme. Toujours est-il que cet ancien chef rebelle dirige son pays, d’une main de fer, depuis près de trois décennies. Après tant d’années au pouvoir, Kagame devrait avoir la décence et la lucidité de faire valoir ses droits à la retraite. Mais voilà, la boulimie du pouvoir le tient apparemment. Kagame aurait tort de se prendre pour le messie du Rwanda. Nul n’est indispensable sur cette terre. A preuve, les cimetières sont remplis d’hommes qui se croyaient indispensables. A force de le mettre à l’épreuve, Kagame risque de s’attirer un jour la colère de son peuple. Cela dit, si l’homme a peu d’égard vis-à-vis des valeurs démocratiques, c’est aussi parce que parmi les dirigeants de la région des Grands lacs, aucun ne constitue un modèle en matière de respect de la démocratie. Mais le cas du Rwanda est d’autant plus à déplorer que Kagame surfe sur le génocide de 1994 qui aura laissé sur le carreau plus de huit cent mille cadavres. Mais qu’il se le tienne pour dit : ce jeu malsain n’est pas sans conséquences. On ne peut pas utiliser indéfiniment des cadavres pour stopper l’action des défenseurs de la démocratie et de la liberté, même si certains ne sont pas blancs comme neige dans le génocide rwandais. Tôt ou tard, ce peuple aura soif de changement.
DZ
-
COMMENTAIRES
PLUS D'ARTICLES
-
Côte d'Ivoire. Présidentielle 2025 : Les 12 nouveaux Districts non concernés pour le parrainage des candidats
-
Côte d’Ivoire . Les condoléances du couple présidentiel au ministre Adjoumani
-
Droits. « En tant que travailleurs, nous ne sommes pas des esclaves » (Coumba Diop, OIT)
-
Côte d'Ivoire. Élection présidentielle. « Nous ne voulons plus de veuves et de déplacés » (ONG )
-
Succession du Pape François : Quelles chances pour l’Afrique ?
-
Mercedes-Benz 600 Pullman : une automobile d’histoire pour un serment de rupture
-
Le Vice-Président de la République a inauguré l’Agence Auxiliaire de la BCEAO à Odienné
-
Sécurité routière : Livreurs et coursiers à motos, interdits sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny
-
Oligui Nguema attendu au pied du mur
-
Talk-show de Rajoelina : plus de show que de talk
-
USA-Loterie de la Carte verte 2026 : les résultats sont disponibles
-
Les Ambassades et Consulats généraux de la Côte d’Ivoire dans la zone Amérique renforcent les capacités de leurs services consulaires
-
Mali : La classe politique dit « non à la dérive autoritaire »
-
Côte d'Ivoire. La handballeuse Halima Traoré immortalisée par une biographie
-
Gabon : Fin de mission pour le CTRI
-
Tribunal du Plateau : 12 jours de prison, pour un coup de bâton administré à son compatriote
-
Investiture du président gabonais : Oligui Nguema face à ses nombreux défis
-
Libération de Assi Ghislain, prime aux enseignants... : Robert Beugré Mambé accepte d'être l'avocat des travailleurs
-
Google se rapproche des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire
-
Côte d’Ivoire. Avant l’élection présidentielle :Le parti de Ouattara s'organise pour son congrès le 20 et 21 juin
-
Côte d'Ivoire. 30 000 festivaliers autour du balafon à Boundiali (interview avec Koné Dodo)
-
Je demande aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes de se mobiliser pour maintenir le climat de paix qui prévaut dans notre pays (Cissé Bacongo)
-
Trump accuse des médias américains d’être «malades» après des sondages défavorables
-
Assimi Goïta plébiscité : vers une nouvelle République sans partis ?
-
Front uni contre Emballo en Guinée-Bissau : L’opposition réussira-t-elle son pari ?
-
Côte d’Ivoire. Brice Nguema invite Ouattara à sa cérémonie de prestation de serment
-
Côte d'Ivoire. Précision : « Tidjane Thiam est Ivoirien d'origine » (ministère de la Justice)
-
Palais de justice : Quand les chaussures et vêtements sont loués aux usagers (Reportage)
-
Obsèques : François a vécu utile
-
Côte d’Ivoire. Étudiants-livreurs : à moto entre amphi et survie
-