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L’Enquête du jeudi. Rentrée scolaire : À Abidjan, les parents traînent les pieds

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L’école a repris ses droits en Côte d’Ivoire depuis le lundi 13 septembre 2021. Si des parents, à l’instar de Ayé Aba Gildas, gendarme, ont pu faire le nécessaire pour permettre à leurs enfants d’entamer les cours dans la sérénité, il n’en n’est pas de même pour d’autres. Contrairement au gendarme, qui a décaissé 50 000 Fcfa pour scolariser ses deux filles qui vont fréquenter une école primaire publique, Bolou Nicaise, agent temporaire à Yopougon ne sait pas lui, où donner de la tête avec ses cinq enfants. En ce sens que son revenu ne lui permet pas de faire face aux charges relatives à leur scolarisation. Ce sont deux d’entre eux, allant au primaire, qui ont pu reprendre le chemin de l’école. Les trois du secondaire iront par la suite. La situation la plus préoccupante est celle de sa fille aînée, qui n’a pu être orientée en seconde après l’obtention du Brevet d’études du premier cycle (Bepc). Il compte l’inscrire en classe de seconde, dans un établissement privé de Gagnoa, où le coût de sa scolarité s’élève à 80 000 Fcfa. Bolou Nicaise envisage de dégager 100 000 Fcfa pour elle, afin qu’elle consacre 20.000 Fcfa à l’achat de ses fournitures. « C’est à partir du 1er octobre qu’ils seront tous inscrits et auront toutes leurs fournitures pour suivre les cours », explique-t-il. Soucieuse est aussi dame Dipo Ziapo. Cette vendeuse de produits vivriers s’est décarcassée pour s’acquitter des 62 000 Fcfa de frais d’inscription de sa fille en classe de 3eme, dans un établissement semi-privé de la commune d’Abobo. Sa fille devra se contenter de ses anciennes tenues scolaires à cause de ses moyens financiers limités. Il lui reste les manuels et les autres fournitures à acheter. C’est une autre paire de manche pour cette vendeuse. Elle ne peut compter que sur son petit commerce pour le faire. Quant à Bagnon Sylvain, directeur des études chargé de l’Enseignement technique des Cours sociaux d’Abobo, il attend de contracter très prochainement un prêt scolaire pour scolariser ses trois petits fils. Lesquels sont à sa charge car leur génitrice est une étudiante, sans ressources financières. Au nombre de ces enfants figurent deux de la maternelle et un en classe de CE1.

Toutes les difficultés rencontrées par ces parents d’élèves, ne sont point ignorées des responsables des établissements tant publics que privés. Fort heureusement peut- on dire, dans la mesure où, ils se montrent compréhensibles et patients à l’égard desdits parents.

Les inscriptions au compte-goutte


Les parents qui ont inscrit leurs enfants ne sont pas nombreux. « En toute franchise, il n’y a pas d’engouement », affirme Mme Cissé née Bakayoko Djeneba, directrice de l’Ecole primaire publique (Epp) Akeikoi municipalité 2 d’Abobo. A preuve, dit- elle, depuis le démarrage des inscriptions pour le recrutement au Cours préparatoire 1ere année (CP1), à notre assage, il n’y avait que 13 inscrits pour une capacité d’accueil de 55 élèves. Le même constat est fait par Mme Diomandé Makoura, la fondatrice du groupe scolaire Le Nid des colombes. Au primaire, pour un total de 150 élèves que l’établissement accueille en moyenne par an, moins de 10 élèves étaient inscrits. La situation est également pareille pour le secondaire. L’établissement qui ne dispose que du premier cycle, dénombre à la même date 40 inscrits pour un total de 240 élèves attendus. « C’est inquiétant. Plusieurs élèves n’ont pas encore fait l’inscription en ligne, encore moins l’inscription physique à plus forte raison avancer quelque chose pour la scolarité ». Bagnon Sylvain, directeur des études des Cours sociaux d’Abobo chargé de l’Enseignement technique affirme avoir constaté le même fait. « Il y a peu d’engouement pour cette rentrée. Les parents viennent au compte-goutte. Je ne sais pas ce qui explique cela. C’est probablement à cause du manque de moyens financiers. Il ne faut pas oublier qu’il y a plusieurs personnes qui aiment les choses de dernière minute ». Sans donner de chiffres pour étayer ses propos, le proviseur du lycée moderne 2 d’Abobo, Mme Coulibaly née Koné Habiba confirme les propos tenus par les précédents intervenants. Cependant, elle ajoute qu’en dépit d’un démarrage timide, les inscriptions qui ont commencé le mercredi 8 septembre, s’accroissent progressivement de jour en jour.


Las d’attendre les parents et élèves


A l’image des responsables d’établissements, les gérants de cybercafés ou d’espaces de services de transferts mobiles d’argent déclarent que plusieurs parents trainent les pieds pour aller inscrire leurs enfants en ligne. Aymar Ouonsebio, gérant d’un cybercafé trouve que les choses ne bougent pas cette année, comme elles l’ont été au cours des années antérieures. « Cette année, on ne sent pas l’engouement des parents et des élèves pour les inscriptions en ligne. L’année dernière durant la dernière semaine avant le jour de la rentrée, j’étais débordé par les parents et les élèves qui venaient pour les inscriptions en ligne », signale Alexandre Yapi, également gérant d’un cybercafé. C’est la même ambiance qui prévalait l’année dernière chez Ballo Alassane, un libraire situé en face des Lycées modernes 1 et 2 d’Abobo. Malheureusement cette fois, la rentrée affiche un autre visage pas satisfaisant pour le moment « Cette année l’achat des ouvrages est timide comparativement aux années précédentes. C’est vraiment timide ». Ce pourquoi,, Ballo Alassane n’a pris que quelques ouvrages pour les quelques personnes qui ont commencé à acheter les fournitures, et passé un peu de commandes. Car il garde tout de même l’espoir. « Je suppose que jusqu’à la fin du mois, les parents vont venir acheter les manuels scolaires, et que nos affaires vont commencer à prospérer ». C’est à cette condition que le libraire envisage de passer des commandes plus importantes. Les ouvrages que ce vendeur de fournitures scolaires commande en plus grandes quantités, sont les ‘’Habilités’’. La librairie installée à proximité de la BNI non loin de l’agence de la CIE Abobo centre, qui mise probablement sur la loi du marché, compte renflouer sa dotation en manuels ‘’Habilités’’ à partir du début de la rentrée académique, indique Koné Bintou. Elle commercialise les mêmes marchandises non loin du forum des marchés d’Adjamé. Plus prudente, elle n’a voulu prendre aucun manuel, au motif que ceux-ci sont couramment changés par les éditeurs qui collaborent avec le ministère de tutelle, sans qu’ils ne soient préalablement informés. Ils se retrouvent alors avec des stocks de livres sous la main. Elle n’a pris, entre autres que, des cahiers, des stylos à bille, des couvertures de cahiers en plastique, des couvertures kaki. « Ça ne marche pas très bien. Ça ne bouge pas comme les années antérieures à la même époque. C’est dure », dit la jeune fille l’air très abattue. Le ralentissement dans l’évolution de leurs activités s’explique selon elle par l’attitude de certains établissements, qui contraignent leurs élèves à prendre des fournitures chez eux. « Tous les élèves des classes de 6eme et la 2nd sont tenus de payer leurs ramettes chez les éducateurs (qualité double A) », mentionne une fiche d’inscription qui nous a été remise par des éducatrices du collège moderne Harris d’Adjamé dans le courant de la journée du vendredi 10 septembre. De l’avis de Koné Bintou, certains enseignants s’adonnent également à cette pratique. Les personnes ou les établissements qui agissent de la sorte doivent avoir à l’esprit que la ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation a apporté plusieurs innovations pour cette rentrée académique. Les frais pour l’inscription physique au secondaire n’ont pour l’heure pas encore été fixés, nous ont laissé entendre les trois éducatrices du lycée moderne Harris d’Adjamé, qui nous ont remis la fiche d’inscription. Il est demandé aux parents ou élèves d’attendre que le montant soit fixé, avant de faire le dépôt sur le compte où ils ont l’habitude de le faire. Autres innovations de taille inscrites sur la fiche d’inscription du même lycée : les élèves doivent avoir des cheveux coupés à ras, des chaussures fermées. Les garçons doivent être fourrés avec une ceinture noire. Les filles doivent pour leur part se vêtir de jupes paysannes (jupes longues jusqu’aux mollets). De surcroît, les téléphones portables sont strictement interdits au sein de l’établissement. Aussi dans ce contexte de résurgence du taux de contagion à la Covid-19, la lutte demeure de mise. Le proviseur du lycée moderne 2 d’Abobo, Mme Coulibaly née Koné Habiba, compte rappeler au corps enseignant et au personnel de l’administration, la nécessité de se faire vacciner. A ce sujet, la fondatrice du groupe scolaire ‘’Le nid des colombes’’ demande expressément au personnel, ainsi qu’aux enseignants de se faire vacciner pour leur santé et celle des élèves. A en croire le proviseur du lycée moderne 2 d’Abobo, ils recevront des cache-nez. Des dispositifs de lavage des mains seront également installés devant les salles de classes. L’organisation qu’il nous a été donné de voir aux lycées modernes 1 et 2 Nangui Abrogoua d’Adjamé , donnait l’impression que tout a été mis en œuvre pour la reprise des cours. Dans le premier établissement, les listes d’affectation en 6eme et orientation en seconde ont été affichées. Il en était de même pour la liste des fournitures. Selon une note signée de Mme Bakayoko Minata, le proviseur de cette école, les fournitures seront exigées à l’inscription. Le second établissement est allé plus loin. Les responsables ont fait afficher les listes des classes et élèves. De même, celle des fournitures de toutes les classes a été placardée sur le même tableau d’affichage. L’ambiance qui prévaut au groupe scolaire Harris Raymond Desclercs, voisin du lycée moderne Nangui Abrogoua (scindé en deux), est différente. Selon le directeur, celui dont le bureau se trouve sur l’extrémité gauche en entrant dans la cours), il n’y a pas suffisamment de table-bancs dans les salles de classes. Toute chose qui a eu pour conséquences de réduire le nombre d’élèves qui devaient être recruté en classe de CP1.

Au vu de ce qui précède, il est fort probable que plusieurs élèves ne reprennent le chemin de l’école qu’à partir de la fin du mois de septembre, ou au début du mois d’octobre.


Junior Jeremy





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