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Politique

L'éditorial de Venance Konan: Et Simone et Bédié dans tout ça ?

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Ainsi donc, le divorce est consommé entre Laurent Gbagbo et Affi N’Guessan. Le premier a décidé de créer son propre parti et de laisser le Front populaire ivoirien (Fpi) au second et ce dernier en a pris acte. Il a annoncé, samedi dernier, que Laurent Gbagbo ne fait plus partie du Fpi. Une page de l’histoire politique de notre pays se ferme donc et une nouvelle s’ouvre. Peut-être même plusieurs. Gbagbo créera bientôt son parti, tandis qu’Affi restructurera le sien. Qui parmi les militants suivra qui ?


Dans une précédente chronique, nous écrivions que si Affi N’Guessan a la légalité avec lui, la légitimité se trouvait plutôt du côté de Laurent Gbagbo. Encore que rien n’est vraiment sûr sur ce point. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Pour le moment, les différents scrutins auxquels le Fpi dirigé par Affi N’Guessan a participé ont montré que son assise électorale est très faible.


Il n’a pas le charisme de Laurent Gbagbo et, apparemment, pas beaucoup de moyens. Sa seule base électorale semble être sa région natale, qui n’est pas très grande, où les autres grands partis que sont le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) ont une bonne partie de l’électorat. Apparemment, le gros des troupes du Fpi se trouve avec Laurent Gbagbo. Parce que historiquement, la base sociologique du Fpi se trouvait à l’ouest, région d’origine de Laurent Gbagbo, mais aussi au sud, en pays attié et abbey et un peu en pays agni.


Il est évident que la situation a, depuis lors, évolué. Le Rhdp a progressé dans toutes les régions du pays, sauf dans le « bédiéland » où le Pdci s’est recroquevillé et il serait faux de dire que les pays attié et abbey sont toujours majoritairement du côté du Fpi. Le Premier ministre Patrick Achi a fait basculer ces régions du côté du Rhdp. Laurent Gbagbo ne doit pas non plus oublier que ce qui a fait sa fortune politique en 1990 fut l’usure du pouvoir d’Houphouët-Boigny, de vieux ressentiments régionaux contre ce dernier qui se sont cristallisés avec le temps et son populisme. Dans ces années-là, en bon populiste qu’il était, Gbagbo avait des solutions très simplistes à tout : « Il n’y a qu’à... ».


Par exemple, « il n’y a qu’à donner un milliard à chaque région pour qu’elle se développe. » Aujourd’hui, le Laurent Gbagbo qui affronte Affi N’Guessan est un homme usé intellectuellement et physiquement, qui ne peut plus faire illusion parce qu’on l’a déjà vu à l’œuvre. Il y a certes des inconditionnels qui le suivront toujours et partout aveuglément, mais il y a ceux qui ont ouvert les yeux et voient les choses avec plus de réalisme. Quels projets pour leur pays, pour leur région, pour eux-mêmes peuvent-ils construire avec le Laurent Gbagbo qu’ils voient aujourd’hui ? N’aurait-il pas été plus sage pour ce dernier, rentré au pays avec l’aura de celui qui a triomphé de la Cour pénale internationale, de prendre sa retraite politique et de devenir l’icône ou la caution morale de son parti, comme l’avait été Nelson Mandela ?


Mais dans tout cela, que feront Simone Gbagbo et Henri Konan Bédié ? Simone suivra-t-elle son ex-mari ou Affi N’Guessan ? Créera-t-elle, elle aussi, son parti ? Laurent, on le sait, ne veut plus sentir Simone. Qui, de son côté, ne porte pas vraiment Affi dans son cœur. Si elle reste au Fpi d’Affi N’Guessan, ce serait pour chercher à l’évincer afin d’avoir une machine pour affronter Laurent. Elle a une légitimité et une aura au sein de ce parti qui pourrait y maintenir de nombreux militants qui n’ont pas envie de suivre Laurent dans sa nouvelle et hasardeuse aventure. La politique dans notre pays étant ce qu’elle est, l’on pourrait assister à un rapprochement entre Affi N’Guessan et Simone Gbagbo afin de contrer Laurent, leur adversaire commun. A moins qu’elle ne décide de suivre son ex-mari dans son nouveau parti, soit parce qu’elle l’aime toujours et ne renoncera à rien pour le reconquérir, soit, au contraire, parce qu’elle aura décidé de lui mener la vie dure car ce serait trop facile qu’il s’en tire à si bon compte.


Henri Konan Bédié, de son côté, cherchait un allié pour se battre contre Alassane Ouattara qui ne lui a pas lui offert le fauteuil présidentiel sur un plateau d’argent. Il est allé à Canossa, pardon, à Bruxelles, rencontrer Gbagbo pour cela. Il a, entre-temps, formé un fumeux et éphémère Conseil national de transition avec Affi N’Guessan qui devait le faire revenir au pouvoir. Puis il a reçu Gbagbo en grande pompe chez lui, à Daoukro. Gbagbo et Affi étant définitivement brouillés, du moins pour le moment, de quel côté son cœur basculera-t-il ? Et s’il revenait tranquillement au Rhdp pour laisser Gbagbo et les siens dans leurs contradictions ? N’a-t-il pas encore compris que cette famille n’est pas la sienne ?


Venance Konan




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