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Societe

Le démagogue et l’épidémiologiste

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Le savant et le politique : le thème est presque aussi vieux que les sciences sociales. Dans un petit livre fameux, sous ce titre (dans la traduction française), Max Weber évoquait en 1919 les contradictions — ou l’affrontement — entre deux visions du monde.
Celle, morale et globale, du politique… et celle, plus pointue, du scientifique qui cherche l’avancement des connaissances, mais aussi la vérité et l’efficacité de la science appliquée.
Ce résumé est très grossier, mais introduit le thème du jour : l’affrontement larvé qui se déroule à Washington sous les yeux du public, entre Donald Trump et Anthony Fauci, grand épidémiologiste et conseiller de tous les présidents depuis Ronald Reagan.
 
Un cas de figure à l’opposé du tandem François Legault-Horacio Arruda, qui projette au contraire une image d’harmonie et de complémentarité entre les deux discours.
Avec Trump et Fauci, on est apparemment assez loin de l’archétype de Weber. La morale semble ici davantage du côté du savant que de celui du politicien. Et pourtant, les mêmes dilemmes apparaissent…
Voici, à la Maison-Blanche, un démagogue qui aligne, depuis le début de la pandémie, contresens, promesses intenables, revirements et accusations tous azimuts (à l’interne comme à l’international) pour couvrir sa propre irresponsabilité. Un homme refusant d’écouter les conseillers qui, depuis fin février, annoncent la catastrophe déjà visible et lui recommandent des mesures énergiques.
« Non, je ne prends aucune responsabilité », avait d’ailleurs déclaré, de façon très caractéristique, Donald Trump le 13 mars : il était alors interrogé sur les zigzags et les retards de la Maison-Blanche devant l’inexorable avancée de la COVID-19.
Et voici, juste à ses côtés, le Dr Fauci, scientifique à la fois modeste et habile, rompu à la communication publique, qui navigue dans les méandres politiques depuis des décennies. Un homme qui tente de formuler des conseils propres à minimiser les dégâts… même s’il doit parfois contredire — mais pas trop ouvertement — celui qui est son patron politique.
Le président est un être manquant de confiance en lui et irritable. Manifestement jaloux de la popularité du bon médecin qui, plus que lui, inspire confiance à une majorité d’Américains, il se demande jusqu’à quel point il peut tolérer ce rival qui lui fait de l’ombre.
Lui-même expert mondial en concours de popularité, Trump sait que ce directeur, depuis 35 ans, de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses bénéficie d’une immense crédibilité auprès des Américains. Il pourrait donc lui coûter cher de le balancer par-dessus bord.
Le président ne raisonne pas en termes de protection de la santé publique, ni même — bien que ce soit une question tout à fait légitime — en termes d’équilibre entre coût économique et coût sanitaire de la crise, et de ses remèdes…
Non, le « calcul coût-bénéfices » de Trump se borne ici à rechercher, entre crise économique et élections de novembre, entre réponse à la pandémie et mobilisation de sa base « dure », la combinaison qui optimise ses chances à la présidentielle.
Max Weber aurait certainement eu des choses intéressantes à écrire sur cette équation difficile…..
Depuis dimanche soir, la petite joute entre le savant et le politique a pris un tour nouveau. Dans une remarquable entrevue accordée dimanche à CNN, Fauci, à la fois sûr de lui mais sans un soupçon d’arrogance, a fait cette déclaration : « Oui, une alerte et un confinement dès le départ auraient permis de sauver des vies. »
Il n’en a pas fallu davantage pour lancer le président dans un nouvel épisode colérique sur Twitter. Trump a ramené son unique argument (« J’ai bloqué les vols en provenance de Chine » — au demeurant faux puisque 40 000 personnes sont quand même arrivées de Chine aux États-Unis depuis le début février), crié une nouvelle fois aux fake news…... et retransmis un message appelant explicitement au congédiement d’Anthony Fauci. Message qui n’était pas de lui, mais qu’il accréditait de cette manière.
Pendant des semaines, ces deux hommes ont minimisé les rumeurs de tensions et de rivalités entre eux. Mais depuis dimanche, il n’y a plus de doute : les gants sont tombés.
 
François Brousseau est chroniqueur d’information internationale à Ici Radio-Canada.
 

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