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Politique

Libre opinion: L'inquietant message de la jeunesse d'Abobo à Alassane Ouattara

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Lors du meeting de clôture du candidat du RHDP à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020, les jeunes de la commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire ont crié au président Alassane Ouattara : « Il paraît qu’en 10 ans, vous n'avez rien fait pour Abobo. Oui, vous n'ayez rien fait pour nous, c’est même chômage-là, mais c’est vous que nous aimons. C’est vous notre choix parce que la paix et vos réalisations nous suffisent. Même si vous ne faites toujours rien pour nous les cinq ou dix ans à venir, nous serons toujours prêts pour vous. Monsieur le président, tout ce que nous vous demandons : ordonnez et nous obéirons. Ordonnez et nous obéirons ! ».

Pour recruter des sympathisants dans l'électorat du RHDP, les politiciens avaient, en effet, pris comme prétexte l’« ingratitude » des leaders du RDR, accusés d’avoir abandonnés leurs compagnons de lutte pour faire fortune avec ceux qui les combattaient hier, et facilité le retour en force des criminels et autres syndicalistes anarchistes (enseignants, Fesci…) exilés en 2011, qui gangrènent l'école et la vie politique aujourd’hui. Malheureusement pour ces profiteurs, face à la résurgence de l'ivoirité, les « frustrés » ont rapidement remis le RDR en ordre de bataille et fait front commun contre ceux qui voulaient s'en prendre à leur « fétiche », Alassane Ouattara.

Pressés d’en découdre définitivement…

Lorsque l’opposition a lancé son mot d'ordre de désobéissance civile et de boycott actif des élections, ces jeunes ne faisaient que prier pour que le pays s'embrase effectivement… « Le show va recommencer", « c’est ça qu'on attend depuis-là », « Ouattara-tchê pardon, laisse-nous nous occuper de ces gens-là », entendait-on partout. C’est ainsi qu'une fois, au petit matin, des individus ont enflammés des pneus au quartier « quatre-étages » avant de disparaître dans la nature. Les jeunes sont aussitôt sortis en armes, en criant « où sont-ils pour qu'on les aide à terminer ce qu’ils ont commencé ? ». Une autre fois, c’est le pneu d'un gros camion qui a explosé au rond-point de la mairie, soulevant une clameur indicible : « On pensait que ça avait commencé ! Il y a longtemps qu'on attend… ». Lorsque, enfin, l’information est tombée que les manifestants incendiaient des minicars de transport, gbakas, à Yopougon, des groupes de volontaires se sont aussitôt formés pour aller « en renfort » à cette commune. La facilité avec laquelle ces jeunes gens surexcités se procurent des armes et se regroupent par centaines, voire par milliers, est inquiétante. Même s’il s'est toujours trouvé, au bon moment, des Mentors pour calmer leur ardeur.

Au centre du pays, à Bouaké, et dans de nombreuses villes du pays, la même envie d'en découdre avec les semeurs de trouble est perceptible chez les partisans du pouvoir. En témoignent les nombreux « convois de volontaires » stoppés alors qu'ils s'apprêtaient à se mettre en route pour Bongouanou, Daoukro, Abengourou, Tiébissou ou M'Batto…

Pendant une décennie, sous Laurent Gbagbo, les médias ont été utilisés pour soulever les différentes composantes ethniques du pays les unes contre les autres. Aujourd’hui, les réseaux sociaux se sont joints aux médias dits de l’opposition pour fabriquer de toutes pièces et diffuser à souhait des Fake News et autres infox, jusqu’à ce que de jeunes inconscients s'en prennent à d'innocentes populations en essayant, par tous les moyens de les empêcher d'exercer leurs activités quotidiennes et leur droit de vote. La suite, on la connaît : des morts par dizaines, des blessés et d'importants dégâts matériels. Refusant la voie démocratique, l’opposition pensait ainsi pouvoir provoquer un soulèvement populaire faisant le lit à un coup d’état militaire et à la mise en place d'une transition civile. L'inculture politique de ces politiciens et leur très mauvaise appréciation des rapports de force sur le terrain les a mis dans un gouffre dont ils peinent maintenant à ressortir.

Trop tirer rompt la corde

Comment peut-on offrir de l’alcool, de la drogue et des armes à des gens et leur demander d’empêcher « par tous moyens » la population de vaquer à ses occupations ? Comment peut-on pousser des populations qui vivaient en paix à s’entretuer au motif que les allogènes ne partagent pas le point de vue politique des autochtones ? A-t-on déjà oublié 2010 ? Ceux qui allument le feu pourront-il le contenir après ? Là, se trouve le côté inquiétant du message des jeunes du RDR au président Ouattara, car il démontre que la Côte d’Ivoire peut exploser à tout moment.

A l'arrestation de Laurent Gbagbo, le président Ouattara s'était empressé de demander aux victimes de la haine identitaire de ne pas se venger, mais plutôt de faire confiance à la justice. C’est encore lui qui avait demandé aux journaux proches du pouvoir de respecter la dignité humaine en ne publiant pas les images humiliantes de l'arrestation du couple Gbagbo. C’est enfin lui qui a exigé que les journalistes soient tenus éloignés du théâtre des opérations, récemment, lorsque la CRS 1 de la police faisait le siège de la résidence de Bédié, afin d'éviter que d'autres images dégradantes ne soient captées. Ce grand cœur du président est malheureusement méconnu de ses opposants qui n'ont de cesse de poser des actes irresponsables. Or, trop tirer rompt la corde…

La politique devrait consister à proposer des projets de société visant à faire le bonheur de tous les citoyens sans exclusive, et à solliciter le suffrage de ces derniers dans les urnes. Lorsqu’on connaît la configuration de ce pays, personne n'a réellement intérêt à y susciter des conflits inter-ethniques ou inter-religieux. La question ici n'est pas de savoir qui l'emporterait en cas d'affrontement, car chaque camp comptera inévitablement ses morts. Il s'agit plutôt de comprendre une fois pour toutes que la démocratie est l’expression du suffrage populaire, et que la préoccupation première du peuple est de subvenir à ses besoins vitaux, conformément aux décrets divins reconnus comme authentiques par toutes les religions, et qui disent : « Tu vivras à la sueur de ton front » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Quel que soit le camp dans lequel on se trouve, mieux vaut vivre ensemble en bonne intelligence avec nos différences que se retrouver à faire un décompte macabre sur des ruines fumantes. Vivre du mensonge et de la tromperie ne saurait durer indéfiniment, car le Dieu que nous adorons tous est Amour.

Koné Seydou




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