Du 25 novembre au 10 décembre, à travers la campagne dénommée « 16 jours d’activisme à l’égard des femmes et des filles », la communauté internationale a décidé de mettre les projecteurs sur un fléau qui gagne du terrain, surtout en cette période de Covid-19.
« Zéro violence domestique : Je m’engage ». C’est le thème national que la Côte d’Ivoire a choisi pour marquer la 31e édition des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes et des filles qui se tient sur la période du 25 novembre au 10 décembre 2020, à l’initiative de la communauté internationale, sous le thème : « Tous unis » 2020 : « Orangez le monde : financez, intervenez, prévenez, collectez ! ».
Le choix de ce thème national vient à propos, à en croire la ministre de la Femme, Famille et de l’Enfant, le Pr Ramata Ly-Bakayoko. Dans la mesure où, dit-elle, « cette année, la crise sanitaire qui secoue le monde, du fait de la pandémie de la Covid-19, s’est accompagnée d’une hausse des cas de violences domestiques ».
« En Côte d’Ivoire, cette crise sanitaire sans précédent, a entraîné une augmentation des violences au sein des foyers où les femmes et les enfants sont contraints de vivre enfermés avec leurs bourreaux », déplore la ministre.
En effet, d’une étude sur les déterminants sociaux de la prévalence et de l’accentuation des Violences basées sur le genre (Vbg) en situation d’urgence en Côte d’Ivoire, réalisée en 2020, il ressort que les principaux auteurs-es des Vgb sont dans le milieu familial pour 67,1% de cas. Quel paradoxe ! Puisque « le milieu familial est censé être le cadre le plus sûr pour le développement harmonieux de la mère et de l’enfant », précise le Pr Ramata Ly-Bakayoko.
Les causes de cette accentuation des Vgb, sont multiples et multiformes, notamment, soutient la ministre « dans le contexte ivoirien, la persistance de certaines pratiques néfastes à l’égard des femmes est due à une certaine perception des communautés sur le statut, le rôle de la femme ainsi que de la fille dans la société en général et dans les ménages en particulier ». Elle explique son amertume, sur la base des résultats du système de gestion des données sur les violences basées sur le genre (GBVIMS) de 2019, selon lesquels, sur 3184 cas pris en charge, 2168 cas sont des cas de violences domestiques, ce qui représente un taux de 68,09%.
D’autres chiffres, ceux de l’enquête nationale réalisée en 2018 sur les violences faites aux enfants en Côte d’Ivoire (Enquête VACS - 2018), rappellent encore la persistance de ce fléau. Car, cette enquête révèle que 29,9% de filles ont subi la violence physique perpétrée par un parent, un tuteur ou un membre adulte de la famille et 45,3% ont déclaré avoir été témoins de violences physiques à la maison sur des enfants avant l’âge de 18 ans.
« Les données statistiques démontrent que malgré les efforts fournis, bien de défis demeurent... Les violences de genre portent préjudices aux droits de la femme et de la fille à la vie...C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire a porté son choix cette année sur ce thème sus-indiqué. Car, nous devons faire face à ces violences avec plus de détermination », affirme le Pr Ramata Ly-Bakayoko.
La réponse du gouvernement
Face à la persistance des violences à l’égard des femmes et des filles, le gouvernement prend le taureau par les cornes en mettant en place des instruments de lutte. « Et c’est la raison pour laquelle notre système national de réponses à ces violences s’est fortement amélioré. Ainsi, outre l’existence de 62 plateformes de lutte contre les Vbg sur toute l’étendue du territoire, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant met à la disposition de tous, un numéro vert pour dénoncer, orienter et informer. Il s’agit de la ligne 1308 qui est gratuite, disponible 24 heures sur 24, à partir de tous les téléphones », souligne la patronne de ce département ministériel.
En fait, selon elle, cette campagne des 16 jours d’activisme est devenue pour les acteurs et actrices de la lutte contre ces violences, l’occasion de mener des actions efficaces à la fois individuelles et collectives, de sensibilisation, de renforcement de capacités, de communication pour le changement de comportement.
« Ainsi voudrais-je exhorter particulièrement les forces de défense et de sécurité, les travailleurs sociaux, les professionnels de la santé, les acteurs judiciaires, les professionnels de la communication, les Organisations de la société civile à s’impliquer activement dans l’organisation de ces 16 jours d’activisme contre les violences qui a commencé ce mercredi le 25 novembre 2020 », plaide-t-elle.
Tout en promettant que le gouvernement, à travers le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant qu’elle dirige, continuera de travailler de façon synergique avec tous les partenaires nationaux et internationaux de sorte à apporter les réponses nécessaires pour que cessent les violences à l’égard des femmes et des enfants. « C’est ensemble que nous constituerons le socle de prévention des violences à l’égard des femmes et des filles, engageons-nous et agissons ensemble », exhorte-t-elle.
A noter que la cérémonie officielle de célébration de cette 31e édition des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes et des filles, se tiendra, pour la Côte d’Ivoire, le 3 décembre 2020, suivie d’un panel prévu le 4 décembre. D’autres activités suivront jusqu’au 10 décembre.
Germaine Boni
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COMMENTAIRES
Publié le :
29 novembre 2020Par:
Amy Djroh[Femmes battues ivoiriennes: "protégées" par la loi. mais ignorées par la société et les familles ivoiriennes]: Alors que la Loi l'interdit, la violence à l'égard des femmes continue de sévir. Les m0eurs culturelles maintiennent la chape de plomb. Beaucoup de femmes ivoiriennes, pour soi-disant "sauver" leur foyer, doivent non seulement passer sous silence les coups et blessures, mais demander pardon au mari qui les bastonne et retourner dormir dans le lit conjugal (en entretenant des rapports sexuels plus ou moins consentis avec celui qui les humilie et les frappe pour un rien...Dans la plupart des cas, les femmes battues sont également expulsées ou doivent fuir le domicile conjugal et, aussi privées de la pension alimentaire. Une sérieuse opération de sensibilisation nationale doit être lancée au lieu que le gouvernement organise des marches "symboliques". La violence contre les femmes et les petites filles existe partout au monde, mais, en Côte d'Ivoire, elle est acceptée socialement et, cela n'est pas (du tout) acceptable !Publié le :
29 novembre 2020Par:
Hendouda Ayeb"Avez-vous déjà battu votre femme ?", demandait une journaliste parisienne à des hommes interrogés dans la rue en 1975. Les réponses étaient édifiantes. "Des petites gifles, quatre fois rien" ; "Il y en a qui aiment être battues" ; "Si je veux taper ma femme, je suis sûr qu'elle fera mieux l'amour" et elle voudra me sucer…; "Quand le dialogue n'est pas possible, à certaines femmes, il faut leur faire rentrer à coups de poing". Les choses ont-elles vraiment changées (en France et dans le reste du monde) 45 ans plus tard? Rien n'est moins sûr!Publié le :
29 novembre 2020Par:
Maddoc KoyakaCOMMENT RECONNAITRE UN HOMME QUI BAT SA FEMME? Le premier élément à retenir est que l'homme "batteur de femmes" ne présente aucune caractéristique démographique ou professionnelle particulière. L'associer à une classe sociale précise entre autres à la pauvreté ou au manque d'éducation, représente une erreur. Le portrait de la grosse brute mal équarrie et qui fait peur est une intervention populaire qui nous empêche de voir la réalité. L'homme violent se retrouve dans toutes les couches de la société et ce proportionnellement à la distribution des divers groupes et sous-groupes sociaux. Deuxième élément: l'homme (batteur de femmes) peut être un médecin par exemple ou directeur de cabinet dans un Ministère et n'appartient pas (du tout) à la catégorie de ceux qu'on classe habituellement comme "malades mentaux" ni davantage à celle des sociopathes" ou des "psychopathes". Non, hormis le 10 à 15 p. cent d'hommes qui de toute façon ont des problèmes sérieux de violence généralisée ou de santé mentale, la masse des hommes violents est composée d'individus dits "normaux". Si on fait abstraction de l'abus physique dont ils font montre à l'égard de leur partenaire, on les trouvera bien adaptés à leur milieu, sans trait distinctif marquant par rapport à la norme. Il s'agit là d'un aspect trompeur qui peut nous faire sous-estimer la gravité des agressions commises par ces hommes. En général, l'homme violent sera porté à nier sinon à minimiser sa participation dans les actes qu'il a posés. Il cherchera à blâmer la femme (victime) pour ses actions, accusant entre autres sa victime de l'avoir provoqué et de lui avoir manqué de respect. Ce trait accentue son insensibilité.Publié le :
29 novembre 2020Le double langage des imams et de la famille (musulmane) fait (souvent) partie du problème de la violence conjugale en Côte d'Ivoire: «Que faire si mon mari me bat ? Dois-je contacter la police ? Ai-je le droit de refuser de faire l'amour avec mon mari (si je n'en ai pas envie ce jour-là ou s'il veut m'enculer ? (Est-ce que la sodomie conjugale est "haram") ? Que faire si mon mari a plusieurs maitresses ?» Ces questions, quand on les pose aux imams et aux familles. Le constat tient en deux mots : double langage. En public, le discours est policé, conforme aux valeurs prônées. Oui, il faut porter plainte en cas de violences conjugales ! Non, un mari ne peut forcer sa femme à avoir des rapports ou la sodomiser. Non, un mari ne peut pas avoir plusieurs femmes et pleins de maitresses ! Mais, lorsque qu'on est en privé, le discours change. Dans les mosquées, les religieux consultés ne conseillent pas de contacter la Police. La plupart estiment que le problème de la violence conjugale doit être réglé au sein de la famille et que les rapports sexuels (même anaux) non-consentis ou subis par la femme font partie du "devoir conjugal" de l'épouse. Dans beaucoup de nos mosquées, les imams estiment qu'un homme peut se marier avec plusieurs femmes (jusqu'à quatre (4) femmes) et peut aussi tabasser sa femme n'importe comment, comme il veut. C'est lui l'homme et la femme doit se soumettre aux volontés de l'homme si elle ne veut pas qu'il l'a frappe! Autre décalage : les parents (musulmans) qui obligent leurs filles à rester avec les conjoints qui les frappent, et plus grave encore, à leur demander pardon agenouillées après avoir été (sauvagement) battues. C'est le comble! Ici chez nous (surtout dans les familles dioulas et/ou musulmanes) , la victime doit non seulement s'excuser quand son mari la frappe, mais aussi vite retourner dans le lit conjugal…(pour se faire pardonner et ne pas laisser la place à une autre!)…Publié le :
29 novembre 2020Par:
Lago Tape(A noter que la cérémonie officielle de célébration de cette 31e édition des 16 jours d’activisme contre les violences à l’égard des femmes et des filles, se tiendra, pour la Côte d’Ivoire, le 3 décembre 2020, suivie d’un panel prévu le 4 décembre. D’autres activités suivront jusqu’au 10 décembre). Tout cela est bien beau mais ce qu'il faut maintenant ce sont des mesures concrètes de la part du gouvernement et celles-ci tardent depuis plusieurs années maintenant … :Par exemple, malgré l'existence d'un cadre juridique de protection des victimes des violences, la prise en charge judiciaire des victimes ne se fait pas de façon appropriée. Il est nécessaire d’accentuer la sensibilisation pour la dénonciation des auteurs des viols et le renforcement des capacités du personnel judicaire. De façon spécifique, il s’agit de : (i) Accentuer la sensibilisation des victimes pour les encourager à dénoncer leurs bourreaux ; (ii) Sensibiliser et former le personnel juridico-administratif sur la nécessité de faire aboutir les plaintes des victimes ; "La plainte, qui constitue un des éléments déclencheurs de la procédure pénale contre les violeurs, ne nécessite pas de production de certificat médical pour sa réception, vu que le certificat médical est un des éléments de preuve et non une condition de réception de plainte", mais cela, les officiers de Police / Gendarmerie semblent l'ignorer et ils exigent des victimes la fourniture préalable de ce certificat médical qui n'est pas gratuit et qui coûte cher. L'équivalent de entre 55 US Dollars et 155 US Dollars est exigé selon les cliniques pour produire le certificat médical de la victime d'un viol, ce qui empêche les victimes pauvres de pouvoir porter plainte et apporter des éléments de preuve à leurs accusations de viol. Bref aussi longtemps que le certificat médical ne sera pas gratuit, les violeurs récidivistes en Côte d'Ivoire continueront de narguer leurs victimes… Bref, voilà du concret que le gouvernement ne fait pas. Et c'est dommage !PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
29 novembre 2020Par:
Mireille Kouao