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L’Enquête du jeudi.Abidjan: ce que font les élèves pendant les vacances

Publié le :

Mme Koulaté Liliane , Éducatrice préscolaire

Depuis plusieurs semaines, la majeure partie des élèves ivoiriens sont en vacances. C’est le moment pour eux de se divertir, se distraire. Histoire de se reposer convenablement, de ‘’recharger les batteries’’ pour reprendre le chemin de l’école avec beaucoup de force et de vitalité. Ce temps de repos est toutefois différemment meublé selon le bon vouloir de chaque enfant et de leurs parents. Il y a ceux qui ont fait le choix de mener des activités qui peuvent leur rapporter de l’argent. Tant dis que d’autres ont choisi de se distraire à fond. Ce sont les deux tendances qui ressortent des informations recueilles auprès de plusieurs élèves approchés.


Assis derrière une petite table sur laquelle sont disposés des outils pour la cordonnerie, NJA élève en classe de 3eme dans un établissement privé de la commune d’Abobo, qui vient fraichement d’obtenir son Brevet d’études du premier cycle (Bepc) a décidé d’exercer cette activité tout le temps que dureront ces vacances scolaires. Pour ce faire, le nouveau breveté s’est installé non loin de la cours familiale, qui est située à une centaine de mètres de l’Espace de la paix à Abobo Akeikoi-extension. Un lieu où sont fréquemment organisées des cérémonies de tout genre. NJA, qui aurait pu jouer au football à l’instar de ses camarades du quartier a fait le choix de rentabiliser un savoir- faire que l’un de ses oncles lui a inculqué depuis l’âge de 8 ans. On ne peut pas dire que cet adolescent perd son temps. Pour un amateur en cordonnerie, il s’en sort plus tôt bien. Il empoche en moyenne 2 500 Fcfa par jour. Le plus intéressant est qu’il est tombé d’accord avec ses parents afin qu’une partie de son revenu serve à l’achat de ses fournitures scolaires. C’est dans cette même optique que c’est inscrit Y K, qui fera la classe de première. Il a décidé de transporter les marchandises des femmes dans les marchés à l’aide d’une brouette pour se faire de l’argent. En dépit de sa petite forme, le jeune homme parvient à transporter des marchandises, qui visiblement semblent un peu lourdes pour lui. Mais c’est ce qu’il a trouvé de mieux à faire pour aider ses géniteurs à assurer ses frais de scolarité. Surtout qu’il est issu d’une famille de 7 enfants et que son père aux revenus modestes, n’est pas en mesure de le faire. Moins chanceux que NJA, sa recette varie entre 1 000 Fcfa et 2 000 Fcfa. En plus, il doit déduire de cet argent 300 Fcfa, qui servent à la location de la brouette. Bien qu’ayant fait le choix de consacrer une partie de ses vacances à mener une activité génératrice de revenus, GGE qui fera la classe de terminale au lycée moderne 1 d’Abobo a choisi un job de vacances moins fatiguant. Il a décidé de gérer la cabine téléphonique d’un particulier. Mais, il doit partager ses recettes, qui se situent entre 1 500 Fcfa et 2 000 Fcfa, avec le propriétaire de la cabine. A hauteur de 50%. Cependant, c’est avec joie qu’il a saisi cette opportunité, en ce qu’elle lui offre l’occasion de donner une bouffée d’oxygène financière à son père. Puisque ce dernier va consacrer une partie de son argent à l’achat de ses manuels scolaires. Une autre part de cet argent servira à payer les cours de vacances que GGE doit suivre en août prochain. Cela pour dire que ses vacances seront partagées entre la gestion de la cabine de téléphone et les cours de vacances.

Les filles ne sont pas en reste. Employée de ménage à l’Université catholique de l’Afrique de l’ouest (UCAO), Marcelline Fatim n’a pas fait de difficultés à accepter que sa deuxième fille, qui va faire la classe de première pour la prochaine rentrée académique, passe ses vacances à faire du babysitting. Elle surveille l’enfant d’une expatriée française vivant à Cocody. Avec un brin de sourire, elle nous confie : « l’argent qu’elle va gagner est à elle. Elle fera ce qu’elle en veut. Nous les parents ne toucherons pas un seul centime ».

Gérante de cabine téléphonique non loin de la cité universitaire d’Adjamé, Kouakou Brigitte a pour sa part été plus active. Elle a cherché et trouvé un job de vacances pour deux de ses petites sœurs, qui sont venues passer les vacances chez elle. « Je les ai placées comme filles de ménages chez une dame à Angré », explique Kouakou Brigitte. Et cela, afin qu’elles gagnent un peu d’argent pour l’achat de leurs fournitures scolaires. « Je l’ai fait car mes moyens financiers sont limités en plus, notre mère qui vit au village, n’en a pas assez, pour assurer aussi bien les frais de scolarité que l’achat des fournitures scolaires de ses filles, qui fréquentent un établissement privé de Sago, une sous-préfecture de Sassandra ». Elles n’ont par conséquent pas le temps de se distraire. Contrairement au premier fils de Marcelline Fatim, qui va passer le Bac l’année prochaine. Il s’adonne pour sa part à fond au divertissement. Selon sa mère, il passe le clair de son temps à jouer au football ou à aller nager.

A fond dans la distraction

Le mardi 13 juillet 2021, nous apercevons 3 enfants, dont l’âge tourne autour de la dizaine, qui s’amusent avec leurs vélos sur la voie principale de la cité les 80 logements, située dans la commune d’Adjamé, en face de Fraternité Matin. Il s’agit de KD, TA et un cousin à KD, répondant au nom de OM, qui est venu de Bouaké pour passer les vacances chez le père de KD, qui est un de son oncle. Ils font la course pour choisir le meilleur cycliste parmi eux. Ils disent passer ainsi une bonne partie de leurs journées à faire du vélo, à jouer au football. Pour permettre à son cousin venu de Bouaké de bien se divertir, KD l’entraine avec lui à chacune de ces activités. Et le petit bouakéen affirme passer ainsi du bon temps avec son cousin. Il n’empêche que malgré leur emploi du temps, somme toute chargé, les deux élèves de l’école primaire municipalité d’Adjamé trouvent le moyen d’aider leurs géniteurs. Tandis que KD fait la vaisselle pour sa mère, qui vend au marché Gouro, TA lui vend de l’eau glacée en sachet pour la sienne dans le même marché. Un temps pour les études figure également dans leur programme. Alors que KD s’occupe à réviser ses cours, TA, lui suit des cours d’apprentissage de la langue Arabe dans une école confessionnelle musulmane. Son père le prépare d éjà à une carrière d’imam. Et il met les moyens pour ce faire. Toutefois, le bambin n’a pas pu communiquer le montant de la somme que son géniteur a consacré à ses cours. Aka Georges, agent commercial a Socida, qui souhaite que son fils devienne architecte, l’a inscrit pour suivre un mois de cours d’architecture à l’Insaac. Ce sera sa principale activité pour les vacances actuelles. Le reste du temps, il va le meubler avec des activités d’une organisation de l’église évangélique qu’il fréquente. Le contenu de cette organisation porte sur la musique, les études bibliques, les activités éducatives, et autres. Tout ce qui précède fait appel à des moyens financiers. C’est justement par manque d’argent que Roger Kakou, tenancier d’un kiosque à café à Adjamé Liberté, n’a rien prévu pour occuper ses enfants au cours de ces vacances. « Le programme de mes enfants, c’est la télévision, la bouffe et le sommeil ». S’il avait des moyens financiers conséquents, le tenancier de kiosque soutient qu’il enverrait ses enfants au village pour qu’ils apprennent leur parler leur langue maternelle. Ensuite, il les inscrirait pour les cours de vacances. Puis il leur achèterait des bandes dessinées pour qu’ils les lisent. Par ce qu’elles sont pour lui, de puissants canaux pour instruire les enfants. Patrice Séka, professeur de mathématique dans un établissement secondaire privé de la même commune, a concocté un plan merveilleux pour les vacances de ses enfants. Il s’agit de la participation à la finale de Wozo vacances, des sorties à la plage, des balades dans les zones industrielles, les Chu et autres. Sauf qu’il attend que son employeur lui remette ses arriérés de salaires. Sans quoi tout le beau programme qu’il a élaboré tombera à l’eau.


8 heures de télévision par jour sont nocifs à la santé des enfants

Spécialiste de la protection de l’enfant et éducatrice préscolaire, Mme Koulaté Liliane explique que les activités que les parents proposent aux enfants ne doivent pas être choisies au hasard. « Elles doivent être fonction de l’âge, de la structure de la famille, de l’environnement, et des centres d’intérêt que les enfants manifestent ». Ces centres d’intérêt ne peuvent être connus qu’à travers une communication que les parents établiront avec leurs enfants.

Etant donné le fort attrait de la télévision, l’éducatrice préscolaire a souligné avec insistance que les enfants ne doivent pas en abuser. Car, cela est nocif pour leurs yeux, leur développement harmonieux et global. Bref pour leur santé. Aussi ne devraient –ils pas passer huit heures d’affilé à regarder la télévision.

Elle attire également l’attention des parents sur les cours de vacances. Elle les invite à s’assurer que le contenu ou le programme n’est pas trop long. Ou du moins qu’il est allégé. « Ils sont en vacances. On ne peut donc pas les soumettre à un régime normal, comme s’ils partaient à l’école ». Cela peut entrainer la fatigue et le surmenage si l’on n’y prend garde. De sorte qu’ils ne pourront pas ‘’répondre’’ correctement quand les cours normaux vont reprendre.

Même son de cloche en ce qui concerne l’organisation des colonies et camps de vacances. Pour éviter de regretter, de l’avis de Mme Koulaté Liliane, il faut mener une enquête sur les organisateurs, pour savoir si ce sont des professionnels, s’ils ont l’autorisation d’exercer. Ils doivent chercher à savoir s’ils sont de bonne moralité, car ils peuvent semer autre chose dans l’esprit de leurs enfants. Il leur faut aussi connaitre les voies de recours qui s’offrent à eux au cas où ils ne retrouvent pas leurs enfants.

Pour ceux qui veulent orienter leurs enfants vers l’acquisition d’une compétence (cordonnerie, coiffure,…), ils doivent veiller à une réduction de la pénibilité. Ils doivent s’assurer que leurs enfants sont encadrés par des professionnels, qui de par leur présence assurent leur sécurité, leur santé et évitent qu’ils soient exposés à des produits toxiques. « Permettre aux enfants pendant les vacances de découvrir en famille un musée, la mer, des forêts, des rivières qui coulent naturellement, et autres construit leur personnalité » conclut Mme Koulaté Liliane.


Junior Jeremy








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