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Quand la FIFA est hors jeu en Côte d'Ivoire

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Le but étant de comprendre, avec du recul, les raisons ou motifs réels de la mise sous normalisation de la Fédération Ivoirienne de Football, j'ai revisité ces dernières heures les deux correspondances adressées par la Fifa à celle-ci , le 24 Décembre 2020 et le 14 janvier 2021.

Petits rappels : le courrier du 24 Décembre 2020 est celui par lequel la FIFA informe la FIF de sa décision de la placer sous normalisation. Quant au courrier du 14 janvier, il est celui par lequel la FIFA, à l'issue de sa mission des 13 et 14 janvier 2021, informe la Fédération de la composition du comité de normalisation.


Une lecture attentive de ces deux correspondances de la FIFA à la FIF appelle quelques réflexions. Entre autres, en soutien de sa décision de normalisation, la FIFA a reproché au Comité Exécutif sortant de la FIF la fin de son mandat qui, selon elle, serait venue à son terme le 19 Février 2020. Sans être juriste, je crois savoir qu'un mandat donne de la légalité ou de la légitimité à son bénéficiaire. De ce fait, soutenir que le mandat du Comité Exécutif sortant avait expiré revenait à dire, tout simplement, que le bureau fédéral dirigé à l'époque par Augustin Sidy Diallo n'avait plus de l'égalité ou de légitimité, passé ce 19 février 2020. Ainsi, tous les actes posés ou pris devraient en souffrir également. Or, nous nous souvenons tous que c'est grâce à l'acte de parrainage du Comité Exécutif sortant que notre compatriote Jacques ANOMA a pu se porter candidat à la présidence de la Caf et de façon subséquente à la vice-présidence de la Fifa. La candidature de Jacques ANOMA ayant bel et bien été validée par la commission de gouvernance de la caf et par la commission de contrôle de la Fifa, c'est dire que ce motif tiré de la fin de mandat du Comité Exécutif sortant de la FIF ne tenait pas la route.


L'autre motif sur lequel la FIFA appuyait sa décision de normalisation était, selon elle, l'incohérence des textes de la fédération, notamment "ses statuts et son code électoral qu'il faut absolument réviser." Et c'est bien l'une des missions figurant sur la feuille de route du comité de normalisation. Or dans son courrier du 14 janvier, reprécisant les missions du comité de normalisation, la Fifa indique ceci : " pour rappel, le mandat du comité de normalisation...inclut les tâches suivantes...réviser partiellement les statuts et du code électoral de la FIF( LORSQUE NÉCESSAIRE dans le contexte des élections ) afin de garantir leur conformité avec les statuts et les exigences de la Fifa..." Je trouve ahurissant ce que dit là la Fifa. Elle reconnaît, selon moi, qu'il n'est pas nécessaire ou indispensable de réviser les statuts et le code électoral de la fif pour aller aux élections. Dans ces conditions, pourquoi a t-elle avancé pareil motif pour prendre sa fameuse décision de normalisation ?


Par ailleurs, parmi les missions du comité de normalisation figure aussi la tâche de réviser les statuts de certaines parties prenantes membres actifs de la FIF. Cette mission est surprenante : elle est en tout point de vue contraire aux statuts de la Fifa elle-même et à ceux de la FIF. Les membres actifs étant des associations dont l'organe législatif est l'assemblée générale, seule cette assemblée peut modifier les statuts de l'association. Alors, que la FIFA à travers le comité de normalisation s'arroge le droit d'intervenir directement au sein des membres actifs (clubs) régies par la loi ivoirienne relative aux associations pour vouloir modifier leurs statuts est infondé et inconvenant. Même la fédération ivoirienne de football à qui ces membres actifs sont affiliés ne saurait, dans ses rapports avec eux, s'arroger ce droit, à fortiori la FIFA qui ne doit pas avoir de rapport direct avec les clubs de ses associations membres, les fédérations nationales. L'interlocutrice directe de la Fifa est la fédération, membre affilié.


En dernier lieu, la FIFA donne mission au comité de normalisation pour organiser les élections à la présidence de la FIF et agir en qualité de commission électorale dont les décisions seront prises en premier et dernier ressort. Là encore, cette décision de la FIFA pose problème, loin des règles de bonne gouvernance. Ma compréhension des choses est que le comité de normalisation agit en tant qu'organe de gestion de la FIF, donc de comité exécutif. C'est comme si on demandait au comité exécutif d'être aussi la commission électorale. Juge et partie en quelque sorte. Il est inévitable que dans ces conditions certaines influences qu'elle aura subies ou développées en tant que comité de gestion seront transposées dans son rôle de commission électorale. Dans le cas des élections à la FIF, certaines manœuvres de la FIFA montrent bien qu'elle est partie prenante à ces élections et qu'à tout le moins, elle soutient un candidat. Cela n'est plus un secret de polichinelle. Le comité de normalisation/ commission électorale peut-il s'opposer aux instructions de la FIFA dont il tient son mandat et ses importants subsides ?

Les sorties très médiatisées ces dernières semaines et les uppercuts savamment ajustés du comité de normalisation vis à vis du Comité Exécutif sortant sont là pour confirmer nos craintes quant à l'impartialité qui devrait être de mise de la part du comité de normalisation/ électoral.


Je termine mon exposé en évoquant ce pouvoir absolu donné à la commission électorale par la FIFA, celui d'avoir à agir en premier et dernier ressort. C'est une autre incongruité d'une extrême gravité. En le disant, la FIFA prive d'ores et déjà les candidats qui trouveront les décisions de la commission électorale injustifiées à leur égard du droit de se pourvoir devant une instance de recours. Or, un double degré de juridiction vise à garantir les droits des candidats. C'est un gage de bonne justice. La FIFA, de mon point de vue, en prenant pareille décision , se trouve ainsi en porte à faux avec les standards internationaux modernes de démocratie, de justice et de bonne gouvernance.

Emmanuel Koffi

Journaliste






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