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Politique

Assassinats ciblés : ces crimes perpétrés par les grandes démocraties

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Le scientifique tué en Iran par un commando téléguidé vient allonger la liste des victimes de cette méthode controversée d’élimination extrajudiciaire. Comment réagira l’Iran dans un contexte régional bouillonnant rendu encore plus incertain par la proximité du passage de témoin à la Maison-Blanche ?

Les faits. Voiture blindée, escorte armée n’ont rien pu y faire. Vendredi 27 novembre, un film tragique d’une poignée de minutes vient rompre le train-train quotidien d’Absard, une petite bourgade située au nord-est de Téhéran, la capitale iranienne. Une forte détonation souffle un véhicule, puis la voiture à l’arrière est soumise à une fusillade intense d’un groupe d’assaillants sortis de nulle part, comme dans un scénario hollywoodien. L’homme criblé de balles est identifié comme étant Mohsen Fakhrizadeh, un des cerveaux du programme nucléaire iranien qui donne des sueurs froides à Israël et aux Etats-Unis. Transporté à l’hôpital, le physicien succombera à ses blessures.

Sans citer de sources, l’agence de presse iranienne Fars a affirmé que l’attaque avait été menée à l’aide d’une « mitrailleuse automatique télécommandée » et montée sur un pick-up Nissan. Citant une « source informée », Press TV, chaîne d’information en anglais de la télévision d’Etat, a rapporté que des armes récupérées sur les lieux de l’assassinat avaient été « fabriquées en Israël ». Pour l’heure, Israël n’a pas commenté les accusations de Téhéran.

Qui a tué Mohsen Fakhrizadeh ?

Pour l’Iran, il n’y a pas de doute : c’est Israël. Le président iranien Hassan Rohani a ainsi accusé « les mains impitoyables de l’arrogance mondiale, avec le régime sioniste usurpateur comme mercenaire», d’être derrière l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh. L’Iran, qui utilise en général l’expression « arrogance mondiale » pour désigner les États-Unis, a attribué, par le passé, l’assassinat de ses physiciens à Israël. Mais, Tel-Aviv n’a pas réagi aux accusations de Téhéran, bien que le mode opératoire soit pratiquement le même : filature d’un commando généralement à moto qui fusille la victime à bout portant ou pose d’une bombe dans le véhicule de la cible.

Dans des interviews à des médias iraniens, l’amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, a évoqué «une opération complexe avec un recours à du matériel électronique». A l’en croire, les Moudjahidin du peuple, un groupe d’opposition en exil, « ont forcément dû être impliqués », mais « l’élément criminel dans tout cela est le régime sioniste et le Mossad », relate l’Agence France Presse.

Surtout, concernant Fakhrizadeh, une phrase du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lancée en avril 2018 a refait surface. Présentant le programme nucléaire iranien qu’il estime militaire (alors que Téhéran s’en défend), Netanyahu avait lancé : « souvenez-vous de ce nom : Mohsen Fakhrizadeh. Après avoir dérobé lors d’une opération spectaculaire en Iran des archives nucléaires iraniennes, Israël avait identifié le physicien comme pilier de ce programme. Il était dès lors dans le viseur du Mossad, et aurait échappé à au moins un attentat, avant celui, fatidique, du 27 novembre.

Quelles conséquences pour l’Iran et la région ?

Le Président iranien a promis que le meurtre de son scientifique serait vengé en temps et heure. Mais, des doutes subsistent chez les observateurs, quant à la capacité de la République islamique à mener des opérations d’envergure hors de son territoire. L’attaque du 27 novembre a, du reste, montré les limites du système de sécurité iranien, notamment la difficulté qu’éprouve Téhéran à assurer la protection de ses scientifiques qui sont clairement sur une liste noire de personnes à abattre pour empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire. A ce sujet, Israël a déjà fait savoir, de longue date, qu’il empêcherait, par tous les moyens, l’Iran de fabriquer un jour la bombe atomique et cela, bien que la République islamique insiste sur le fait que son programme nucléaire est uniquement à vocation civile.

Même si l’Iran avait des capacités d’opérationnaliser la « vengeance terrible » promise, il se peut que, dans la lignée de ses réactions précédentes, notamment celles intervenues après l’assassinat ciblé du puissant général Qassem Soleimani en janvier dernier par les Américains en Irak, l’Iran opte plutôt pour son concept de « patience stratégique ». Une réaction violente de Téhéran pourrait servir de prétexte à des opérations américano-israéliennes punitives qui raviraient l’actuel Président américain, Donald Trump, ennemi juré du programme nucléaire iranien et de la République islamique. A moins de deux mois de la prise de fonction du Président élu, Joe Biden, opposé au nucléaire iranien mais désireux de revenir dans l’accord avec l’Iran pour solder le problème par voie diplomatique, il serait plus « sage » pour l’Iran de ne rien entreprendre pour envenimer la situation.

C’est le point de vue de ce chercheur belge Jonathan Piron, universitaire et spécialiste de l'Iran à Bruxelles, exprimé dans le quotidien Le Soir, qui estime que le but recherché est en réalité de pousser l’Iran à la faute.

« Nous ne sommes plus comme en 2010 et 2012 où le programme nucléaire iranien inquiétait. Aujourd'hui ce programme est en pause. Et de toute façon, ce programme est suffisamment bien structuré pour que Fakhrizadeh soit immédiatement remplacé. L'objectif de ces attaques à répétition est de pousser l'Iran à la faute d'ici au départ le 20 janvier de Donald Trump, d'amener l'Iran à commettre une action qui bloquerait tout retour à la diplomatie, comme le souhaite Joe Biden ».



Valentin Mbougueng






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