Les pièces de 5 F et 10 F sont de plus en plus refusées par les commerçants au Bénin. « Certains commerçants ont cessé de vendre, par exemple des bonbons pour 5 F ou 10 F. Le minimum à acheter, c'est 25 F », témoigne une cliente. Des stocks de piécettes s’accumulent chez certains Béninois. Un prêtre vodun réfute la croyance à l'origine de cette pratique. Le gouvernement menace. Notre correspondant témoigne.
« J'ai voulu acheter du riz pour calmer ma faim avec 10 pièces de 10 francs. On a refusé de me servir parce que les pièces de couleur rouge sont de plus en plus refusées. J'ai été obligée d’emprunter de l'argent pour acheter à manger ». Cette expérience déplorable de Bernadette Dossou, dans la localité de Tori Avamè, située à une cinquantaine de kilomètres de Cotonou, est de plus en plus généralisée dans les grandes villes du Sud du Bénin. Le refus des pièces de monnaie de 5 et 10 F dans les transactions.
Pourquoi ? Au pays du vodun, certains croient que ces pièces « rouges », après avoir été utilisées pour des offrandes ou des rituels sacrificiels, sont susceptibles d'attirer des maléfices. « Ces pièces servent pour la plupart aux sacrifices offerts aux divinités. Lorsque vous prenez chez un client des pièces ayant servi aux sacrifices, vous êtes sûr que votre commerce va s'écrouler en un rien de temps. Tu peux vendre mais tu ne sauras pas ce que tu as fait avec l'argent », a expliqué sous anonymat, une vendeuse au marché Dantokpa de Cotonou. Pour se mettre à l'abri, « ces commerçants ont cessé de vendre, par exemple des bonbons pour 5 F ou 10 F. Le minimum à acheter, c'est 25 F », selon Sophie Araba à Abomey-Calavi.
À l'instar de Laure Kassa, la déception des populations face à cette situation n'est plus à démontrer, surtout en ces temps où l'inflation assèche les poches plus vite que prévu. « Je ne comprends pas comment on peut refuser de l'argent, pendant ces périodes difficiles », s'est indignée la cliente, qui venait d'essuyer un rejet au marché Dantokpa, à cause de ces pièces.
Démenti d’un prêtre vodun
Le refus de ces pièces par certains commerçants s'étend également sur les clients qui craignent ne pas pouvoir s'en servir plus tard. Conséquence : tous en détiennent en stock sans pouvoir s'en servir. « J'ai un stock de ces pièces d'une valeur de 1 000 francs environ, qui dorment chez moi », a noté Bernadette Dossou.
Les adeptes du culte Vodun réfutent ces pouvoirs maléfiques attribuées à ces pièces qui auraient transité par des rituels. « Il est vrai que ces pièces s'utilisent dans le cadre des rituels ou sacrifices. Mais elles n'entraînent pas, à ma connaissance, ce qu'on leur reproche », a démenti un prêtre vodoun ayant requis l'anonymat. « Les billets de 5 000 ou 10 000 francs servent aussi à des rituels » note-t-il avant de demander: « Pourquoi ils ne sont pas rejetés ? » .
Au Bénin, le rejet de pièces de monnaie notamment celles devenues lisses, ou de billets froissés est une pratique très fréquente. Le ministre béninois de l'Economie et des finances Romuald Wadagni, à travers un communiqué en date du 6 octobre, indique « qu’aucune pièce de monnaie n’est dédiée à une divinité et que les pièces dites lisses ou ayant perdu leur éclat ainsi que les billets de banque qualifiés de froissés ont toujours cours légal et pouvoir libératoire sur toute l’étendue du territoire national et dans tous les pays de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Ils ne sauraient donc être refusés dans le cadre des transactions économiques ». Selon le ministre béninois en charge des finances, « le refus de recevoir la monnaie ayant cours légal dans un Etat membre de l’UMOA est puni par les textes en vigueur ».
De notre correspondant au Bénin,Joseph Tomondji
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