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Reportage. Erosion côtière. À Azuretti, même le cimetière se meurt (2/2)

Publié le :

M.Jules Manzan à l’état civil Chef du village d'Azuretti

Pour nous permettre d'obtenir plus d’informations, relatives à l’érosion côtière qui frappe Azuretti depuis plusieurs décennies, Kouamé N'koun, notable de ce village que nous avons rencontré, nous demande de prendre attache avec le chef central du village.

En parcourant Azuretti, nous nous rendons compte que ce village est pour ainsi dire pris en tenaille par la lagune et la mer. Plus calme, la lagune s’étend sur une longue distance. Le bitume qui recouvrait la voie principale d'Azuretti a disparu. Il a fait place au sable. Des nids de poule se sont formés par endroits. Leur présence cause de toute évidence, des désagréments aux automobilistes, en particulier aux taxis qui sont les plus nombreux à l’emprunter.

Le secrétaire du chef central nous explique que plusieurs ont été déracinés sous la fureur des vagues. « De manière volontaire, un jeune natif du village du nom de Daniel Ekpalé a entrepris de planter des cocotiers depuis deux ans, à partir du quartier Apollo. Depuis lors, il a pu planter 300 cocotiers sur plus de 200 mètres. Malheureusement, seuls 112 cocotiers sur les 300 ont pu grandir convenablement. Les autres n’ont pas pu pousser ».

Lire auusi : Reportage. Érosion côtière. À Azuretti menacé par la mer, les habitants dorment les yeux ouverts (1/2)


Le cimetière se meurt


Le chef de village, entouré de quelques notables, nous reçoit sur la terrasse de sa maison. Jules Manzan, à l’état civil, est plus connu sous le nom de règne de Nanan Bognan V. Il nous apprend d’emblée que, depuis son intronisation survenue en 1988, jusqu'à ce jour, ce sont 150 à 200 mètres de terres que le village d’Azuretti a perdu, sous l’effet de l’érosion. L’un des problèmes majeurs qui en résulte, est qu’il devient de plus en plus impossible de faire une pêche rentable. « Quand la houle est forte, les pêcheurs ne peuvent pas aller en mer parce qu’ils utilisent des pirogues. Lesquelles ne peuvent pas franchir les vagues, qui atteignent des hauteurs effrayantes. Elles renversent les pirogues et les cassent. Il y a des pêcheurs qui en sont morts. De nos jours, il peut y avoir des marées hautes plusieurs fois dans l’année. Ce qui n’était pas le cas autrefois. Conséquence : on ne pêche alors que sur une courte période de l’année. En 2010, il n’y a eu que 6 jours de pêche », révèle le chef du village, sous le regard approbateur de ses notables.

Nanan Bognan V note également que le cimetière municipal à partir duquel part le village, n’est pas épargné par l’érosion. Les tombes situées du côté de la bordure de mer subissent quotidiennement les allées et venues des vagues. Les tombes dans lesquelles reposent les premiers colons missionnaires de Grand-Bassam, et qui ont pour ce faire une valeur touristique, ne sont pas encore détruites. Mais cela ne saurait tarder, si la montée des eaux persiste.


La relocalisation compromise


L’une des solutions à laquelle Nanan Bognan V a pensé est la relocalisation du village sur un site situé dans la périphérie de Grand-Bassam. D’ailleurs, un projet avait été initié dans ce sens. Il avait été proposé à la chefferie d’alors, de relocaliser Azuretti sur le site où sont construites aujourd’hui à l’entrée de la ville de Grand-Bassam, les maisons de l’opération immobilière les Rosiers. « Malheureusement, ceux qui dirigeaient le village à l’époque, n’ont pu partir occuper le site. Je ne sais vraiment pas ce qui s’est passé. Je n’ai trouvé aucun document officiel pour le corroborer aujourd’hui. Depuis lors, ce site a été vendu. Cela aurait été une solution en cas d’urgence, d’inondations. Au moins, nous aurions eu un endroit où nous abriter en cas de force majeure ».

Aussi Nanan Bognan V propose-t-il qu’on stoppe l’avancée de la mer. Pour lui, la pose de roches ou de sacs de sable dans le fond marin ou la construction de digues, pourrait permettre de freiner l’ardeur des vagues. Des spécialistes évoquent les expériences, quoique coûteuses, réalisées en Europe et ailleurs dans le monde. « Il en est de même pour la lagune à cause de laquelle nous sommes victimes d’inondations à certaines périodes de l’année, notamment de septembre à octobre. L’eau monte jusqu’à une hauteur de plus d’un mètre, du fait du phénomène naturel qui a bouché, avec le sable, l’embouchure de la Comoé.


Horizon mars 2023


Nous espérons que les travaux de sa réouverture définitive contribueront à régler le problème. Il nous avait aussi été rapporté que la réouverture de l’embouchure avec l’installation de digues, permettrait de reconstituer les plages perdues du fait de l’érosion côtière. Si cela se confirme, alors le village sera sauvé », confie avec une pointe d’espoir le chef d’Azuretti.

Pour avoir une idée de l’état d’exécution du projet de la réouverture de l’embouchure, nous avons approché le Centre ivoirien antipollution (Ciapol) via un courrier électronique. En réponse, le directeur nous a répondu que les travaux ont commencé en mars 2020, au moment où la Covid-19 battait son plein. Leur taux de réalisation à ce jour est de 54 %. Les travaux n’évoluent pas comme prévu selon Dibi Niagne. Notamment : « à cause de la Covid-19 et de la mobilisation tardive de la mission de contrôle ». De sorte que finalement, la fin des travaux a été prolongée jusqu’en mars 2023. D’un coût total de 21,456 milliards F CFA, le projet est financé à hauteur de 51,6% par la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), de 28,4 % par le Fonds Opep pour le développement international (OFID) et de 20 % par l’Etat de Côte d’Ivoire. Si la réouverture de l’embouchure, tant souhaitée par les populations, devenait effective, mettant ainsi Azuretti à l’abri des inondations provoquées chaque année par la lagune, qu’en sera-t-il exactement de son avenir, par rapport à cette érosion qui le ronge sans cesse ?


Junior Jeremy




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