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Culture

Côte d’Ivoire .Monuments, histoire et culture

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Il y a au Plateau, entre l’ambassade de France et le stade Félix Houphouët-Boigny, un monument sur lequel il est écrit : « à nos morts de la guerre 1914-1918 et aussi à ceux de la guerre 1939-1945 ». C’est le fameux « monument aux morts. » Ce genre de monument, il y en a de plus petites tailles dans toutes les villes de l’intérieur de notre pays. On en trouve aussi dans toutes les communes en France, avec la même inscription. Il est vrai que notre pays, à travers ses « tirailleurs sénégalais », a aussi versé le sang de ses enfants au cours de ces deux grandes guerres dites mondiales, mais qui n’étaient pas les nôtres, et qui se déroulèrent essentiellement en Europe et en Asie, mais je doute qu’ils soient les morts que ces monuments honorent. Ils datent du temps colonial et je crois que les autorités de cette époque voulaient juste faire comme en métropole et honorer leurs morts à eux. Depuis la fin de cette période, nous n’avons pas trouvé d’autres morts à honorer. Si ! Au temps de Laurent Gbagbo nous avions honoré ceux qui étaient morts dans sa marche vers le pouvoir, mais un jour, dans notre obscurantisme, il nous plut de croire que ce monument était construit sur des fétiches qui assuraient la pérennité du pouvoir des « refondateurs », et il fut détruit.

Notre pays est devenu indépendant en août 1960. Nous savons que la colonisation fut violente. Ce que l’on appela la « pacification » ne fut rien d’autre que le massacre des populations qui résistaient à la perte de leur souveraineté, et la lutte pour l’indépendance ne fut pas non plus un long fleuve tranquille. De nombreuses personnes y laissèrent la vie à Treichville, Dimbokro et beaucoup d’autres localités. Mais depuis soixante et un ans, nous n’avons pas trouvé utile d’honorer tous ces morts à travers quelques monuments. Nous avons connu des guerres en 2002 et 2011, des guerres certes courtes, mais meurtrières quand même, au cours desquelles de nombreux soldats et civils sont tombés pour la patrie. Aucun monument ne les honore. On nous répondra peut-être que nous n’avons pas la culture des monuments, mais je crois que l’on aurait tort de le penser. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire africaine, nous avons toujours rendu hommage à nos morts et nous avons construit des monuments qui permettent aujourd’hui de connaître cette histoire et d’en tirer les leçons, comme le font les peuples intelligents. Il n’y a qu’à regarder ce que nos ancêtres égyptiens nous ont laissé comme monuments qui permettent de connaître tous les détails de leurs vies, des millénaires plus tard. Tous les peuples construisent des monuments qui marquent leurs cultures, leur histoire, pour laisser des traces. Le Colisée à Rome date de 72 à 80 après Jésus-Christ et nous sommes émerveillés de le visiter aujourd’hui. Toujours en Italie la Voie Appienne, une route longue de 500 kilomètres toujours visible fut construite en 312 avant Jésus-Christ. Que dire de la Grande Muraille de Chine qui date de plusieurs millénaires et est toujours visible ? Visiter la ville de Paris, c’est lire l’histoire de la France à travers ses monuments, ses palais, ses musées, les noms des voies et des places.

Nous, nous avons choisi d’avancer dans cette vie comme le margouillat, en détruisant de la queue ce que nous avons construit avec les pattes. Nous avançons, sans savoir où nous allons, parce que nous ne savons pas d’où nous venons. Nous avons le regard fixé sur une seule chose, l’argent en vitesse. On paie toujours le prix d’un tel aveuglement. Le peuple Baoulé tire son nom de la décision de la reine Pokou de sacrifier son fils unique pour le salut de tout son peuple. Cela fait partie de l’histoire de notre pays. Mais ce peuple Baoulé qui ne manque pas de personnes disposant de moyens n’a pas encore jugé utile de construire un monument pour commémorer cette histoire. Et la Côte d’Ivoire dont l’histoire du peuple Baoulé fait partie de l’histoire générale ? Combien de jeunes Ivoiriens connaissent encore cette histoire ? Où enseigne-t-on d’ailleurs l’histoire de notre pays ? Aujourd’hui, le quartier historique de Grand-Bassam a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Que faisons-nous pour préserver ce patrimoine et mériter l’honneur qui nous a été fait ? Qu’avons-nous fait des villes historiques de Grand-Lahou, de Sassandra, Jacqueville, Kong, Bondoukou… ?


Nous devons comprendre que la culture, ce n’est pas que les musiciens et autres producteurs d’œuvres d’art d’aujourd’hui. C’est aussi la préservation de tout ce qui constitue notre culture. Le tourisme non plus ne concerne pas que les plages. Nous dépensons beaucoup d’argent pour aller visiter des monuments historiques dans les pays européens ou asiatiques. Préservons, nous aussi, nos monuments. Construisons-en pour que les générations futures en profitent. En Europe aucune cathédrale n’a été construite en moins d’un siècle. Cela veut dire que les bâtisseurs de ces monuments savaient qu’ils ne verraient pas l’œuvre finie. Mais ils savaient que d’autres après eux, l’achèveraient.

Venance Konan



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