Vivement cet Ivoirien nouveau

L’année 2022 s’est achevée, et une nouvelle a commencé. Nous avons tous pris de bonnes résolutions que nous essaierons de tenir. L’Etat aussi, à travers le Président de la République, en a pris, après avoir fait le bilan de l’an 2022. Pour ce qui me concerne, l’année passée, j’ai eu l’occasion de beaucoup voyager dans le pays. Et j’ai pu voir, avec beaucoup de fierté, tous les travaux qui y ont été réalisés ou sont en cours de réalisation. A Abidjan, on voit surtout les ponts qui ont déjà franchi les lagunes, les échangeurs déjà construits ou en cours de construction. A l’intérieur du pays, on vient d’ouvrir la portion de l’autoroute qui va de Yamoussoukro à Tiébissou, et celle qui ira jusqu’à Bouaké le sera au cours de cette nouvelle année. Mais il n’y a pas que cela. Il y a de nouvelles routes partout, des universités, des centres hospitaliers, des centres de formation, des lycées techniques et professionnels, la TNT qui est déployée sur tout le territoire, permettant de capter gratuitement et sans aucun abonnement toutes les chaînes ivoiriennes, des ponts, de plus en plus de villages qui sont électrifiés, etc. Il n’y a rien à dire, la Côte d’Ivoire est au travail, et les résultats sont visibles. Et les opposants, n’ayant plus rien à dire, se sont rabattus sur l’endettement de notre pays qu’ils trouveraient exorbitant. Et pourtant, lorsque l’on dresse la liste des pays africains les plus endettés, le nôtre n’y figure pas. Il est bon de savoir que tous les pays du monde ont recours à l’endettement. Le tout est de bien utiliser cet endettement et d’avoir la capacité de rembourser. La Côte d’Ivoire s’endette pour réaliser des grands travaux d’infrastructures qui ne feront qu’accroitre notre capacité à produire de la richesse, tout en facilitant la vie aux habitants du pays. A-t-on besoin d’expliquer que le temps que l’on gagne à rouler sur une route bitumée ou sur une autoroute est de l’argent épargné par l’usager ? Imaginons simplement le temps et le carburant que dépense un habitant de la Riviera, ou de Bingerville pour aller à Marcory, Koumassi, Port-Bouët, à l’aéroport, Grand-Bassam et au-delà, sans passer par le troisième pont.

Il y a quelques années, une chaîne de télévision française avait réalisé un reportage sur les étudiants qui dormaient dans les amphithéâtres de l’université, faute de trouver d’autres endroits où vivre. Il s’agissait là d’étudiants venus certainement de l’intérieur du pays et qui n’ont trouvé personne pour les héberger à Abidjan. Dès lors que des universités sont en train d’être construites un peu partout dans le pays, dans toutes les régions, ce problème d’hébergement des étudiants trouvera automatiquement une solution. Les jeunes gens ne seront plus obligés de venir à Abidjan où ils ne connaissent personne, pour faire leurs études supérieures.

Cependant, à côté de la construction des infrastructures, il me semble que l’œuvre urgente à laquelle nous devrions tous nous atteler est celle de la construction de cet Ivoirien nouveau que le Président de la République appelle de tous ses vœux depuis quelques années. Cet Ivoirien devrait aimer le travail bien fait, avoir le goût de l’effort, être honnête, et pétri de toutes les valeurs qui fondent la vie en société. Lorsque l’on voit l’état de déliquescence de notre société, l’on mesure l’ampleur de la tâche qui nous attend. Pour le moment le seul centre d’intérêt de bon nombre d’Ivoiriens est de gagner rapidement de l’argent, sans faire d’effort, mais en passant par des moyens parfois sordides et criminels. Au niveau des mœurs, je viens d’apprendre que dans de nombreux bars et maquis, les jeunes gens de quinze, seize ans, dansent totalement ou partiellement nus. Ça promet. Chacun de nous a son rôle à jouer dans cette œuvre de reconstruction de l’homme ivoirien. Cela commence d’abord par la cellule familiale et se termine par l’Etat.

Ces dernières années, on a beaucoup parlé des vacances anticipées que les élèves s’octroyaient de leur propre chef. Certains ont été sanctionnés pour cela. Mais si le comportement des élèves est condamnable, il serait temps que nous nous interrogions aussi sur celui de leurs enseignants. Nous avons tous fait le constat que notre système éducatif a commencé à se dégrader depuis les années 90. Bon nombre des élèves et étudiants issus de l’école de ces années- là sont devenus à leur tour des formateurs. Ce n’est un secret pour personne que de nombreux enseignants sont très loin du niveau requis pour former des jeunes gens, et une bonne partie d’entre eux brillent le plus souvent par leur absentéisme. Surtout en milieu rural. Quand ce n’est pas l’absentéisme, c’est la course effrénée à l’argent. Nombreux sont nos enseignants, jusqu’à l’université, qui sont surtout des vendeurs de fascicules. Et du jardin d’enfant au lycée, c’est le phénomène des cours de renforcement. En dehors des heures normales de cours, de nombreux enseignants imposent des cours supplémentaires, payants cette fois-ci, et gare à l’élève qui ne suivra pas ces cours. Les sujets d’examens sont choisis dans ce qui a été enseigné lors de ces cours de renforcement.

Notre école, avouons-le, forme beaucoup de cancres. Et nous devons traiter cette question avec beaucoup d’attention. Parce qu’un Etat ne peut se construire qu’avec des citoyens bien formés, par un système éducatif performant. Un procès qui se déroule dans un pays voisin nous montre le très faible niveau des professionnels de la justice de ce pays. On ne peut donc s’étonner qu’un soldat à demi lettré y ait pris le pouvoir un jour pour conduire ce pays dans le gouffre. Il y a le matériel de formation qui dont être de qualité, mais il y a surtout les formateurs qui doivent être très compétents si l’on veut compéter avec les autres nations. Et dans cette compétition mondiale, il n’y a aucune pitié pour ceux qui sont complaisants avec la formation de leurs ressources humaines. Ils se condamnent à demeurer éternellement les serviteurs des autres. Sur ce, je vous souhaite une très bonne et heureuse année 2023.

Venance Konan