Mise en place en 2015, l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI), a pour but de pallier selon l’Etat, au déficit de l’enseignement universitaire et à la croissance importante du nombre d’étudiants. Cette Université qui forme à ce jour plus de 5000 étudiants dans 16 spécialités en Licence, Master et Doctorat, a pour missions de vulgariser la formation à distance et de diffuser la culture du numérique. Comment s’y déroulent les cours en ligne ? Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les étudiants. Notre enquête.
Mardi 2 février 2021, il est 10 heures quand nous arrivons dans l’enceinte de l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire, sise à Cocody II Plateaux. Il y régnait un calme plat. Devant le bureau de la scolarité situé au 1er étage du bâtiment, une jeune dame s’entretenait avec des étudiants venus prendre des renseignements pour la rentrée universitaire 2020-2021. D’autres, des anciens certainement, entraient à tour de rôle à la scolarité, pour des réclamations ou d’autres types de préoccupations.
Après s’être annoncé auprès du secrétariat de l’Université, nous nous rendons au service de la pédagogie de l’UVCI, pour savoir comment les cours en ligne se déroulent dans cette Université. Là, nous sommes reçus par Mme Berthe Pauline, la responsable de ce service qui nous explique tout le processus. « A l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire, les cours et les inscriptions se font en ligne. Lorsque l’étudiant s’inscrit, on lui crée une plateforme dénommée Campus, dans laquelle ses professeurs lui transférèrent les cours. Dès qu’il reçoit ses cours en début de semaine, ils les téléchargent. Ensuite, il se rend ici les week-ends pour les évaluations. Si l’étudiant ne comprend pas une partie ou un aspect du cours, il se réfère à son tuteur sur sa plateforme qui est censé répondre à sa question. Le tuteur est un informaticien qualifié, qui prend le relai après le professeur. Enfin, pour suivre les cours à l’Université virtuelle, il faut nécessairement avoir un ordinateur ou un smartphone et une connexion internet ».
Tel que présenté, ce système de formation à distance parait simple et bien fonctionner. Cependant, il s’avère que bon nombre d’étudiants avec qui nous avons échangé, disent souvent éprouver beaucoup de difficultés à comprendre des cours. C’est le cas de César Kouassi, étudiant en Licence 3 de Monétique et sécurité des transactions. «Nous comprenons difficilement certains cours. Car, ils ne sont pas bien expliqués ». Une préoccupation soutenue par Flore Azoumé, étudiante en Master 1 de Communication digitale. «Ce n’est pas du tout facile. Pour s’entraider, nous avons formé des groupes d’études. Mais vu que nous habitons dans des quartiers différents, il est parfois difficile de nous retrouver pour étudier ».
Outre cette difficulté majeure à laquelle font face les étudiants de l’UVCI, il y a aussi le problème du tutorat. En effet, selon ces derniers, les questions qu’ils adressent à leurs tuteurs sur leurs plateformes ne trouvent pas toujours de réponse « Lorsque nous posons une question à notre tuteur sur notre plateforme, nous ne recevons pas très souvent les réponses», nous dit encore César Kouassi.
Parmi les problèmes auxquels sont confrontés les étudiants de l’Université virtuelle, Il y aussi le coût de la connexion internet. Sur cette question, bon nombre d’étudiants interrogés disent dépenser en moyenne 10 mille francs Cfa par mois. « Nous n’avons pas assez de moyens pour acheter la connexion. En plus, à part une seule compagnie de téléphonie mobile de la place, les autres souscriptions internet coutent chères et ne durent pas longtemps. Si l’Etat pouvait par exemple nous aider à avoir 10 giga à 5000 francs pour un mois au lieu de 1 ou 2 giga à 2000 Frs, cela va beaucoup nous arranger », plaide Goré Serges, étudiant en Licence 2 sur la Base de données.
Interrogée sur les différentes préoccupations soulevées par les étudiants, la responsable du service pédagogie de l’UVCI, Mme Berthé Pauline a indiqué que les cours sont conçus de manière simple de sorte à faciliter la compréhension. S’agissant de l’indisponibilité fréquente des tuteurs, qui sont l’interface entre les étudiants et les professeurs, elle soutient plutôt que « les tuteurs font le maximum pour bien jouer leur rôle. Mais que ces derniers ne peuvent pas satisfaire à toutes les demandes de plus de 5000 étudiants ». Il convient de préciser que chaque tuteur à en charge, 25 étudiants voir plus.
On le voit, ce système des cours en ligne à l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire, a encore du chemin à faire pour acquérir plus de performances. Et corriger ainsi, les premières faiblesses qu’il connait..
Boubakar Barry
