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Politique

Nouvelles d’à côté

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A côté, juste au-dessus de nous, à gauche, c’est très chaud là-bas. Le grand chef blanc n’est pas content du tout. Il dit qu’ils ont dit que, alors que lui, il n’a pas dit ça, que c’est juste un redimensionnement, mais ces gens-là qui n’ont pas été à l’école n’ont rien compris, que c’est honteux, que d’ailleurs ils sont illégitimes tout ça. En tout cas c’est chaud. Trop chaud même. Et ça me fait penser à une palabre que j’ai dû séparer entre un ami et sa copine. C’est la copine qui voulait partir. Et l’homme qui lui disait : « qui t’a dit même que je veux te quitter ? Et tu veux me laisser pour ce buveur de vodka ? Tu le connais ? Renseigne-toi et tu sauras ce qu’il a fait à sa copine centrafricaine. Moi, tu te rappelles au moins depuis combien d’années nous sommes ensemble ? Ne sois quand même pas ingrate. Quand des voyous ont voulu envahir la maison de tes parents, qui a été là pour les en empêcher ? Ce sont bien tes parents qui m’ont appelé au secours non ? C’est vraiment honteux ce que tu es en train de faire. » Donc, actuellement la fille et ses parents sont tous fâchés, mais ils ne peuvent pas trop parler parce qu’ils ont la main dans la bouche du type qu’elle veut larguer. C’est lui qui paie leur loyer et assure régulièrement la popote. Est-ce que le nouveau copain qui boit de la vodka pourra faire tout ça ? Cela dit, le type que la fille n’aime plus, un bon buveur de vin rouge, avait certes empêché les voyous d’entrer dans la maison. Mais depuis lors, ces derniers se sont installés autour de la maison et dans tous les quartiers, et même dans d’autres villes et violent toutes les cousines de la fille. Je crois que c’est à cause de tout ça que cette fille n’aime plus son copain et trouve qu’il lui a trop fait boire du vin pour rien, et elle veut maintenant goûter de la vodka, parce que la rumeur dit que les buveurs de vodka seraient plus virils.

Ce sont les nouvelles d’à côté, en haut, à gauche. Il faut dire que le buveur de vin est un amant difficile. Actuellement il est aussi en palabre avec une de ses anciennes maîtresses, celle qui habite en bas de chez lui, juste après le grand fleuve. Ils en sont aux noms d’oiseaux, genre « espèce de sauvage, sans moi tu ne serais rien du tout, il a fallu que tu me rencontres pour savoir qui tu es… » « espèce d’impoli, c’est ta mère que tu as fabriquée, sinon moi j’étais déjà quelqu’un quand tu es venu me violer. » La dame est tellement fâchée qu’elle ne veut plus que son ancien amant passe à côté de sa cour. « Même si tu veux voler au-dessus de ma cour, je ne veux plus », dit-elle.

A côté de nous toujours, mais en haut à droite, ça ne va pas non plus. Il y a un groupe là-bas qu’on appelle les djihadistes et qui pratiquent le mariage forcé. Si tu ne veux pas les épouser, ils te tuent. Chez eux ce n’est pas compliqué. Tu veux, tu ne veux pas, ils te tuent. Ils sont les seuls à savoir exactement ce qu’ils veulent. Donc chaque jour ils tuent seulement. Le lundi dernier ils ont tué quatorze soldats. Je me demande d’ailleurs quel genre de soldat ceux-là sont pour qu’on les tue aussi facilement tous les jours.

Maintenant, à côté, sur notre gauche, ils ont un nouveau chef. Il adore les lunettes noires. Il en porte même dans la nuit noire, dans les pièces noires. Il était un « lacrou » dans la légion étrangère de l’armée du grand chef blanc, puis il est rentré dans son pays. Et le chef l’a nommé lieutenant-colonel. Et ce qui devait arriver est arrivé. Il s’est dit que s’il peut monter aussi rapidement en grade, c’est qu’il peut devenir chef lui aussi. Et il est effectivement devenu chef, ce qui veut dire qu’il n’avait pas tort. Les coups d’Etat ont l’avantage de faire économiser les frais d’organisation d’une élection, qui n’est d’ailleurs jamais le gage d’une bonne démocratie dans nos contrées. Donc il a chassé le chef qui lui avait donné ses galons, lequel ne décolère plus depuis lors, et on le comprend, il a prêté serment il y a quelques jours, en lunettes noires et gants blancs, devant sa femme, une Blanche, sa mère, bien noire, et tout le bon peuple qui aura tout le temps de se mordre les doigts. Faut pas se presser, comme on dit au quartier. Doni doni (petit à petit, dans une langue de là-bas), le vrai visage sortira de derrière les lunettes noires, et le bon peuple encore une fois cocufié n’aura que ses yeux sans lunettes pour pleurer.

Maintenant, tout en haut là-bas, de l’autre côté du grand fleuve, à Bengué, le grand chef blanc qui est fâché a réuni nos frères qui sont gentils avec lui et ils sont en train de discuter de notre avenir commun. C’est vraiment une affaire de gros français, donc mon frère, reste tranquille chez toi. Tu n’y comprendras rien. Quand ils auront fini, le grand chef blanc les invitera à manger dans son palais, et après le fromage et le bon vin, nos frangins lui promettront que « ya rien en face, on est ensemble, on s’est dit les vérités, toutes les vérités. Donc tout va bien maintenant. Les buveurs de vodka, de saké ou de thé vont voir ce qu’ils vont voir ; nous, on ne lâche pas nos vieux amis, même s’ils ont botté les fesses à nos parents ». Après, ils iront saluer tous nos nombreux parents qui sont allés se chercher à Bengué, acheter des fringues à la rue Melay ou à Barbès où tout est encore moins cher, pour venir frimer sur nous, ils rentreront et la vie suivra son cours normal. Jusqu’à ce que le buveur de vodka, de thé ou de saké les invite à son forum à lui, pour qu’ils aillent lui faire les mêmes promesses.

Venance Konan







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