Situé au Nord-Est de la Côte d’Ivoire, dans le climat soudano-guinéen, le Parc national de la Comoé est aujourd’hui menacé par l’orpaillage et le terrorisme. Si le premier fléau existait depuis quelques années et était en voie d’être jugulé, en revanche, le second phénomène qui est récent, sévit sur 45 000 hectares du parc national de la Comoé dont la superficie est estimée à 1 148 756 ha.
Le 31e comité de gestion locale (CGL) du Parc, s’est réuni à Bania, village de la sous-préfecture de Bouna, pour faire le bilan des activités du premier semestre de l’année 2021. Au moment où se tenaient les travaux à l’école primaire du village, de l’autre côté de la route, des singes rouges se faufilaient entre les branches des arbres, comme pour se faire inviter aux réflexions concernant leur survie. Après seulement quelques regards furtifs, les membres du comité du CGL continuent leurs travaux.
Élèves et enseignants orpailleurs
Selon le lieutenant colonel, directeur de la zone Nord-Est de l’OIPR (Office ivoirien des parcs et réserves) chargé de la gestion du Parc, « au premier trimestre 2021, 54 clandestins ont été arrêtés dans cette aire protégée. Parmi ces personnes appréhendées, figurent 35 orpailleurs dont des élèves, 9 bouviers et 10 braconniers. Au deuxième trimestre de la même année, 72 clandestins ont été mis aux arrêts dans le parc ».
Pour le premier responsable chargé de la gestion du Parc national de la Comoé, il faut que les parents d’élèves sensibilisent leurs enfants en les invitant à ne pas se transformer en orpailleurs dans le parc, car ils courent de gros risques avec cette crise sécuritaire marquée par la menace des terroristes dans la région du Bounkani.
« Nous constatons tristement que l’orpaillage clandestin a pris une autre tournure avec la présence des élèves dans les sites illégaux d’extraction d’or dans le parc » alerte le lieutenant-colonel Yao Kouadio Roger.
Selon Noufé Ibrahim, un habitant de Bouna, « à coté des élèves qui infiltrent le Parc national de la Comoé, il y aussi leurs maîtres dont un, exerçant dans la sous-préfecture d’Ondéfidouo, a abandonné la craie pour s’introduire dans l’aire protégée. Manque de pot pour lui, arrêté récemment en flagrant délit de recherche du métal jaune dans le parc, il aurait été condamné, avec de larges circonstances atténuantes, à une peine d’emprisonnement assortie de sursis. C’est dire que l’orpaillage n’est pas l’apanage des seuls illettrés » fait observer notre interlocuteur. « La quasi-totalité des chefs de famille de Bouna, ajoute-t-il, ont leurs ses orpailleurs dans le Parc de la Comoé. C’est ce qui ne permet pas de juguler le phénomène de l’orpaillage », conclut ce jeune homme d’une trentaine d’années.
Zone aurifère
À la vérité, le Parc national de la Comoé est une zone aurifère par excellence. Cette aire protégée couvre les départements de Bouna, Téhini, Nassian, Dabakala et Kong. Sa diversité biologique est composée, entre autres, de 135 espèces de mammifères, 497 espèces d’oiseaux et plus de 1162 espèces végétales. Toutes ces richesses font du Parc de la Comoé, l’une des grandes aires naturelles protégées de l’Afrique de l’Ouest. Il constitue avec le Parc de Tai (situé au Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire), « la diagonale écologique ».
Classé patrimoine mondial de l’Unesco en 1983 et réserve de biosphère un an plus tôt, le Parc national de la Comoé était malheureusement menacé, au point d’être sur la liste des patrimoines en péril de l’Unesco. Mais grâce aux efforts consentis par la direction de l’OIPR, l’Etat de Côte d’Ivoire et les partenaires au développement, particulièrement la Coopération allemande, les autorités administratives et les populations riveraines, cette hypothèque a été levée en 2019.
Traoré Moussa
Correspondant régional
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