Côte d’Ivoire .Piqûre de rappel

L’ancien Président Laurent Gbagbo était les 10 et 11 juillet à Daoukro, capitale de l’Iffou. Il y est allé rencontrer Henri Konan Bédié, celui qu’il a traité dans un de ses livres, lorsqu’il était à la Cour pénale internationale, de Esaü qui a vendu son droit d’aînesse contre un plat de lentilles. Comme il fallait s’y attendre, l’ancien Président a parlé politique. Il est allé dans tous les sens, sauf dans ceux de la raison et de la réalité. Il s’est prononcé sur l’actuel mandat du Chef de l’État, sur les morts occasionnées par le mot d’ordre de désobéissance civile lancé par le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, qui a décidé de ne pas aller au scrutin du 31 octobre 2020 et sur la Constitution. Mais il a eu tout faux sur toute la ligne. C’est pourquoi nous pensons qu’il lui faut une petite piqûre de rappel pour lui rafraîchir un tout petit peu la mémoire. Sur la question du mandat du Président Ouattara, Laurent Gbagbo semble avoir oublié la notion de République. Il semble ne plus connaître le processus qui fait passer d’une République à une autre. A chaque fois qu’on se dote d’une nouvelle Constitution, on passe à une autre République qui remet les compteurs à zéro dans le cadre du mandat présidentiel. Ne revenons pas sur un problème qui a trouvé solution. Le Conseil constitutionnel, l’organe chargé de cette question, a tranché. Il y a eu une élection et c’est ici qu’il aurait dû s’allier à Henri Konan Bédié qui était en lice pour battre le Président Ouattara dans les urnes, à la loyale. Mais sans surprise pour nous, il n’a pas appelé ses ‘’Gbagbo ou rien’’ à porter leur choix sur le candidat du Pdci-Rda qui, lui, a préféré prendre la poudre d’escampette parce qu’il savait qu’il n’avait aucune chance de battre le Président sortant qui a un bilan à tous les points positifs. Pis, parlant des morts lors de la présidentielle d’octobre 2020, Laurent Gbagbo feint d’ignorer que c’est l’appel d’Henri Konan Bédié à la désobéissance civile qui en est la cause. Il feint d’oublier que des leaders politiques, par cet appel, ont voulu opposer les Ivoiriens. Aucun des morts n’est imputable aux forces de défense et de sécurité qui ont, dans les règles de l’art, joué leur partition. Elles sont restées profondément républicaines à la différence de ces hommes qui, pendant la crise de 2011, ont ouvert le feu sur d’autres Ivoiriens qui voulaient simplement exprimer leur point de vue. Que dit Laurent Gbagbo du Conseil national de transition créé par Henri Konan Bédié qui avait lancé un appel à tous à se mettre, encore une fois, à sa disposition ? Comme le prône, son ancienne épouse, Simone Gbagbo, tous nos actes doivent aujourd’hui concourir à la paix. Si on ne peut tenir ce cap, il serait bon de se taire.

Étienne Aboua