publicité

Societe

Harmattan et Covid 19 : À quoi sommes-nous exposés?

Publié le :

Dr CHERIF Djibril, Chargé de recherches Institut National d'Hygiene Publique (INHP)

L’harmattan survient généralement en fin d’année , avec son corollaire de maladies . Parlez-nous de ce phénomène ?

Dr CHERIF Djibril :L'harmattan est caractérisé par deux phénomènes. Il y a un mouvement cyclique. Le matin, vous avez le froid qui s'installe et vers midi, la chaleur s'installe aussi. En fonction des zones, nous pouvons avoir de grosses périodes de chaleur. Cette transition rapide, qui se fait entre le froid et la chaleur, va entraîner chez l'être vivant un stress. Le stress entraîne chez l'être humain un dysfonctionnement du système biologique et physiologique, donc une atteinte souvent du système humanitaire. Pour certaines personnes, il y aura une baisse de ce système liée au stress climatique. Ensuite, nous avons le vent. Cette combinaison d'évènements fait que nous pouvons être exposés à un risque. Comme je vous l'ai dit tantôt, l'alternance de froid et de chaleur va entraîner un stress, donc la baisse de l'immunité chez certaines personnes. Ce froid peut perturber un certain nombre d'organes, surtout le système respiratoire. Le vent est souvent un véhicule de particules et de micro-organismes pouvant entraîner des maladies chez l'homme. Cette période peut être favorable à la survenue de maladie chez l'homme.

A quoi sommes-nous exposés réellement?


Nous sommes exposés à plusieurs types d'affections, allant de l'affection bénigne (moins grave : la conjonctivite, la rhinite) à des affections plus ou moins graves. Il s'agit d'irritation des yeux, des voies respiratoires qui peuvent être mécaniques du fait de la poussière ou bien du vent lui-même ou infectieuses liées au fait que ce vent traîne soit des champignons, soit des bactéries, ou des virus.

Quelles sont les caractéristiques de ces maladies ?


Ces maladies citées peuvent évoluer vers des formes plus graves et atteindre des organes beaucoup plus sensibles tels que les voies respiratoires et entraîner des affections pseudo-grippales. C'est-à-dire qu'on peut avoir la grippe, la rougeole et les formes de méningite. Il peut y avoir des affections beaucoup plus graves. Les conjonctivites peuvent s'aggraver lorsque, par des actions mécaniques, vous frottez trop les yeux et d'autres affections respiratoires plus graves, c'est-à-dire la rougeole des enfants entre 5 et 11 ans, et de façon plus générale les grippes. On peut avoir la grippe saisonnière et les affections liées au Coronavirus et la méningite.

Les méningites bactériennes peuvent menacer la population. Elles surviennent dans la partie septentrionale de la Côte d'Ivoire. C'est-à-dire de Bouaké jusqu' aux villes au-delà de Bouaké. Dans cette zone, les conditions climatiques en cette période sont plus rudes. Les populations sont plus fragilisées par l'air. La bactérie de la méningite peut être portée par certaines personnes qui ne développent pas la maladie, mais qui peuvent la transmettre par la salive. La salive étant confondue à la poussière, lorsque celle-ci est soulevée par le vent, et cela provoque un terreau favorable au développement de la bactérie et à la pénétration dans la sphère respiratoire. C'est ce qui entraine la méningite chez certaines personnes et d'autres maladies respiratoires très contagieuses. Pour ces personnes-là, il y a des vaccins qui existent et des traitements qui sont efficaces.

Comment reconnaît-on la maladie chez l'enfant ?

Chez l'enfant, il y a la fièvre avec une accentuation de la fontanelle. Chez l'adulte, cette fièvre est accompagnée d'une raideur de la nuque. Devant ces signes, il faudrait pouvoir se rendre à l'hôpital pour consulter un spécialiste afin de pouvoir assurer une prise en charge efficace. Très rapidement, il faudra aborder ce type de pathologie pour que la population ne l'ignore pas.

C'est une période favorable pour que les populations puissent solliciter les centres de vaccination afin de pouvoir se faire vacciner. II existe aussi une autre maladie qui est la rougeole. Elle est caractérisée par la fièvre et une émulation cutanée (des boutons sur le corps). Donc les parents sont amenés à reconnaître ces signes et à les emmener à l'hôpital. Enfin, il y a la grippe qui se manifeste comme le coronavirus, mais il s'agit du virus influenza. Ce sont des maladies à potentiel épidémique, car elles sont hautement transmissibles et très mortelles.

L’ harmattan est- il favorable à la résurgence de la maladie à coronavirus ?


Il s'agit d'un virus à dynamique respiratoire. Pour qu'il y ait maladie liée à un agent infectieux, il faudrait d'abord que l'agent infectieux soit présent. Parce que même s'il y a l'harmattan, quelle que soit la température ou le vent qu'il fait, si l'un des Coronavirus n'est pas présent, vous ne ferez pas la maladie. Donc il faut qu'il y ait le virus et l'un des sujets susceptibles pour pouvoir développer cette maladie. Globalement, le virus circule en Côte d'Ivoire, et les conditions liées à l'harmattan font que des personnes sont susceptibles de développer la maladie. Du coup potentiellement, cette maladie peut se développer.

Que faut-il faire pour réduire la transmission de la Covid-19 dans cette période ?


En observant les mesures barrières qui ont été préconisées depuis deux ans. D'abord, il faut éviter les rassemblements de masse Parce que c'est l’homme qui porte le virus. Plus il y a de personnes rassemblées dans un périmètre très restreint, plus la probabilité que quelqu'un porte un virus de Corona est élevée. Donc il faudrait que chacun songe à se protéger. Le port des masques est entré dans notre culture, ensuite il faut se laver régulièrement les mains à l'eau et au savon. La poussière et le vent charrient les microbes, non pas à cause du virus du Corona mais également à cause des maladies bactériennes telles que la méningite, etc. Aussi, Il faut tousser dans le creux du coude, afin de protéger les autres des particules que nous pouvons émettre soit par les narines, soit per la bouche.

Parlez-nous des nouveaux variants de la Covid-19 découvert récemment en Chine et en Occident ?


La situation chinoise est à analyser avec beaucoup de précaution. Ce qui se passe en Chine est lié à la politique locale. Devant la hantise de l’infection de toute la population à un moment donné, la Chine a imposé un certain nombre de mesures drastiques : la politique du zéro Covid. Mais vu la population chinoise, ça peut se comprendre. Dès que quelqu'un était diagnostiqué positif, on le confinait, lui et tout son entourage. Ce qui a fait que la circulation du virus a été ralentie au sein de la population. Il y a une chose que l'on doit savoir dans ce genre de maladie. Plus vous êtes exposés de façon naturelle aux effets de la maladie, plus vous acquérez une immunité naturelle. Alors que de mon analyse, en Chine, du fait de la politique du Zéro Covid, il y a eu une partie de la population qui n'a pas été soumise à cette vague de contaminations.

C'est une population que je peux qualifier de population neuve. Du coup, lorsque le gouvernement a décidé de lever les restrictions, la population a commencé à s’interpénétrer. Les personnes qui n'ont pas été exposées auparavant n'ont pas acquis une immunité, soit par la vaccination, soit par l'infection au virus mais aujourd'hui, elles développent la maladie. Parmi elles les plus fragiles décèdent. Maintenant quand on parle de nouveau type, faut savoir que le but d'un virus est de survivre. Le virus a plus d'instinct de survie que les humains. Donc, pour survivre, manifeste une caractéristique qui est propre à ce qu'on appelle les micro-organismes. C'est la mutation. Certaines peuvent être importantes et d'autres moindres. Donc, aujourd'hui ce qu'on constate en Chine, ce n'est pas un virus qui est nouveau. Il s'agit d'un variant d'un virus qui est déjà connu. Et les variants, il en a de toutes sortes. Actuellement, en Grande-Bretagne, il y a un variant qui circule. En Chine également. Ce variant pro- vient de Omicron. C'est toujours Omicron qui sévit, mais sous des variations légères. Les variants de Omicron, il y en a une pléthore.

Doit- on craindre une multiplication de variants en Afrique , singulièrement en Côte d’Ivoire ?


En Côte d'Ivoire, le virus est déjà présent. Tant que le virus subsiste chez une personne, lorsqu'on connaît le potentiel de transmission de cet agent, il faut toujours prendre ses précautions. Aujourd'hui, lorsque certains pays notifient de nouveaux variants, bien entendu en tant que personne participant à la surveillance épidémiologique en Côte d'Ivoire et dans le monde, nous devons pouvoir analyser cette question et prendre des dispositions qui ne sont autres que les mesures annoncées au début de la maladie. Il faut éviter d'être alarmisme. Notre rôle est de pouvoir protéger la population par la sensibilisation, également en prenant des mesures. C'est un ensemble de mesures que le gouvernement prend afin d'être proactif. Il ne faut pas non plus tomber dans une autosatisfaction. Comme j'aime à le dire, c'est lorsqu'un événement survient que vous voyez si vous êtes prêts ou pas.

Ce dispositif mis en place peut- il contrecarrer le phénomène qui vient ou pas?


On attend qu'il arrive. Si nous nous rendons compte qu'il y a des faiblesses dans notre dispositif, nous corrigeons. Ça, c'est notre rôle au quotidien.

Quels conseils pouvez-vous donner aux populations ivoiriennes en période d’harmattan ?


Quelqu'un le disait à une certaine époque. Il disait, sortez couverts. C'est-à-dire que lorsque vous sentez que la température baisse et qu'il y a assez de vent, il y a des vêtements adéquats afin de vous maintenir au chaud. II y a aujourd'hui les masques que nous utilisons pour éviter la transmission aérienne. Donc, sortez couverts en portant les masques, lavez soigneusement les mains à l'eau et au savon, chaque fois que vous sentez que vous avez touché une surface qui pourrait être contaminée ou au retour des balades, s’il n’y a pas d'eau, utilisez le gel hydro alcoolique. En prenant ces dispositions, on peut limiter la propagation de la maladie

INTERVIEW REALISÉE PAR ANGE MARTIAL EHOURADE





publicité

FIL INFO

15 juin 2024

Donald Trump mis en contradiction par son grand mensonge électoral

15 juin 2024

Félix Tshisekedi enjoint le Gouvernement Suminwa à « répondre aux besoins de la population »

15 juin 2024

Madagascar élu vice-président de la 79ème Assemblée générale des Nations Unies

15 juin 2024

Côte d'Ivoire. Abidjan : le bilan s'alourdit à 331 victimes dont 8 morts ( Pompiers)

15 juin 2024

Niger: l’immunité de Bazoum levée, vers un procès de l’ex-président déchu



Fanico

Wakili Alafé 7 juin 2024
L'Afrique, un enjeu géopolitique pour la Russie
Yao Noel 21 mai 2024
Voici un bref témoignage de Yao Noel sur Feu le Président Henri Konan Bédié
Lamine KANE. 13 février 2024
Conte des faits renversants
Valer St Clair 9 février 2024
CAN : Non aux courses d'autorités sur la pelouse !

publicité