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Côte d’Ivoire. Bonoua. Ananas : La variété MD2 va relancer la production après l’avoir fait chuter

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La production de l’ananas a fait les beaux jours de Bonoua. Cette culture, à un moment donné, a même été une référence identitaire de la Côte d’ivoire à l’extérieur notamment en France. Mais depuis quelques années, ce qui faisait la fierté du peuple Abouré, est tombé dans une léthargie inquiétante. Progressivement, Bonoua tente de redevenir cette localité grande productrice de l’ananas, qu’elle était naguère.

. Des causes multiples

A entendre parler de cette déchéance de la culture de l’ananas en dehors de Bonoua, l’on croirait que plus aucune exploitation n’y existe. Que toutes les plantations ont disparu, en laissant la place aux plantations d’hévéa. Ce qui n’est pas exact. Car à Bonoua l’on produit toujours l’ananas. Mais plus comme autrefois. Ce qui a considérablement joué sur la production nationale de ce fruit, dont le marché reste pourtant encore porteur à l’international. Selon M. Aboa Louis, exploitant de 25 ha et membre de l’organisation des producteurs exportateurs des fruits bananes, ananas, mangues de Côte d’ivoire (OBAMCI), « la Côte d’ivoire a produit 280.000 tonnes d’ananas en 1980. Mais en 2022, elle n’a produit que 38.000 tonnes ». Cette baisse vertigineuse de la production est due à plusieurs raisons.

La toute première cause réside dans l'opacité qu'il y avait autour de la vente du produit. Ayemou Abli Patrice qui exploite toujours une ananeraie de 12ha, et fondateur de la société nouvelle des fruits frais de Côte d’ivoire, explique : « lorsqu'on produisait l'ananas, les sociétés exportatrices le vendaient sur le marché européen. Puis elles déduisaient toutes les dépenses liées à la production avant de nous reverser le bénéfice. Durant, les premières décennies, cette pratique a bien fonctionné. Mais peu avant l'avènement de la variété d’ananas MD2 costaricain sur le marché mondial, la courbe avait commencé à décliner, à telle enseigne que le producteur qui s'attendait à un bénéfice après la vente, parfois se retrouvait devoir à la société exportatrice via sa coopérative ». A travers cette explication, il faut comprendre qu'au départ de l'ananas culture à Bonoua, les sociétés exportatrices, prenaient en charge toutes les dépenses relatives à la production.

Ainsi, après la vente, celles-ci récupéraient tous les fonds investis, en y ajoutant leurs propres bénéfices, avant de remettre aux planteurs, ce qui restait de l’argent obtenu de la vente. Et lorsque les conditions de production n'avaient pas été bonnes, le planteur qui s'attendait à la récompense de ses efforts, recevait en lieu et place, une notification de dette. « Ce procédé est appelé le compte de vente »

Quand le MD2 éclipse la Cayenne lisse

L’autre importante cause de la chute de la production est l'apparition du MD2, dite encore Sweet, une variété venue du Costa Rica. C’est une version améliorée de l’ananas ivoirien appelé la Cayenne lisse. Le MD2 a commencé à supplanter la Cayenne lisse, dès la décennie allant de 1980 à 1990. « Cette variété produite en abondance et à moindre coût, du fait de la mécanisation, a envahi le marché européen qui recevait nos productions », explique Aboa Louis. Il ajoute que « le MD2 reste prisé par les consommateurs européens, pour ses qualités que sont la durée de sa conservation, sa saveur succulente, cette texture jaune de la chair… pour ne citer que celles-là. L’ananas de Côte d'Ivoire, à savoir la Cayenne lisse a donc été relégué au second plan. Cela a entraîné le découragement chez bon nombre de planteurs, qui ont vite fait de céder à l’abandon pure et simple de l’ananas culture », indique-t-il.

Pour les ramener à la production à grande échelle, il a fallu adopter et vulgariser la culture du MD2 née et produite en Amérique latine. Mais les rejets n'étaient pas toujours disponibles pour tous. Les planteurs ivoiriens n'avaient pas non plus la possibilité de se les procurer en abondance. C’est alors que l'État a envoyé des personnes en formation à l’étranger, afin de revenir avec des compétences scientifiques leur permettant de concevoir, dans les laboratoires nationaux, des rejets du MD2. Tout cela a pris assez de temps », révèle Aboa Louis.

Il y a aussi l’urbanisation de la sous- préfecture de Bonoua qui a pris de l’ampleur, depuis quelques années. « C’est assurément l’un des facteurs ayant entrainé la baisse de la production », explique M. Ayemou Abli Patrice. « Les habitations ont pris la place des plantations », renchérit Aka Elloh Ernest. Membre de la coopérative des fruits, légumes et banane( Cofruleb), il détient 5,5 ha d’ananas. Pour voir une plantation d’ananas de nos jours, aux alentours de la ville, il faut parcourir plusieurs kilomètres à partir du centre-ville de Bonoua.

A toutes ces causes précitées, expliquant la décadence de la production de l’ananas à Bonoua, il faut ajouter la concurrence de certaines cultures dont l’hévéa et le manioc. « Profitant de la disgrâce de la culture d’ananas, la culture de l’hévéa s’est largement propagée, au point où Bonoua est devenu l’un des premiers producteurs d’hévéa en Côte d’Ivoire. C’est que, des plantations d’ananas ont été remplacées par des plantations d’hévéa », explique Abli Patrice. De plus, la réalité est que, de nombreux producteurs d’ananas n’ont pas de parcelle de terre propres à eux. « Ils louent des parcelles, en raison de 200.000Fcfa l’hectare, par an. Il leur faut toujours de la liquidité, pour faire une avance en vue de la location. A ce niveau, le manioc fait leur affaire. Car, il passe huit mois dans le sol, pour donner ses tubercules, rapidement vendus ensuite pour se faire de l’argent. Pendant qu’il faut quatorze mois à l’ananas, pour donner ses fruits », confie Rémi N’gatta.

Trésor Doudou




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