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Politique

Devoir de mémoire.16 juin 1976, Soweto ou l'histoire d'une révolte

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In loving memory of HECTOR PIETERSON : 16 juin 1976 -16 juin 2021

La lutte des Sud-Africains noirs contre l'apartheid a toujours été active dans le paysage politique de l'Afrique du Sud. Avec la création de l'ANC, le Congrès national africain qui fut fondé en 1912, les combats furent structurés sous l'égide d'une idéologie, celle de l'égalité et du partage des richesses. Les Noirs ont toujours lutté contre les discriminations raciales, une lutte incarnée par Nelson Mandela. En 1952, plus de 8 000 Noirs furent arrêtés et torturés pour démanteler l'ANC. Quelques années plus tard, en 1955, dans un souci de lutte démocratique, une charte fut rédigée exactement. Cette charte inscrivit l'égalité entre tous et stipula que l'Afrique du Sud appartenait à tous ceux qui y habitaient, Blancs et Noirs. Ce texte indiquait qu'un gouvernement démocratique devait émaner du peuple, que les richesses minérales du sous-sol, les banques, les industries devaient appartenir au peuple. L'ANC exigeait aussi que l'attribution des terres ne se fasse plus sur la base de la couleur de la peau. Un tel programme politique ne fut jamais entendu par les Afrikaners et face à la réaction encore plus violente et plus discriminatoire de Pretoria, le mouvement de l'ANC est passé de la lutte non violente à la violence pour défendre les droits des Noirs, une violence sur les biens.

De l'ANC…

à la suite de ses actions et de ses discours virulents contre l'apartheid. Il fut traduit en justice pour haute trahison et pour sa défense, il déclara : « Nous, membres de l'ANC, avons toujours lutté pour une démocratie non raciale et refusions toute politique qui séparait les races. Mais la réalité des faits montre qu'après cinquante ans de non-violence, les Noirs sont au même point, plutôt avec plus de lois racistes et répressives et de moins en moins de droits. Dans ce cas, il serait non réaliste et non productif de continuer à prêcher la non-violence quand le gouvernement répond avec violence à nos demandes pacifiques. » C'est dans ce contexte social, politique et idéologique que le Umkhonto We Sizwe (Le Fer de la nation) est né pour lutter de manière plus ferme contre l'apartheid. Cet engagement a mené Nelson Mandela à passer vingt-sept ans à la prison à Robben Island, au large de Cape Town.

…Au Mouvement de la conscience noire

Plus tard, un jeune nommé Steve Biko, âgé de 22 ans, crée l'Organisation des étudiants africains, la Saso, pour continuer la lutte, appelant tous ceux qui souffraient de l'apartheid à s'unir et à lutter. Il a insufflé l'idée qu'il fallait être fier d'être noir – ce qui lui vaut le surnom de père du Mouvement de la conscience noire – et qu'il fallait se ressourcer dans sa culture et ses propres systèmes de valeur. À partir de 1973, des manifestations furent organisées pour protester contre la cherté de la vie et les salaires trop bas. Mais c'est 1976 qui allait marquer les esprits en Afrique du Sud et dans le monde. En effet, des manifestations eurent lieu à Soweto avec des élèves qui se soulevèrent contre l'enseignement de la langue afrikaans, la langue des Boers, contre l'enseignement de toutes les matières par la langue afrikaans. Cette dernière ne les menait que vers des professions subalternes, toujours au service des Blancs. Ces élèves de Soweto savaient que l'anglais pouvait leur donner plus de possibilités d'ouverture, leur offrir plus de possibilités, comme poursuivre des études universitaires. La décision était prise, ils ne voulaient pas de cette langue de l'asservissement. La révolte des élèves du 16 juin 1976 de Soweto s'est soldée par un carnage : 494 élèves noirs, 75 métis et un Indien furent abattus froidement par la police de Pretoria. Le choc fut tragique à Soweto, ce qui consolida l'influence de Winnie Mandela et donc celle de l'ANC dans tous les townships du pays. Les révoltes ne cessèrent pas et les manifestants portèrent toujours les couleurs de l'ANC, comme en 1985 avec les grandes grèves qui se sont succédé, à l'instar du boycott des bus, des écoles, ainsi que des révoltes des femmes, avec à leur tête Winnie Mandela qui organisa la lutte contre les « laissez-passer ».


Un massacre qui va choquer la conscience universelle

La situation devenait de plus en plus difficile pour le gouvernement de Pretoria au point que le Premier ministre Botha instaura l'État d'urgence en 1986, afin de rétablir l'ordre dans les townships. La répression, encore une fois, fut féroce, des bannissements furent décrétés, comme celui de Winnie Mandela, qui fut transférée avec sa fille à Banford. Des assassinats d'activistes noirs eurent lieu. L'Afrique du Sud des Afrikaners était en situation de guerre, pour la survie de ces derniers. Des restrictions furent instaurées, la censure fut appliquée à tous les niveaux, y compris dans la production littéraire. Des romans de Nadine Gordimer furent interdits. En 1988, la situation devenait tragique pour les Noirs et les Indiens d'Afrique du Sud. Le gouvernement de Pretoria ne voulait pas entendre parler d'une révision de la loi apartheid et en 1989 la situation politique était complètement bloquée. Pour l'opinion internationale, le temps des négociations était venu. La révolte de Soweto du 16 juin 1976 fut sans aucun doute un tournant décisif pour toute une génération de Sud-Africains qui ne voulaient plus vivre comme des sous-humains.


Benaouda Lebdai



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