Depuis la levée du couvre- feu, et la reprise progressive des activités économiques ici et là, la contrebande de la noix de cajou a repris de plus bel, du côté de Bondoukou. Ce sont une quarantaine de camions chargés de la noix brute de cajou, qui traversent la frontière nord-est pour le Ghana voisin.
Selon des informations récurrentes émanant de la zone, pour contourner les sorties officielles, en l’occurrence l’axe Soko - Sampa, les contrebandiers passent par certains villages de Bondoukou dont Tissié ou Tomôgossié pour atteindre le Ghana.
Partout des barrages de racketteurs
Au parfum de ce trafic, las de voir les dégâts causés par le passage de ces engins, des habitants desdits villages ont érigé des barrages en exigeant 5000 Fcfa par camion. A défaut, le véhicule se voit immobiliser. Cette pratique est monnaie courante à ce jour, dans la plupart des villages qui servent de point de contournement pour l’écoulement de la noix de cajou vers le Ghana.
Au dire de H. K enseignant dans la zone du Zanzan, des communautés Lobi ont pris sur elles, d’installer des barrages dans leur campement (Bouko) non loin du cimetière municipal de Bondoukou. Au lieu de 2000 Fcfa qu’elles percevaient par camions, celles-ci ont voulu monter la cagnotte à 5000 Fcfa à l’instar des villageois de Tomôgôssié. Cette action a dégénéré en affrontement. Bilan un des Lobi a été tué par les transporteurs. Il s’en est suivi des arrestations. Quatre chauffeurs de camions et trois apprentis ont écopé d’une peine d’emprisonnement de 10 ans et d’une amende de plus de trois millions Fcfa.
Le dilemme de Bondoukou
Première zone productrice d’anacarde en Côte d’Ivoire avec plus de 120.000 tonnes l’an, la ville de Bondoukou vit un dilemme on ne peut plus difficile à résoudre. Pendant que le syndicat national des structures des producteurs pour le contrôle et la surveillance des prix et des droits agricoles des Ivoiriens, mené par Samigno Mathieu, lutte contre la fuite de la noix, des producteurs ,eux, convoient allègrement leur produits agricole au Ghana. Sous de la Covid 19, qui a considérablement plombé leur moisson. Car, les activités liées à la production, au stockage, à la commercialisation et à la transformation de l’anacarde ont fortement baissé. Mieux, les contrats d’achats conclus avec des partenaires étrangers pour la livraison n’est plus d’actualité.
Pourtant, le gouvernement avait décidé d’acheter 200.000 tonnes de noix de cajou auprès des producteurs, dans le cadre du plan de riposte face aux effets néfastes de la pandémie. Quel est l’état de la situation concernant ces rachats ? Une chose est sûre, ce sont près de 118.530 tonnes qui sont rentrées au Ghana par des moyens détournés, entrainant la chute des volumes de productions communiqués par le Conseil coton anacarde. Et selon le directeur de la commercialisation du Conseil coton-anacarde (Cca), Doumbia Mamadou, le trafic illicite fait perdre plusieurs milliards Fcfa à l’Etat de Côte d’Ivoire.
La complicité des forces de l’ordre
Pour Ouattara S, Il faut avoir le courage de noter aussi que cette contrebande est organisée avec le concours de certains douaniers. « Après la mise en garde du ministre de l’Agriculture et du développement rural, les mauvaises pratiques ont repris au vu et au su des forces de l’ordre qui donnent même des laissez-passer à des trafiquants ». Dans nos recherches, un nom est régulièrement cité, il s’agit de « Gataire ». Ce dernier est chargé de collecter les pots de vins pour les transmettre aux surveillants des postes frontières afin d’autoriser le passage des véhicules chargés de la noix de cajou. Laquelle s’est imposée comme le produit de prestige de nombreux producteurs de la zone. Pourtant, personne ne misait sur l’émergence de cette culture qui était juste pratiquée pour lutter contre la désertification eu égard au 8e parallèle. Mais l’enjeu de l’anacarde est aujourd’hui énorme.