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Politique

Enlèvement et libération de Olivier Dubois : Quelles leçons ?

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Disparu des radars depuis le 8 avril 2021 à Gao au Mali, c’est à Niamey, au Niger, qu’il fera sa réapparition publique quelque 23 mois plus tard, au plus grand bonheur de sa famille et de ses proches. Lui, c’est Olivier Dubois, journaliste de son Etat, enlevé par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) dans les sables du désert malien et qui était officiellement considéré, jusqu’à sa libération, le 20 mars dernier, comme le dernier otage français dans le monde. Durant sa captivité prolongée, il aura terriblement manqué à sa famille et à ses proches qui ne tarissent pas de remerciements à l’endroit du Ciel et de tous ceux dont l’action a permis de parvenir à cette libération. A commencer par les autorités nigériennes qui tenaient visiblement la corde des négociations et françaises dont l’histoire se chargera sans doute de révéler les tenants et les aboutissants de leurs rôles respectifs dans la libération du journaliste-reporter. Le mérite de la famille d’y avoir cru jusqu’au bout en maintenant allumée la flamme de l’espoir à travers les messages d’encouragement périodiquement et régulièrement diffusés à travers des médias, est d’autant plus grand que tout porte à croire que cela a contribué à maintenir haut le moral du captif, dans le secret espoir d’humer à nouveau un jour, l’air et le parfum de la liberté.

Ce qui se présentait comme la préparation d’un grand scoop, a finalement tourné au cauchemar pour le journaliste

Et c’est ce qui est arrivé ce 20 mars 2023 qui restera une date à jamais gravée dans la mémoire du journaliste qui, à son arrivée à l’aéroport international de Niamey, avait encore du mal à réaliser ce qui lui arrivait. C’est la preuve, pour paraphraser l’adage, que tout vient parfois à point à qui ne désespère jamais. Cela dit, si l’on peut se réjouir de ce happy-end pour Olivier Dubois qui est arrivé en France dès le lendemain de sa libération, le 21 mars dernier, pour ce qui ressemble au commencement d’une nouvelle vie, il y a lieu de s’interroger sur les leçons à tirer de cette mésaventure qui aurait pu virer à tout moment au drame, si les astres ne s’étaient pas alignés pour permettre au journaliste français d’origine martiniquaise, de voir la fin de son cauchemar en retournant sain et sauf parmi les siens. Car, il faut bien le dire, Olivier Dubois a pris d’énormes risques en prenant rendez-vous avec un chef djihadiste, Abdallah Ag Albakaye, pour ne pas le nommer, un lieutenant de l’organisation islamiste, pour aller l’interviewer dans une zone à hauts risques. Notamment sur les affrontements meurtriers qui opposent régulièrement la branche d’Al Qaeida dans la zone, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe), à sa rivale de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS). La preuve en est que ce qui se présentait comme la préparation d’un grand scoop, a finalement tourné au cauchemar pour le journaliste qui s’est retrouvé prisonnier sans que l’on ne sache vraiment s’il est tombé dans un traquenard.


On peut se demander ce que fera Olivier Dubois de sa liberté recouvrée

La question principale qui se pose est de savoir si l’expérience de Olivier Dubois servira, sur le plan professionnel, de leçon aux médias en général et aux journalistes en particulier, pour éviter de prendre des risques inconsidérés dans l’exercice de leur métier. Surtout quand le péril est aussi élevé pour leur vie. La question est d’autant plus fondée que dans des circonstances presque similaires, d’autres confrères, en l’occurrence Ghislaine Dupont et Claude Verlon, qui s’étaient aventurés dans le même désert malien pour une mission de reportage, ont eu moins de chance puisqu’ils ont été tués dans une sombre affaire de tentative d’enlèvement qui attend, aujourd’hui encore, de livrer tous ses mystères. Alors, l’expérience d’Olivier Dubois marquera-t-elle un tournant majeur dans l’exercice de la profession ? On attend de voir. Car, malgré les risques, quand on revient d’un tel enfer, la perspective de se raconter dans un livre qui ne manquera pas d’intérêt à défaut d’être un best-seller, est parfois très tentante. Dubois agira-t-il dans ce sens ? L’histoire le dira. En attendant, les circonstances de sa libération peuvent amener à s’interroger sur la nouvelle orientation qu’il donnera à sa vie. Car, au contact de ses ravisseurs, Olivier Dubois a certainement beaucoup appris de leurs habitudes voire de leur idéologie. Et il serait étonnant que ces derniers aient accepté de le libérer sans précautions. Toujours est-il que si pour l’heure, l’on ne peut pas empêcher la polémique d’enfler sur les conditions de cette libération qui gardent encore tout de leur opacité, l’on peut tout de même se demander ce que fera Olivier Dubois de sa liberté recouvrée. Sera-t-il à l’image d’une Sophie Pétronin, du nom de cette humanitaire franco-suisse libérée en 2020 après quatre ans de captivité, et dont le discours post-libération qui laisse entrevoir le syndrome de Stockholm sur ses ravisseurs, en avait surpris plus d’un, tout comme sa décision de retourner quelque temps après au Mali, aux lendemains de son retour en France ? Ou bien s’organisera-t-il une autre vie, loin des risques de sa profession ? Questions à mille inconnues.

« Le Pays »




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