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Côte d’Ivoire. Bouaké : on boit du koutoukou à mort ! (Reportage)

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Le koutoukou ou le gbêlê est une boisson locale fortement alcoolisée produite un peu partout en Côte d’Ivoire. Fabriquée dans des conditions non contrôlées, il est considéré comme une boisson frelatée et officiellement interdite dans le pays depuis 1964. À Bouaké, deuxième grande ville du pays, le koutoukou continue d’être consommé par un nombre croissant de personnes.

Comment obtient-on cette boisson ? Selon les tenanciers et tenancières de cabarets que nous avons interrogés, le koutoukou est obtenu par distillation du vin de différents palmiers, notamment le palmier à huile, le raphia et le rônier. La distillation de cette boisson est faite de façon clandestine vu que sa consommation est interdite.

La consommation abusive du gbêlê présente des dangers énormes pour ses consommateurs assidus. Notre randonnée dans plusieurs quartiers de la ville où des cabarets sont bien connus pour fournir du koutoukou, nous permet de nous rendre compte des dégâts qu’il occasionne.

Au quartier Koutchakro, au Nord de la ville, nous apprenons qu’un jeune qui a voulu défier tout le monde dans un cabaret, y a trouvé la mort par arrêt cardiaque. « Il a bu à lui tout seul une bouteille d’un litre de gbêlê. Que voulez-vous ? La réponse, c’est six pieds sous terre. Il est mort par arrêt cardiaque », confie une source.

Au quartier Kamonoukro, bien connu des « gbêlêman », un informateur nous assure connaître au moins trois clients assidus qui seraient morts à cause de la consommation abusive de cette boisson. « Le premier que je connaissais bien, n’écoutait personne. Il buvait tant qu’il avait de l’argent. Le second c’était pareil. Et le troisième, lui était devenu une loque humaine à force de boire du koutoukou », assure notre source qui jure, la main sur le cœur, qu’il en prend lui-même mais avec modération. Peut-on se fier à cette parole ?

Koffi J., propriétaire d’un cabaret au quartier Koko, reconnaît que le titrage en degrés d’alcool du koutoukou n’est pas connu. Raison pour laquelle, il est conseillé de boire juste pour 100 francs CFA, le contenu d’un petit verre à thé. « Mais les consommateurs refusent de nous écouter et veulent boire plus qu’il n’en faut. Chez moi, ça ne marche pas. Tout client qui insiste et veut boire au-delà de deux verres à thé, je le chasse de mon cabaret car je ne veux pas de mort chez moi », soutient M. Koffi.


Pour noyer les soucis


A la question de savoir pourquoi les jeunes et même des personnes du troisième âge s’adonnent aujourd’hui à la consommation abusive de cette boisson frelatée, plusieurs raisons sont évoquées : le chômage, les soucis matériels et conjugaux. « Pour ma part, je crois que la plupart des jeunes qui s’adonnent à la consommation de cet alcool, ont un sérieux problème de travail. Ils sont tous au chômage et pour noyer leurs soucis, ils sont obligés d’aller boire du koutoukou parce que c’est moins cher et ça soûle vite. Comme ça, ils ne peuvent plus penser à leur problème », estime M. Traoré, psychologue de formation.

Cette manière de voir est contestée par certains de nos interlocuteurs. Morel Yapi insiste sur le fait que même des travailleurs consomment du koutoukou. « Je suis moi-même une preuve vivante, renchérit S. Yao. Je l’avoue, je consomme sans modération le koutoukou alors que j’ai un bon travail, une femme et des enfants. Mon problème, c’est ma femme. Elle passe tout son temps à me cocufier. Je ne le supporte plus, c’est ce qui m’a conduit dans le « gbêlêdrome ».

Même des élèves !

Selon plusieurs sources, tout n’est pas rose pour autant pour les tenanciers et tenancières de cabarets. Nos sources informent qu’ils reçoivent souvent, de façon inopinée, la visite des hommes en tenue. Et les plus malins jouent à cache-cache avec les forces de l’ordre en dissimulant l’objet du délit.

Surpris dans un cabaret, des élèves s’adonnaient à cœur joie à la consommation du gbêlê. Notre présence ne les dissuadera point mais au contraire, ils nous invitent à nous joindre à eux pour faire la fête. « C’est avec de tels élèves que nous construirons l’avenir de la Côte d’Ivoire ? », m’interroge un passant qui a assisté à la scène.

Koffi Koffi

Correspondant régional



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