Située entre la zone industrielle de Yopougon et la forêt du banco non loin de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), la cité An 2000 est confrontée à divers problèmes notamment la pollution, le manque de viabilisation et les incendies. Comment vivent-ils cette situation au quotidien ? Pour toucher du doigt les réalités vécues par ces populations, nous avons fait une incursion dans leur univers. Reportage.
Il est 10 heures, lorsque nous arrivons aux portes de la cité An 2000 à Yopougon. Il y règne une bonne ambiance et les populations vaquent paisiblement à leurs occupations. Mais un fait attire subitement notre attention. Les baraques qui étaient situées sous les lignes à haute tension le long de l’entrée de la cité ont tous disparu. Que s’est-il passé ?
Il ressort des renseignements pris, qu’en mars dernier, un violent incendie a ravagé toutes ces maisons en baraque, occasionnant de nombreux dégâts matériels. En effet plusieurs habitants rapportent que l’incendie a été provoqué par une bougie allumée dans la nuit par un homme. Les traces de l’incendie sont encore visibles sur l’espace en ruine transformé en marché.
Après avoir franchi l’entrée de la cité, nous tombons sur les premières maisons en durs. Là, nous assistons à une dispute entre deux voisines. L’une reprochait à l’autre d’avoir verser son eau de lessive devant sa porte. Une situation qui occasionne très souvent des bagarres entre le voisinage dit-on. « C’est comme ça ici. Par manque de canalisation, nous sommes contraints de verser nos eaux usées dehors. Et cela cause beaucoup de désagréments », nous dit Georgette Kouamé.
Comme c’est le cas dans de nombreux autres quartiers populaires des communes d’Abidjan, la cité An 2000 aussi souffre du manque de viabilisation et de système d’assainissement.
« Il n’y a ni caniveaux pour les eaux de ruissellement, ni de circuits pour le drainage des eaux usées. Nous sommes obligés d’installer des tuyaux à l’intérieur de nos concessions pour évacuer les eaux sales. En plus, l’éclairage public fait défaut », nous dit Serges Pacôme. « En saison des pluies, l’eau s’infiltre dans nos maisons et inonde toute la cité », ajoute Thérèse Taba.
Pour faire face à cette situation, certains riverains de la cité ont versé du sable devant leurs portes pour empêcher l’eau de s’infiltrer dans leurs domiciles. Mais cela n’a rien changé à leur calvaire. Construite en 1999 par les pouvoirs publics, pour réinstaller les populations d’Azito, qui ont dû quitter cette zone située à Yopougon, pour laisser la place à la construction de la centrale thermique du même nom, la cité An 2000 est confrontée également à la pollution. Laquelle est causée par l’entreprise Ciments de l’Afrique (Cimaf), d’où émanent au quotidien de grandes quantités de poussière de ciment, qui se déposent partout : sur les barraques, les ustensiles de cuisine, dans les eaux de consommation. Mais surtout, envahissent l’air que les habitants sont obligés de respirer quotidiennement. Une situation qui, de toute évidence met en danger leur santé.
« Nous respirons au quotidien le ciment produit par la Cimaf. Et cela nous gêne énormément. Toutes les surfaces de nos maisons sont recouvertes de ciment. Même notre eau change de couleur au contact de ce produit. Vraiment c’est grave », révèle Thomas Guei. Malgré cela, de nombreux habitants comme ce propriétaire de maisons refusent de partir. Après tout, n’est ce pas l’Etat qui les a installés là, bien avant l’avènement de cette industrie de ciment ? « Nous ne pouvons pas partir car nous sommes propriétaires de maison »
Face aux problèmes auxquels ils sont confrontés, Mondé Jean, chef central adjoint de la cité An 2000, lance un appel aux autorités. « Nous demandons au gouvernement de penser à nous en viabilisant et assainissant notre cité. C’est notre vœu le plus cher », supplie-t-il.
Située dans une zone non constructible, la cité An 2000 fait partie des zones à risque à détruire par la Mairie de Yopougon.
Boubakar Barry