Dans le cadre de cette enquête, nous avons approché le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Nous avons été reçus par Mahan Sehi Germain, le chef de service Digital, veille et influence, par ailleurs point focal de la lutte contre la Covid-19 de la direction de la communication dudit ministère, l’après-midi du mardi 17 novembre 2020.
De prime abord, Mahan Sehi a reconnu les faits en avouant qu’il y a bel et bien un relâchement dans le respect des mesures+barrière concernant la lutte contre la propagation du Coronavirus 2019 (Covid-19). Aussi bien dans le grand Abidjan qu’à l’intérieur du pays.
Le constat de cette situation, selon notre interlocuteur, est consécutif aux propos tenus par les autorités qui ont affirmé, il y a quelques mois de cela que la Covid-19 était maîtrisée, et que la Côte d’Ivoire était épargnée.
De l’avis de M. Mahan, le relâchement a commencé à être véritablement ressenti quand la courbe de taux de cas confirmés, après avoir connu un pic dans le courant du mois de juillet, a commencé à se stabiliser. Puis a même connu une chute considérable.
A ce qui précède, le chef de service Digital, veille et influence a ajouté la diffusion de communiqués émanant des autorités, qui ont laissé entendre qu’il faut vivre avec le mal. « Du coup, les habitants de la Côte d’Ivoire qui n’étaient pas habitués aux mesures-barrière, sont retombés facilement dans leurs anciens gestes d’avant Covid-19. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un pays en voie de développement. Les gens courent dans tous les sens pour gagner de quoi à subvenir à leurs besoins », précise ce responsable du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Qui tient tout de même à souligner avec satisfaction qu’en dépit du constat qui est fait, la consigne d'éviter les accolades est suivie la plupart du temps.
Nouvelle vague ?
Par ailleurs, nous avons voulu savoir s’il n’y a pas lieu de craindre une nouvelle vague de contagion à grande échelle en Côte d’Ivoire, suite à la campagne, suivie de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Notre informateur a répondu par l’affirmative, en indiquant que l’ouverture des frontières aériennes, en plus de la nouvelle vague de cas confirmés enregistrés par des pays d’Europe, tels que la France, l’Italie, pourrait favoriser cela. Cependant, il reste rassuré par le fait que le protocole mis en place pour la riposte contre la Covid-19 dans le pays est efficace. C’est la mise en pratique de ce protocole, qui selon ses propos, part du dépistage à la prise en charge des malades, qui a permis à la Côte d’Ivoire de maîtriser au mieux la pandémie. Comparativement à des pays d’Afrique et même du monde entier, qui ont payé un lourd tribut à cette crise sanitaire. « Le protocole a bien marché jusque-là. Donc, il faut le renforcer, accroître les infrastructures dans le grand Abidjan. Les villes de l’intérieur recevront bientôt leurs dispositifs pour les dépistages et les prises en charge », ajoute dans le même élan Mahan Sehi.
Hormis le protocole qui concerne les praticiens de la médecine, il y a des actions de sensibilisation qui sont menées. A ce niveau, notre interlocuteur indique l’existence du GTT Communication (Groupe de travail technique Communication) qui,selon ses explications est un groupe de travail qui réunit les partenaires financiers, tels que l’OMS, UNICEF, et des ministères techniques tels que ceux des Ressources animales et halieutiques, de la Santé et de l’Hygiène publique, des Eaux et Forêts, et autres. Du fait des taux bas de contagions, ces organisations et les ministères concernés se réunissent une fois par semaine.
Leurs actions, si l’on s’en tient aux déclarations de notre informateur, sont accentuées depuis un certain temps sur la sensibilisation communautaire, en relevant que la sensibilisation de masse est terminée. La sensibilisation communautaire concerne des couches communautaires telles que les communautés religieuses, les organisations de jeunes, de femmes, de quartiers, des groupes ethniques, et autres. Des entités qui sont coiffées au plus haut par un préfet ou un sous-préfet.
Pour mener à bien leur campagne de sensibilisation, le GTT d’après les informations émanant du point focal de la lutte contre la Covid-19 de la direction de la communication du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a réalisé des spots dans dix langues nationales ou locales communément parlées, ainsi qu’en trois langues internationales, à bsavoir l’arabe, le ooré et le yoruba. Le message véhiculé à travers ces moyens de communication n’a pas varié selon que l’on soit en période de hausse de cas ou de relâchement du respect des mesures barrières, précise Mahan Sehi. Le contenu du message relève qu’il s’agit d’une nouvelle maladie, qu’il faut vivre avec, s’y habituer, qu’elle n’est pas terminée. Néanmoins, il y a des possibilités de l’éviter par le respect des mesures barrières. Aussi, les personnes vulnérables, notamment celles qui sont victimes de maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, et autres doivent faire beaucoup attention. Elles ne doivent se déplacer que si cela s’avère nécessaire. Car, les chiffres relatifs à la maladie indiquent que la majeure partie des décès se compte parmi elles.
Junior Jeremy