L’opération d’enrôlement sur le listing électoral ne draine pas de monde dans les différents centres ouverts à cet effet à travers le pays et singulièrement à Abidjan. En tout cas, pas autant que l’on avait cru, au regard de l’importance que représente l’enjeu de ladite opération, qui n’est rien d’autre que la présidentielle à venir. Si l’on peut supposer que les déjà inscrits sur ladite liste, se confortent à l’idée qu’ils n’ont pas de bile à se faire, quant à leur participation à ce scrutin du fait de la présence de leur nom depuis plusieurs élections passées, il n’en est pas de même des nouveaux majeurs. Que sont tous ces jeunes gens qui ont bouclé leur majorité civile, après la dernière présidentielle de 2010. Ils sont nombreux et font l’objet d’une réelle convoitise légitime de la part des différentes formations politiques, pour lesquelles un véritable vivier à suffrages à ne pas négliger. Un fait que les concernés n’ignorent guère non plus. Alors pourquoi trainent-ils encore les pieds, à aller se faire enrôler ?
Qu’est ce qui pourrait aussi expliquer que nombre de ces adultes déjà inscrits ne vont-ils pas tout de même s’assurer de visu, que leurs noms n’ont subi aucune anomalie, ou simple erreur de retranscription…. Quand on sait que tout cela peut arriver au cours de l’actualisation de la liste qui est ainsi engagée, à travers cet enrôlement. Et qui va s’achever par le tirage de la liste définitive, une fois effectuée la prise en compte des nouveaux majeurs et de tous ces adultes qui n’avaient jamais figuré sur ladite liste.
Faut-il vraiment croire ou parler de désintérêt de la part des Abidjanais à l’égard de cette opération essentielle dans la vie de la nation ivoirienne ? Les facteurs explicatifs à l’attitude des uns et des autres pourraient être de différentes natures, si l’on s’en tient aux propos tenue ici et là dans les salons et autres occasions de rencontre. Il y a de prime abord que, nombre de personnes disent n’avoir jusque- là, aucune visibilité fiable sur le candidat de leur parti. Et cela est vrai pour toutes les grandes formations politiques de la place : Rhdp, dont l’état de santé du candidat déclaré a désormais semé le doute dans l’esprit de ses partisans, qui ne trouvent pas de candidat de substitution au cas où, le Premier ministre ne pourrait plus défendre les couleurs du parti des Houphouétistes ; le Pdci qui après avoir entretenu une espèce de suspense sur le choix de son candidat, vient d’enregistrer la candidature de son leader, à la prochaine course pour la magistrature suprême. Un fait qui ne manque pas de diviser les militants et sympathisants. D’autant plus qu’ils restent légion ceux qui préfèrent toujours porter leur choix sur l’un des jeunes loups, qu’ils espèrent bien voir se manifester dans ce sens, au cours des jours à venir. Aussi bien lors de la convention d’investiture en juillet prochain, qu’en tant qu’indépendant. Au Fpi , l’absence au pays, ainsi que l’impossible participation de Gbagbo Laurent au scrutin d’octobre 2020, a émoussé tant d’ardeur militante chez ses admirateurs et supporters , qui ne semblent pas accorder de crédit à toute autre candidature. Pourquoi alors se bousculer dans les centres de vote pour une élection qui n’emballe pas se dit-on ici et là ? Et ce quand bien même une alliance est annoncée avec le Pdci, pour vaincre le Rhdp, qui quoiqu’on dise, jouit d’un poids sociologique impressionnant.
Ensuite il y a le contexte qui s’impose à toute l’humanité. A savoir celui de cette maladie mortelle, qui peut être contractée aussi facilement, qu’une grippe de foin ou un banal rhume, dont on serait en contact avec celui qui en souffre. L’évolution ascendante de la courbe de contamination à la Covid 19, remarquée au cours de ces dernières semaines pousse nombre d’Abidjanais, à éviter les regroupements, quel que soit l’importance du motif ou de l’intérêt. Du coup, nombre de personnes observent de la méfiance vis-à-vis de tous ces lieux de rassemblement, de quelque nature qu’ils soient. Méfiance soutenue par la réduction de nouveau à cinquante, du nombre de personnes autorisées, à se regrouper sur un même espace donné. Quand bien même l’assurance leur est donnée, relativement aux dispositions prises pour le strict respect des mesures barrières.
Enfin, l’on a l’abondante pluviométrie de ces jours-ci. En effet il est à constater que depuis le lancement de cette opération d’enrôlement, il ne cesse de tomber des cordes sur Abidjan. Comme dans plusieurs villes de l’arrière- pays également. Et la météo prévoit encore de fortes précipitations accompagnées de vents violents, dans les jours à venir. On le voit, les mauvaises conditions climatiques pourraient encore continuer à perturber la fréquentation des centres d’enrôlement, au cours des jours qui restent pour la fin de cette opération. Compromettant par ce fait même, la grande mobilisation que l’on attend de la population, au cours de ces derniers jours de l’opération. Peut- on alors dans ces conditions arrêter le processus de l’enrôlement à la date du 24 juin ? Nombre d’observateurs sont plutôt favorables à une prolongation de sa durée d’environ une semaine. Pour ainsi donner la possibilité à tous les retardataires avec en prime les nouveaux majeurs et tous ceux qui, antérieurement ne figuraient pas sur la liste, faute de documents administratifs le leur permettant de le faire. De plus, les campagnes de mobilisation et d’incitation à l’enrôlement initiés voilà quelques jours déjà, par les différents clans politiques ont commencé à produire des résultats, encourageants. Les étendre sur sept jours encore, permettrait certainement à des kyrielles de jeunes d’appréhender toute l’importance que revêt leur présence sur le listing électoral. C’est que leur incitation à le faire, est marquée par des explications tendant à leur faire comprendre que le choix par leurs soins, de la personne qu’ils voudront voir présider aux destinées de leur pays, n’est possible que si leurs noms figurent sur cette liste. Un fait que la simple négligence quotidienne, conduit plusieurs d’entre eux à perdre de vue.
Moussa Ben Touré
