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A chacun de jouer sa partition

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Lorsque le pont Félix Houphouët-Boigny fut mis en service en 1957, ce fut la principale attraction de la ville d’Abidjan. Jusque-là, c’était un pont flottant qui permettait de passer du quartier de Treichville à celui du Plateau et vice-versa. On n’avait jamais vu une telle œuvre dans le pays, et à cette époque, seule une poignée de personnes étaient sorties du pays et pouvaient se targuer d’avoir déjà vu un pont de cette envergure. Se faire photographier sur le pont était montrer que l’on n’était plus un « broussard », c’est-à-dire un plouc, mais un citadin. Plus tard, ce fut l’hôtel Ivoire qui fit rêver. Un bon mariage était celui qui se terminait par une séance de photos dans les jardins de cet hôtel, ou, pour les plus fortunés, y passer sa nuit de noces. Concernant le pont, des photographes ingénieux firent des montages en dessinant le pont, pour en faire un arrière-plan, dans le but de faire croire que l’on y avait posé les pieds. Photoshop n’avait pas encore été inventé. De nombreux artistes chantèrent le pont Houphouët-Boigny dont les lumières faisaient briller la lagune Ebrié. Les sœurs Comoé, un duo de chanteuses, s’estimèrent bénies de Dieu pour être montées sur ce pont qui était aux yeux des Ivoiriens et de nombreux Africains, l’une des merveilles du monde.


Aujourd’hui deux nouveaux ponts absolument impressionnants sont en cours de réalisation à Abidjan. De même que de nombreux échangeurs tout aussi impressionnants, des stades, des autoroutes, une tour qui sera parmi les plus hautes de toute l’Afrique. Je vois sur les réseaux sociaux l’impatience de nombreux Ivoiriens qui ont hâte d’aller s’y faire photographier. Ils sont d’ailleurs nombreux, ceux qui n’ont pas attendu qu’ils soient achevés pour aller s’y immortaliser. Le moins que l’on puisse dire est que les Ivoiriens ont retrouvé leur fierté perdue lors de la longue crise politico-militaire que leur pays avait connue. Ils sont d’autant plus fiers que les réalisations qui ont cours dans leur pays suscitent l’admiration, pour ne pas dire l’envie ou la jalousie, de certains de leurs voisins. J’ai personnellement deux amis maliens qui m’ont fait savoir qu’ils aimeraient venir en Côte d’Ivoire pour voir de leurs propres yeux sa transformation dont ils entendent parler chez eux. L’un d’eux n’a jamais mis les pieds dans notre pays, tandis que l’autre, qui connaît déjà la Côte d’Ivoire, n’y est cependant pas revenu depuis plus de dix ans. Je l’ai déjà prévenu qu’il aura du mal à se retrouver à Abidjan. Personnellement, au-delà des métamorphoses de la ville d’Abidjan, ce qui m’enchante le plus est de traverser le pays jusqu’au nord, en me remémorant ce jour où Tiken Jah Facoly et moi avions mis plus de six heures pour faire la route entre Korhogo et Odienné. Et nous avions la chance d’être dans un solide véhicule quatre-quatre. Nous avons encore tous en mémoire le cauchemar que c’était de se rendre d’Abidjan à San Pédro par « la Côtière ». C’est désormais un vieux souvenir. Je vous épargne tous les autres chantiers qui vont s’ouvrir sous peu, tels que le nouvel aéroport, les nouvelles autoroutes, etc.

Que dire de tout cela ? Le Chef de l’Etat est en train de jouer sa partition en nous donnant un pays dont nous sommes fiers. A nous aussi de jouer la nôtre. D’abord en faisant mentir l’adage selon lequel les Ivoiriens ne connaissent pas le sens des mots embellissement, entretien et propreté. Une fois ces gros ouvrages construits, qu’est-ce qui empêcherait nos maires de créer des espaces agréables, tels que des jardins par exemple, dans leurs communes, aussi bien à Abidjan que dans les plus petites villes de l’intérieur ? Ils pourraient mettre à contribution nos nombreux artistes qui ne manquent pas de talent afin de leur donner une âme. Enfin, chaque maire pourrait faire de la propreté de sa commune un point d’honneur. Cela est-il possible ? Ou bien nous attendons que ce soit le Chef de l’Etat qui prenne lui-même le balai pour nettoyer nos trottoirs et nos caniveaux ? Dans quelques mois nous recevrons des milliers de visiteurs, dans le cadre de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football. N’aurions-nous pas honte de leur présenter des villes avec des infrastructures futuristes mais baignant dans les ordures ?

Venance Konan




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