La célébration de la fête du Nouvel an a été perturbée dans la commune d’Abobo. A quelques minutes du nouvel an, deux groupes d’adolescents et de gamins se sont affrontés dans ce qu’il serait convenable d’appeler un duel d’explosions de pétards au carrefour de l’école primaire privée « Les trois chatons », située au quartier M’Ponon. Les deux groupes, dont l’un était du côté de l’école et l’autre du côté du maquis « Le gouverneur », se livraient une bataille en se lançant des pétards. Quand un camp l’emportait sur l’autre, la horde d’adolescents et de bambins qui le composait courrait dans sa direction. On voyait des membres du camp en difficulté détaler en groupes. Quelques minutes plus tard, ils revenaient à la charge. C’était alors la panique générale dans la périphérie de ce lieu d’affrontement. Du maquis Le gouverneur jusque derrière l’école primaire, c’était le branle-bas total. Les passants cherchaient à se mettre à l’abri. Quant aux tenanciers de maquis et buvettes, ils se sont mis à sécuriser leurs espaces. Au lieu de crier pour saluer l’avènement du nouvel an, les gens cherchaient plutôt à s’abriter, afin d’éviter les effets collatéraux de ce duel, qui s’assimilait par moments à un véritable film de guerre. Venue passer le réveillon de la Saint Sylvestre accompagné d’un homme dans la buvette où nous avons dû trouver refuge, une jeune dame n’a pu s’empêcher de déclarer au moment où elle suivait la scène : « mais ceux-là, ils peuvent faire la guerre…. ». Un autre client de la buvette dira stupéfait, « voici mon bon petit, mais qu’est-ce qu’il fait parmi eux ? C’est pourtant un enfant habituellement sage », avant d’avaler une gorgée de bière bien glacée. Il tournait la tête de gauche à droite, pour manifester son étonnement. L’un des habitants du quartier, qui était présent dans la buvette, a laissé entendre que ce duel aux pétards, est une tradition dans le quartier. « Depuis plus de cinq ans, c’est ce qui se passe. Chaque année, les gens s’affrontent en duel par des explosions de pétards. C’est leur façon d’exprimer leur joie. Cette année, ils se sont donnés rendez-vous via les réseaux sociaux pour un duel sans précédent ». L’objectif semble avoir été atteint. Pendant plus d’un quart d’heure, ils ont littéralement pris possession du lieu. Devant leurs agissements, des automobilistes rebroussaient chemin. des passants cherchaient l’endroit le plus proche pour se mettre en sécurité. Ce jeu dangereux, a pris fin grâce à l’intervention des policiers. Arrivé à bord d’un cargo sur le lieu du duel d’explosion des pétards, les policiers ont dispersé les auteurs en utilisant du gaz lacrymogène. En l’espace de quelques secondes, la bande d’adolescents et de gamins a disparu comme si rien ne s’y était passé. Et ce ne sont pas que les manifestants qui ont inhalé ce gaz. Ce qui les a fort heureusement obligés à se disperser. Les fêtards, les riverains, les passants et autres en ont également fait les frais. Malheureusement, c’était le seul moyen qui pouvait stopper net, ces enfants dans leurs mauvais agissements. Le gérant du maquis où nous nous sommes abrités, s’est empressé de trouver du citron. Il l’a découpé et remis une portion à chacun, en conseillant de la frotter sur les visages. Cela a pour effet selon lui, de clamer les brulures causées par le gaz lacrymogène. C’est ce que chacun fit promptement, afin que cessent, les larmes, les écoulements du nez et les brulures. Après l’intervention des policiers, la fête a repris son cours normal. Les fêtards se sont mis à poursuivre leur beuverie, danses et autres.
Cette tension qui a prévalu dans ce quartier, contraste avec celle qu’il nous a été donnée de voir à l’avenue Casa. Assis par groupes ou à deux derrière des tables remplies de bouteilles d’alcool, les gens fêtaient l’avènement du nouvel an en buvant et en dansant. Le maquis 426 est l’un de ceux qui a drainé le plus de personnes. Il y’ avait tout pour attirer les clients. Un décor lumineux, une sonorisation de bonne qualité, de même que l’architecture moderne dont il est constitué, ont suffi à attirer les fêtards. A une centaine de mètres plus loin, plus précisément au complexe sportif d’Abobo, la musique se fait entendre. Il s’agit de la prestation d’un groupe de Zouglou, qui a été convié au Festival de la commune d’Abobo (Festica). Lors de notre passage sur le coup de 1 heure 30 minutes, le site était bondé de monde, notamment de jeunes gens, venus s’égayer.
On note par ailleurs que l’alcool a encore fait des dégâts ce jour. En effet, assez bien éméché, un chauffeur de Gbakas s’est battu avec un apprenti à la gare de ces véhicules au carrefour goudron au quartier Akeikoi. Le combat était rude au point où, les deux protagonistes se sont retrouvés dans les déchets, les eaux sales et puantes du caniveau à proximité. C’est pour ne pas se retrouver dans un tel état que certains ont décidé de passer le réveillon dans des lieux de prières.
Le port du cache-nez obligatoire
Deux faits majeurs ont attiré notre attention en ce qui concerne l’ambiance dans les lieux de prière : le déploiement de policiers et agents de sécurité pour sécuriser le cadre et le port obligatoire du cache-nez. A la paroisse Saint-Marc, où nous sommes arrivés vers 21 heures 30 minutes, un fidèle a été empêché d’accès, pour n’avoir pas porté de cache-nez. « Monsieur, si vous n’avez pas de cache-nez, vous n’allez pas rentrer », a dit avec insistance l’un des agents de sécurité posté au grand portail. Malgré toutes les explications avancées par le fidèle, il a été refoulé.
C’est le même dispositif qui a été installé dans les églises méthodiste unie Canaan, Assemblées de Dieu d’Akeikoi, et autres. Des messages d’espoir ont été délivrés pour la circonstance par les serviteurs de Dieu. Selon le message délivré par le prêtre de la paroisse Saint-Marc, les fidèles doivent être disposés à recevoir des bénédictions que Dieu a préparées pour eux pour l’année 2022. A l’en croire, Dieu est pressé de les bénir. Mais pour ce faire, ils doivent prendre la ferme résolution de faire sa volonté. L’église Tabernacle de la foi a pour sa part organisé une grande veillée sur le terrain d’As Pouchkine. Le prophète de cette communauté religieuse, Israël Kamé, a déployé les grands moyens pour l’organisation de cette cérémonie. Un podium de style américain, une sonorisation de haute-fidélité, deux écrans géants et autres , convainquent de ce que les membres de cette église n’ont pas lésiné sur les moyens. Sauf qu’au moment de notre passage sur le coup de 22 heures, il n’y avait pas assez de participants. L’intervenant qui était au pupitre avant le prophète, a indiqué qu’il est porteur d’une bonne nouvelle. Se basant sur des paroles de la Sainte Bible, il dira que le Seigneur Jésus-Christ affirme être venu sur la terre, non pour les justes mais pour emmener les pécheurs à la repentance. Un message entrecoupé de cantiques chantés à la gloire de Dieu.
En somme, le réveillon de la Saint-Sylvestre s’est globalement bien déroulé dans la commune d’Abobo. N’eut-été le duel d’explosions de pétards, il aurait connu une ambiance plus festive. Espérons que ces agissements ne se reproduisent plus. Les autorités policières avaient pour leur part annoncé qu’elles pendraient des sanctions à l’encontre des personnes qui utiliseraient les pétards. Par conséquent, ceux qui ont pris part à ces explosions de pétards doivent se préparer à des sanctions. Avec ironie, un fêtard propose que les auteurs soient arrêtés et conduits à Bimbresso, en vue d’un redressement disciplinaire.
Junior Jeremy