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Politique

Zéphirin Diabré le " KKB burkinabè"

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Le second mandat du président Roch Marc Christian Kaboré a véritablement démarré.

En effet, tant que le premier gouvernement de son nouveau quinquennat n’était pas formé, il était impossible pour le vainqueur de la présidentielle du 22 novembre 2020 de dérouler concrètement son programme ; quand bien même les secrétaires généraux des ministères assuraient le principe de la continuité de l’Etat, ces derniers n’étaient en charge que de l’expédition des affaires courantes.

Depuis dimanche dernier, ce vide institutionnel a été comblé.

Sur le plan purement numérique, retenons que le gouvernement Dabiré II compte trente-quatre membres dont neuf femmes, avec quatorze personnes qui effectuent leur rentrée dans la salle du conseil des ministres et douze autres qui prennent le chemin inverse.

Pour l’essentiel, tous ceux qui s’attendaient à un grand chambardement ministériel en ont pour leurs illusions, au point que certains parlent de simple remaniement et non de formation d’une nouvelle équipe.

Mais c’est oublier que, sous tous les cieux, la configuration de tout premier gouvernement post-électoral épouse une logique de récompenses des partis alliés au vainqueur.

Il est vrai que le président du Faso et son Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré, ont gardé l’essentiel de l’ossature gouvernementale avec le maintien de la plupart des ministres aux postes régaliens comme Moumina Shériff Sy à la Défense nationale, Alpha Barry aux Affaires étrangères, Ousséni Compaoré à la Sécurité, et Lassané Kaboré aux Finances.

On notera, d’une part, le retour de Pengdwendé Clément Sawadogo à l’Administration territoriale, poste qu’il a déjà occupé sous Blaise Compaoré de 2006 à 2011, et, d’autre part, la rétrogradation de Siméon Sawadogo du poste de ministre d'État, ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, à celui de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique. Ce plongeon dans l’ordre protocolaire ne manque pas de susciter moult conjectures au sein de l’opinion publique.

Mais de tous ceux qui gardent leurs portefeuilles, c’est le maintien de Moumina Shériff Sy et celui d’Ousséni Compaoré qui retiennent l’attention. Car c’est peut-être le signe que le chef suprême des Armées est relativement satisfait de leurs actions sur le terrain de la lutte contre le terrorisme, le mal des Burkinabé depuis ces cinq dernières années.

En effet, il est vrai que, selon certaines statistiques, 2020 aura été moins sanglante en termes de victimes et d’attaques terroristes. Preuve, s’il en est, de la montée en puissance de nos Forces de défense et de sécurité (FDS).

Pour autant, ce combat contre les groupes armés est loin d’être gagné. C’est d’autant vrai au regard du caractère asymétrique et protéiforme du mode opératoire de l’hydre terroriste.

Mais l’Evénement dans la composition de ce nouveau gouvernement reste sans conteste l’arrivée de Zéphirin Diabré dans l’équipe gouvernementale au poste de ministre d’Etat, ministre auprès du président du Faso chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale. « Une institution de mission rattachée au président du Faso » qui fait de Zeph un super ministre, pour ne pas dire un Premier ministre bis qui n’aura donc de compte à rendre qu’au locataire de Kosyam.

Et, comme on le sait, le chef de l’Etat a placé les premiers mois de son second mandat sous le signe de la Réconciliation nationale et du retour des exilés politiques, au premier rang desquels l’ancien président Blaise Compaoré.

Pour remplir cette mission, il fallait un homme ou une femme qui a une certaine épaisseur politique. Et le père fondateur de l’UPC a le profil de l’emploi.

Pour autant, son retour, depuis 1996 (1), dans la salle du conseil des ministres ressemble presque à un suicide politique pour celui qui était, il y a quelques semaines de cela, le chef de file de l’opposition.

C’est vrai que sa bérézina électorale l’a fragilisé au point que cette nomination intervient comme une planche de salut pour au moins garder la tête hors de l’eau.

N’empêche, pour certains, c’est une promotion périlleuse, pour ne pas dire un cadeau empoisonné, l’enfant de Gomboussougou pouvant être accusé de trahison par certains de ses partisans dont il n’a certainement pas requis l’avis avant d’étrenner la tunique de réconciliateur de la nation.

Cadeau empoisonné également, car l’impératif de réconciliation nationale, bien que cher au premier magistrat du pays, n’est ni une chose gagnée d’avance ni la chose la mieux comprise.

En effet, réconciliation d’accord, mais justice d’abord, n’a cessé de répéter le président Kaboré. Alors que, pour les Blaisistes de tout poil, dont Zeph lui-même, le retour du célèbre exilé d’Abidjan doit se faire sans conditions.

Maintenant qu’il doit mettre la main dans le cambouis, comment le mécano en chef de la réconciliation nationale parviendra-t-il à rapprocher ces différents points de vue a priori irréconciliables ?

Mais on imagine que celui que les internautes affublent déjà du sobriquet « KKB burkinabè » a dû discuter avec le chef de l’Etat des garanties solides et des assurances pour mieux réussir sa mission.

La question mérite d’être posée quand on sait que les ayants droit de Thomas Sankara et de Norbert Zongo, pour ne citer que ces victimes emblématiques, observent pratiquement une sorte de veille judiciaire depuis des lustres et rêvent d’accrocher les têtes des frères Compaoré à un croc de boucher.

Si « atomic Zeph » parvient à manipuler avec dextérité cette bombe de la réconciliation nationale sans qu’elle explose entre ses mains, il marquera sans nul doute un bon point politique et décisif pour la suite de sa carrière politique.

Mais s’il devrait échouer, ce serait le chant du cygne pour le Lion.

Alain Saint Robespierre




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