Fait à la fois surprenant et fortement choquant : la mort est devenue une réalité des plus banales aux yeux de nombre d’Ivoiriens. Surtout lorsque celle-ci porte sur des personnalités politiques de premier plan. L’on trouve alors les moyens de tourner en dérision la disparition de celles-ci. A travers des mensonges et des affabulations savamment ficelés qui ne se limitent point au défunt, mais qui touchent toute la classe politique à laquelle il appartient. Avec surtout des projections dans le genre « ce sera bientôt le tour de x ou y ».
Comme si une telle pratique relevait d’un jeu, ils s’y adonnent à cœur joie. Enflammant les réseaux sociaux au travers de fausses informations, dont de nombreuses personnes sont toutes aussi quotidiennement prêtes à se délecter sans répit. Où va donc la société ivoirienne ? Quand, au nom de la liberté et de la démocratie, l’on perd toute valeur morale, avilissant plutôt les consciences et détruisant les traditions, en ce qu’elles ont de plus précieux et de plus chers, pour identifier notre humanité. Déchéance sociétale en devenir, qui révolte de plus en plus, plus d’un observateur. Et le plus inquiétant, voire gravissime, est que cette condamnable attitude revient régulièrement, en dépit de toutes les dénonciations que l’on en fait sans cesse. Doit-on banaliser la mort ? quand on sait ce qu’elle représente ? C’est-à-dire la fin de la vie ici-bas, qui s’imposera à tout être. Tant il est vrai que chaque âme, quelle qu’elle soit, goûtera à la mort. Avec la maladie, la mort est bien ce que nous avons tous en commun dans nos destins respectifs.
Aucun destin ne peut prétendre en être dépourvu. Aucun mort n’emportera toute la terre avec lui. Autrement dit, il y aura toujours de la place pour ceux qui vivent en attendant leur tour. Car c’est bien cela, le cycle de la vie pour chaque être à la matérialité existentielle relevant d’un souffle. Alors diantre, pourquoi exulter, se réjouir et se satisfaire de la mort d’un être fusse-il un adversaire de quelque nature que ce soit ? Imaginer, disserter spéculer sur sa mort, en remettant en question, le ou les facteurs explicatifs déclarés de celle-ci ? Une attitude qui en rajoute assurément à la douleur psychologique à laquelle sont en proie, les parents du défunt.
Aucun être pensant, en tout cas bien en possession de toutes ses facultés ne saurait justifier une telle posture, par l’usage de la liberté d’expression. Aberration sordide et primaire qui lui hotterait alors, tout trait ou caractère civilisationnel. Pour en faire un véritable sauvage, malencontreusement perdu au sein d’une société d’êtres civilisés. Dont on devra songer à l’extirper, à défaut de pouvoir le soumettre au changement qui s’impose à sa personne.
Moussa Ben Touré
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