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Politique

Côte d’Ivoire. Pressions djihadistes. Champs désertés, écoles fermées dans le Bounkani (2/2)

Publié le :

Pour prévenir cette radicalisation au combat des terroristes, les autorités préfectorales, coutumières, les élus locaux, les leaders communautaires, les représentants des forces de défense et de sécurité se mobilisent. C’est le cas à Téhini où les terroristes sont en train de s’infiltrer. Le chef de la localité, Hien Noufé a entrepris, avec ses pairs, des sensibilisations auprès des jeunes. « Nous avons demandé aux jeunes de ne pas suivre les terroristes et que s’ils venaient à le faire, ils signeraient leur arrêt de mort. Et comme nous ne voulons pas que ces jeunes, élites de demain, hypothèquent leur avenir, nous avons insisté qu’ils ne s’embarquent pas dans le navire des terroristes.» a t-il plaidé.


Lire aussi : Côte d’Ivoire. A Bouna, « le terrorisme est dans nos maisons » (P. Hien) (1/2)

Le chef Noufé Honoré de Téhini a révélé par ailleurs que sa localité paie un lourd tribut à la menace terroriste. « Sincèrement, nous risquons une crise alimentaire. Aujourd’hui, on a peur d’aller dans les champs. Si on n’arrive pas à cultiver, où allons-nous trouver des provisions pour nourrir nos enfants, nos épouses, nos familles ? », s’est interrogé le chef de Téhini. « Toutes les activités ont pris du plomb dans l’aile. Rien ne marche. Tout est au point mort. Nous souffrons », lance-t-il, le regard attristé et grave.

Le président du conseil régional du Bounkani qui dit partager le désarroi des populations de cette partie de sa circonscription décentralisée, a confirmé les propos du chef de Téhini. Selon Hien Philipe Mohamed, tous les secteurs d’activités sont asphyxiés du fait de la menace terroriste. C’est le cas du système éducatif. « L’école du village de Togolokaye s’est vidé depuis de ses élèves. Les deux enseignants chargés de dispenser le savoir aux apprenants ont pris la poudre d’escampette quand les armes se sont tues momentanément, suite au combat intense entre terroristes et éléments des forces républicaines ivoiriennes. Les élèves sont aujourd’hui sacrifiés sur l’autel des djihadistes. L’école n’existe donc plus là-bas » a regretté Hien Philippe Mohamed. Avant de préciser que « les travaux de construction de salles de classe dans un autre village, ont été arrêtés, car la zone est devenue dangereuse». « Aucun ouvrier n’accepte de se rendre dans cette zone chaude quel que soit ce que vous lui proposez », a fait observer le président du conseil régional du Bounkani

En 2020-2021, les examens du CEPE et de l’entrée en sixième n’ont pu se dérouler à Téhini, faisant de cette ville, la seule de toute la Côte d’Ivoire où ces examens ont été annulés.

1500 réfugiés burkinabè

Au plan social, la situation n’est pas non plus reluisante. La ville de Tougbo située à 200 kilomètres de Bouna accueille, depuis plusieurs semaines, des réfugiés burkinabè venus de la région des Cascades, précisément du village de Farakôrôsso et ses environs. « Nous avons déjà distribué des vivres et des non-vivres à ces déplacés, avec l’appui du président du conseil régional du Tchologo » a précisé Hien Philippe.

Mais au juste, comment lutter contre l’expansion du terrorisme dans la région du Bounkani ? Comme approches de solutions, experts de la question sécuritaire, autorités préfectorales, coutumières, leaders communautaires, représentants des forces de défense et de sécurité se sont retrouvés à Bouna pour réfléchir en groupes de travail autour de quatre principales thématiques. A savoir, la situation sécuritaire globale, les facteurs favorisant la radicalisation des jeunes et adolescents. Le troisième axe de réflexion a porté sur le rôle des technologies de l’information et de la communication tandis que le quatrième module était relatif au mécanisme de prévention et de régulation de l’extrémisme violent. A travers des cas pratiques et d'expériences personnelles, chaque participant au colloque sécuritaire de Bouna a tenté d’apporter un antidote à la lutte contre le terrorisme.

Les forces de défense ne doivent pas racketter ou humilier les populations

Le député de Doropo, qui est intervenu à la plénière de cet atelier, a exhorté les éléments des forces de défense et de sécurité à ne pas favoriser l’implantation des terroristes dans les localités. Elles devraient eviter les actes ou comportements qui pourraient humilier les populations et les pousser à épouser la cause des extrémistes. « Il ne faut pas racketter les populations ; il faut bannir l’injustice et éviter de poser des actes d’humiliation à leur endroit des habitants des localités qui souffrent énormément de la présence des terroristes » a plaidé l’honorable Noufé Sansan Koulafrité. Son collègue de Nassian, Ouattara Amara a traduit tout le soutien des élus locaux du Bounkani aux soldats pour une libération de la région du joug des « malfaiteurs ».

Même engagement du côté de la chefferie traditionnelle, à l’image de Nanan Bédi Bimpê II, chef de la province du Yalo. Ce dernier a rassuré que les têtes couronnées ont entrepris des campagnes de sensibilisation à l’endroit des jeunes, afin qu’ils s’éloignent du terrorisme. Dame Hôhô Kambou, ne dit pas autre chose. Elle a appelé toutes les composantes de la société du Bounkani, à s’unir et faire front contre le djihadisme.

Au terme du colloque sur la question sécuritaire de l’extrémisme violent dans la région du Bounkani, un plan stratégique d’actions a été élaboré.

Traoré Moussa

Correspondant régional






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