La pandémie du Covid-19 n’aura finalement laissé indemne aucun secteur de l’activité humaine, puisqu’il aura touché même les plus insoupçonnés. C’est le constat que l’on peut faire à partir de cette étude de la Fondation internationale Cocoa Initiative auprès de 263 communautés productrices de cacao en Côte d’Ivoire, qui rapporte que le nombre d’enfants travaillant dans les plantations de cacao a augmenté de 16 % à 19 % pendant le confinement partiel entre le 15 mars et le 15 mai 2020. Et parmi les hypothèses retenues pour expliquer cette croissance, l’on avance qu’elle « pourrait être due à la fermeture des écoles, à des restrictions de mouvements entrainant une moindre disponibilité de la main-d’œuvre adulte, à un ralentissement économique affectant les producteurs de cacao ou à une combinaison de ces facteurs et d’autres encore ». Quelles que soient les raisons avancées, ces nouveaux chiffres risquent de compliquer la tâche aux autorités ivoiriennes qui, jusque-là, ont dépensé beaucoup d’énergie pour redorer l’image écornée de la Côte d’Ivoire. L’on se souvient, en effet, que face aux menaces de boycott du cacao ivoirien accusé d’être le fruit du travail des enfants par les acheteurs américains, le sommet de l’Etat avait pris le problème à bras-le-corps. Une campagne nationale de sensibilisation et des brigades de lutte contre le trafic et le travail des enfants dans les plantations, avaient été mises en place pour tenter d’endiguer le phénomène en partie alimenté par des pays voisins, en l’occurrence le Burkina et le Mali. La Première dame, Dominique Ouattara, faisant de ce combat une cause personnelle, avait même effectué un déplacement au pays de l’Oncle Sam pour se faire l’avocate du cacao ivoirien. Ce rapport d’étude, s’il en est, ressemble donc, à bien des égards, à un coup de poignard dans le dos des autorités ivoiriennes.
Le travail des enfants aux côtés de leurs parents, a un aspect à la fois éducatif et socialisant
Mais si personne ne peut nier la réalité du travail des enfants qui n’est d’ailleurs pas spécifique à la Côte d’Ivoire (le Burkina Faso, par exemple, est souvent cité, avec des enfants travaillant dans les champs de coton ou sur les sites aurifères), il y a lieu de faire une clarification sémantique de la notion de travail des enfants et de replacer les réalités dans le contexte africain. En effet, toute présence d’enfants dans les plantations, n’est pas synonyme de prestations rémunérées ou d’exploitation. Le travail des enfants aux côtés de leurs parents, a un aspect à la fois éducatif et socialisant. Tout en se préparant en fonction de sa maturité physique et psychique à son rôle de futur producteur, l’enfant y apprend le sens de la famille et de la responsabilité. Ce cas n’est donc pas assimilable aux pires formes de travail des enfants, souvent alimentées par des réseaux de trafics transfrontaliers qui hypothèquent leur scolarité et leur croissance humaine. Cela dit, l’Etat ivoirien ne doit pas céder au découragement et relâcher les efforts suite à cette étude. Il doit la considérer comme un rapport à mi-parcours qui le renseigne sur le reste du chemin à parcourir dans le combat qu’il mène contre ce phénomène qui a la peau dure parce qu’il tire ses origines des conditions humaines les plus dures à combattre : l’ignorance et la pauvreté. Et la leçon vaut pour tous les pays africains qui alimentent ce fléau, par une offre éducative inadéquate tant en quantité qu’en qualité. Quant aux Occidentaux si prompts à donner des leçons aux autres, ils doivent se rendre à l’évidence que sans effort d’adaptation au contexte africain des normes et des textes élaborés à l’aune de leur vision égocentrique du monde, il y aura toujours ces incompréhensions qui sont toujours sources de conflits. Du reste, comme le disait Jésus à propos de la femme adultère,« que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre », l’on peut en dire autant pour la Côte d’Ivoire. Car, le souvenir des enfants ouvriers pendant la Révolution industrielle au 18ème siècle ou celui des enfants esclaves noirs dans les plantations de coton, de tabac et de sucre en Amérique, est encore présent dans les esprits.
SAHO
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COMMENTAIRES
Publié le :
4 juillet 2020Par:
Forestier de Lahou"Sauvy" on connaît bien les comportements des ivoiriens, toujours prêts à s'engouffrer dans la moindre brèche pour s'adonner à des pratiques illicites. Pour éradiquer les "pires formes de travail des enfants", il n'y a qu'une seule voie: la tolérance zéro appliquée à toute forme de travail des enfants. Et cela ne concerne pas que la cacaoculture, domaine sensible s'il en est, parce que menacé d'embargo par les Américains (notamment), les autorités ne comprenant que les sanctions financières, et c'est la raison de leur empressement feint en la matière. En fait c'est tous les secteurs économiques qui sont concernés par le travail des enfants, notamment le commerce, la restauration, le transport ("apprentis" trop jeunes), la mécanique (garages), etc. Il ne faut pas surestimer la valeur pédagogique et sociale du travail des enfants, qui ne devrait se faire, dans cet esprit, qu'en dehors des périodes scolaires, l'école étant, normalement, la priorité de tous.Publié le :
3 juillet 2020Par:
Sauvy@ Forestier de Lahou, Moi je soutien le point de vue de l'auteur quant il déclare "Le travail des enfants aux côtés de leurs parents, a un aspect à la fois éducatif et socialisant. Tout en se préparant en fonction de sa maturité physique et psychique à son rôle de futur producteur, l’enfant y apprend le sens de la famille et de la responsabilité". Pas égocentrique et borné comme vous le dites. Du tout pas en mon humble avis. Il est vrai que la réalité sur le terrain est différente comme vous le signifiez. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des aspects positif quand l'enfant travaille avec ses propres parents que ce soit au champ ou à l'atelier. C'est ce que veut signifier l'auteur à mon humble avis. D'ailleurs, il dénonce ce que vous dénoncez quand il écrit, "ce cas n’est donc pas assimilable aux pires formes de travail des enfants, souvent alimentées par des réseaux de trafics transfrontaliers qui hypothèquent leur scolarité et leur croissance humaine". Et de poursuivre très intelligemment en conseillant à l'État de RCI de poursuivre ses efforts pour combattre "ce phénomène qui a la peau dure", Mon cher ami, relisez bien les textes avant de les commenter. Merci pour votre constante participation au débat sur lebanco.net.Publié le :
3 juillet 2020Par:
Forestier de Lahou"Le travail des enfants aux côtés de leurs parents, a un aspect à la fois éducatif et socialisant" Voilà une belle excuse ! Quand on traverse le pays, on est ébahi par le nombre d'enfants qui sont ainsi "éduqués et socialisés". Donc interdire le travail des enfants serait une "affaire de Blancs" égocentriques et bornés ? Les bras m'en tombent !publicitéPLUS D'ARTICLES
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Publié le :
4 juillet 2020Par:
Lago Tape