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Economie

Contesté, le président de la Banque africaine de développement rend les coups

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Dans deux lettres consultées par « Le Monde Afrique », l’avocat d’Akinwumi Adesina interpelle le Comité d’éthique chargé de vérifier les faits dénoncés par des lanceurs d’alerte.La Banque africaine de développement (BAD) lutte sur plusieurs fronts.
 
Face à la pandémie de Covid-19, elle a créé un fonds d’urgence doté de 10 milliards de dollars et croule sous les requêtes de pays du continent africain qui, pour la première fois en vingt-cinq ans, devrait plonger dans la récession économique. En interne ensuite, la direction de l’institution de financement panafricaine se retrouve contestée par une partie des employés.
Révélée par Le Monde Afrique le 6 avril, l’enquête interne qui vise Akinwumi Adesina, le président nigérian de la BAD dont le siège est à Abidjan, a provoqué une onde de choc et donne lieu à de vifs débats sur la gouvernance de l’établissement. Son patron est accusé de comportements « contraires à l’éthique »« violation du code de conduite » et de favoritisme dans l’octroi de postes stratégiques et de contrats de plusieurs millions de dollars.

« Allégations fallacieuses »

En janvier, « un groupe de membres du personnel, préoccupés » a déposé une plainte et transmis au Bureau de l’intégrité et de la lutte contre la corruption, aux présidents du Comité d’éthique et du Comité d’audit et des finances un document détaillant les griefs reprochés à M. Adesina.
Puis, en avril, ces employés anonymes, mués en lanceurs d’alerte, se disent intimidés. Ils dénoncent des manœuvres de « proches du président » pour « saboter » l’enquête et des « tentatives faites pour découvrir [leurs] identités ». Ils décident alors de s’adresser directement aux gouverneurs de la BAD, représentant les 54 pays membres africains et les 26 pays non régionaux (dont la France).
 
Au lendemain des révélations faites par Le Monde Afrique, M. Adesina a dénoncé des « allégations fallacieuses » dans un communiqué de presse, prédisant que « bientôt, la vérité éclatera au grand jour ». Et d’ajouter : « Le comité d’éthique du conseil d’administration mène actuellement son action dans le cadre de ses systèmes d’examen interne. (…) Laissons le comité achever son examen et ses travaux sans interférence de quiconque ni de quelque média que ce soit. »
Pourtant, Le Monde Afrique a pu consulter des documents qui contredisent son propos. Ce sont deux lettres datées du 10 février et du 10 mars, signées par Elie Whitney Debevoise, ancien directeur exécutif américain de la Banque mondiale (2007-2010) devenu avocat et lobbyiste établi à Washington. Ces missives du conseil de M. Adesina sont adressées au président du comité d’éthique de la BAD, le Japonais Takuji Yano.

Affaire particulièrement sensible

Ce dernier, qui représente son pays au sein de l’institution financière panafricaine, se retrouve chargé d’orchestrer l’enquête visant M. Adesina et de vérifier les dénonciations des lanceurs d’alerte. Aujourd’hui, il se retrouve sous pression. « Le traitement de la divulgation à ce jour n’a pas été conforme aux règles et procédures de la Banque », lui reproche MDebevoise dans ces lettres.
L’avocat américain n’hésite pas à critiquer la gestion de cette affaire particulièrement sensible par M. Yano qu’il accuse d’avoir transmis la note des lanceurs d’alerte au conseil d’administration de la BAD, sans avoir au préalable « consulté le département du conseil juridique ».
 
Dans un style comminatoire teinté de paternalisme, le conseil de M. Adesina donne la marche à suivre au président du comité éthique, estimant que « des mesures correctives doivent être prises immédiatement pour protéger la Banque et les droits du président à une procédure régulière ».
Après un rappel des règlements administratifs et protocolaires de la BAD, MDebevoise conclut en déplorant que le comité d’éthique présidé par M. Yano ait « violé [le] principe » de confidentialité, « perdu de vue sa mission » et qu’il est, selon lui, « malheureusement trop tard pour refermer le génie dans la bouteille ».

Dans l’ombre des lanceurs d’alerte

Une métaphore qui fait référence aux fuites contenues dans la note des lanceurs d’alerte et sont reprochées à M. Yano. Des informations qui, d’après l’avocat, nuisent à la « réputation » du président Adesina, « en particulier dans les capitales » des Etats membres de la BAD.
Le Japonais Takuji Yano n’est pas le seul à être suspecté, sans preuves pour le moment, d’avoir facilité cette fuite à l’origine de cette contestation interne sans précédent qui cristallise des tensions géopolitiques. L’affaire est d’autant plus cruciale qu’elle a éclaté à quelques mois de la réélection escomptée de M. Adesina – seul candidat à la présidence de l’institution financière multilatérale de développement – dont le premier mandat se termine en août.
 
 
Le représentant des Etats-Unis à la BAD, J. Steven Dowd – un homme d’affaires proche du président américain Donald Trump – est publiquement soupçonné d’avoir conseillé dans l’ombre les lanceurs d’alerte pour déstabiliser M. Adesina. L’Américain est depuis la cible d’une contre-attaque orchestrée par des proches du président de la BAD qui diffusent dans certains médias cette version d’un présumé règlement de compte.
Contacté, M. Dowd n’a pas souhaité réagir. « Tout est faux et il n’a jamais collaboré avec ces lanceurs d’alerte dont il ignore l’identité », explique une source proche de M. Dowd. Et de préciser : « La position américaine a été de préconiser le recours à des enquêteurs externes indépendants pour être sûr que ce dossier, pris très au sérieux, soit traité de la meilleure manière. »
Dans l’une de ses lettres, MDebevoise recommande sans ambages au comité d’éthique de « s’arrêter (…) et de rester concentré sur son mandat limité ». Petit avertissement ou simple conseil ? Il n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde Afrique, tout comme la direction de la BAD.
 



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