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Kibarou

Faut-il toujours considérer la Côte d’Ivoire comme un pays forestier ?

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Secret de polichinelle : la Côte d’Ivoire a mal à son patrimoine forestier. Sujet bien rabâché en soi, qui revient par intermittence chaque année rebattre les oreilles ici et là. A telle enseigne que le fait ne semble plus émouvoir grand monde. Preuve manifeste que, jusqu’ici, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation que les pouvoirs publics et autres bonnes volonté ont pendant des décennies effectuées, la conscience écologique qui devait finir par naitre dans les esprits ; est loin d’être une réalité. Oui, vraiment encore bien loin de définir la pensée des Ivoiriens, et s’incarner en une véritable préoccupation nationale. Et dire que, ce ne sont pas non plus les différentes manifestations annuelles de la nature qui leurs sont étrangères, pour susciter cela.

Qui se préoccupe réellement de l’état de dégradation avancée et continue de la forêt ivoirienne, en dehors des pouvoirs publics, qui restent encore dans l’usage des solutions stéréotypées. Lesquelles paraissent plutôt désormais bien dépourvues de toute efficacité. En effet, la sensibilisation des populations à s’impliquer dans la conservation forestière, en s’abstenant de tous acte et initiatives susceptibles de détruire la forêt, les opérations de reboisement des espaces forestier dégradés par l’aménagement des exploitations agricoles ; tout comme l’exhortation ici et là des populations à se lancer dans la création de forêts privées, ainsi que des Conseil municipaux et régionaux à créer des forêts communales et forêts régionales, n’ont jusqu’ici rien donné. Pour avoir été au contraire perçues comme des actions inintéressantes, voire surannées pour certains leaders politiques, qui n’ont jamais rien vu dans l’arbre qu’une banale composante de la nature. Dont on peut bien se passer, sans que cela n’affecte outre mesure, l’existence humaine. Réflexion de bas étage, qui relève d’esprits non évolués par rapport aux grands déséquilibres écologiques en opérations depuis plus deux décennies déjà, partout dans le monde. Des déséquilibres qui font subir progressivement une métamorphose à la planète et dont on dit que le catastrophisme final attendu ou prévu, pourrait être d’un préjudice sans précédent pour toute la population terrestre. « Affaire de blanc que tout cela », disent-ils de cette autre réalité, pour éviter d’y accorder le moindre intérêt, la moindre considération. Et ce, quand bien même ils en vivent ou subissent les affres d’une manière comme d’une autre au quotidien. Inconsciemment ou consciemment.

L’on a pendant de longues années attendu les conclusions du dernier inventaire forestier et faunique de la Côte d’Ivoire, qui viennent enfin d’être rendues publiques. Elles n’affichent aucun point de satisfaction, quant aux effets de la lutte engagée contre la destruction de la forêt, depuis 1978 par exemple jusqu’à aujourd’hui. 1978 étant l’année de la dernière opération dudit inventaire. Il ne reste plus que 2 millions et 97mille hectares de forêts à la Côte d’Ivoire. Soit 9,2% de couvert forestier national. Alors question : faut-il continuer de la considérer comme un pays forestier, contribuant donc de façon significative à l’absorption planétaire des gaz à effet de serre, émis à travers le monde ? Puisqu’elle ne peut même plus se targuer d’avoir de la forêt, sur au moins 20% de son territoire. Le taux de couverture forestière nationale exigé, en vue de jouir du titre de pays forestier. On le voit, la situation de la forêt ivoirienne est bel et bien alarmante. Et cela dure depuis. Pour autant il ne se trouvera qu’une minorité pour se montrer sérieusement préoccupée par ces résultats comme d’habitude. Après quoi, plus rien. La puissance publique de son côté remettra ses mêmes méthodes. Ces dernières innovations en matière de conservation, notamment l’adoption d’un nouveau code forestier, ainsi que la promotion des agro-forêts, sont loin de convaincre nombre de spécialistes nationaux et autres, quant à leur efficacité. S’agissant précisément des agro-forêts qui ne sont rien d’autres que la plantation d’arbres aux côtés des exploitations agricoles, le mécanisme de faisabilité demeure encore assez flou dans les esprits.

De la forêt domaniale encore appelée forêt du domaine rural, il n’existe plus que quelques reliques et autres lambeaux forestiers. La tendance de la dégradation est désormais portée sur les 231 forêts classées ainsi que les 16 Parcs et Réserves de faune, dites aires protégées que compte le pays. Les pratiques à l’origine de la dégradation restent les mêmes : agriculture extensive, orpaillage, abattage clandestin des arbres, production du charbon de bois, braconnage… Des facteurs explicatifs que l’on n’ignore plus, mais auxquels l’on n’a toujours pas réussi à tordre totalement le cou pour autant. Il ne peut plus être question de sensibilisation à ce stade du problème. Ce pourquoi, les opérations de destruction des exploitations de cacao et de café dans les forêts classées, que la Société de développement de la forêt ou Sodefor en abrégé, avait lancées, avaient été appréciées par nombre de personnes. Solution forte et efficace qui aura permis de libérer quelques forêts des entraves à leur conservation et émousser les ardeurs à toujours vouloir occuper ces forêts classées, ces parcs et réserves. Mais en dépit de cela, des voix fusant de cœurs forts insensibles à la destruction forestière, ont pu s’élever pour fustiger ladite solution. Pendant que de leurs côtés, des politiques bien en mal de publicité s’en sont saisis pour jouer leur rôle d’opposants. Trop de bruit autour d’une action appropriée, que la Sodefor s’est vue dans l’obligation de ne plus médiatisée, après son lancement à Sassandra et à suspendre par la suite. Il y a eu également, l’organisation des Etats généraux de la Forêt, avec de nombreux spécialistes. Mais dont on a malheureusement rangé les conclusions dans les tiroirs. On en est là. Et la forêt continuera de disparaitre, tant que chaque Ivoirien n’aura pas pris sur lui l’engagement de respecter l’arbre, de le sacraliser à la limite, comme un élément indispensable à l’équilibre de la nature, donc de la vie tout court. Une attitude induisant donc sa préservation autant qu’on préserve la vie. Cela est déjà une réalité en Inde par exemple, où abattre un arbre dans la rue ou chez soi, sans raison appréciée des autorités, a simplement valeur d’acte criminel. Il faut qu’on y arrive, pour voir nos grandes villes avec Abidjan en prime, couvertes d’arbres grâce aux nombreuses forêts qui auront ainsi été aménagées.

Moussa Ben Touré




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