La Côte d'Ivoire, qui abrite du 3 au 6 août prochain cet important événement commercial entre la première puissance économique mondiale et 39 pays africains éligibles, entend en faire un rendez-vous historique, souligne le patron de l'Association nationale pour la promotion des exportations dans cette interview.
Vous êtes Président du Comité technique d’organisation (CTO) du Forum Agoa Côte d’Ivoire 2019 qui se tient bientôt à Abidjan. De quoi s’agira-t-il ?
Je voudrais dire que les choses avancent très bien et que nous travaillons en parfaite collaboration avec les équipes américaines pour la réussite de cet événement. Avant tout propos, il est très important que je situe le cadre institutionnel de la préparation de ce forum. Je voudrais faire une importante précision ; il s’agit d’un événement continental entre le gouvernement américain et les gouvernements des 39 pays africains éligibles à l’Agoa ( African Growth Opportunities Act ou Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique). La Côte d’Ivoire est hôte de cet événement en vertu d’un mandat qu’elle a reçu des 39 pays africains éligibles et des Etats-Unis d’Amérique lors de la dix-septième édition du Forum Agoa 2018, en juillet 2018.
Le Forum de coopération économique et commerciale entre l’Afrique et les Etats-Unis communément appelé « Forum Agoa », est prévu par la Loi américaine de mai 2000 signée par le Président américain Bill Clinton. Cette loi dispose que le Président américain doit mettre en place un mécanisme institutionnel de dialogue de haut niveau entre le gouvernement américain et les gouvernements africains afin de renforcer leurs relations économiques et commerciales.
Cette loi autorise le Président américain à instruire tous les ans le Département du Commerce et du Trésor américain et le Bureau du Représentant spécial du Président des Etats-Unis pour le commerce(USTR), d’organiser tous les ans un Forum économique et commercial avec la contrepartie africaine à laquelle s’ajoutent les Comités économiques régionaux, le secteur privé et la société civile. Le thème de cette 18ème édition du Forum Agoa 2019 est : L’Agoa et l’avenir : développement d’un nouveau paradigme pour orienter les relations commerciales et les investissements entre l’Afrique et les Etats-Unis.
Comment la Côte d’Ivoire se prépare-t-elle ?
En vue de relever ce défi, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly a signé l’arrêté du 1er février 2019 portant création du Comité national d’organisation du Forum Agoa Côte d’Ivoire (CNF-Agoa-CI) 2019, avec un Comité de pilotage présidé par lui-même et avec 2 Vice-Présidents qui sont : le ministre des Affaires étrangères et le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME. Cet arrêté a mis en place un Comité technique d’organisation(CTO) dont je suis président. Le CTO est composé des représentants des ministres du gouvernement, du secteur privé et de la société civile. Les Cadres de l’Ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire font partie des commissions du CTO. Le Comité technique d’organisation est composé de plusieurs commissions bien structurées avec des thématiques appropriées à l’organisation d’un forum. Nous travaillons d’arrache-pied depuis trois mois avec une contrepartie américaine (Team AGOA USA basée à Washington). À ce jour, nous avons reçu, pour des réunions de travail très intenses, la visite de deux délégations importantes des Etats-Unis, l’une pour les opérations logistiques (Agoa Logistics Team Leaders) et l’autre plus stratégique appelée Agoa Inter Agency Team. Nous sommes tombés d’accord sur un format bien particulier du forum sur lequel nous reviendrons.
Quels sont les enjeux de cette édition pour les pays africains et en particulier pour la Côte d’Ivoire ?
Le thème que nous avons souligné plus haut nous situe clairement sur les enjeux. L’Agoa a été promulgué en 2000 et depuis, nous assistons à un profond bouleversement de l’environnement économique qui s’est accéléré récemment avec les négociations tarifaires entre les Etats-Unis et la Chine, l’éventualité d’un « Brexit », le démarrage de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine), une évolution significative des technologies de l’information. A cela, il faudrait ajouter la fin de la propagation de l’AGOA en 2025, la nécessité d’avoir un business model « gagnant-gagnant » au-delà de cette date.
Nous devons prendre en compte les forces et faiblesses de l’Agoa dans sa forme actuelle, tenir compte des changements disruptifs de l’environnement économique et commercial que j’ai déjà évoqués et définir un « Nouveau paradigme ». En d’autres termes, tous ces éléments nécessitent de définir de nouvelles règles du jeu afin que l’avenir de l’Agoa soit un modèle « gagnant-gagnant » entre les Etats-Unis et l’Afrique. Le forum se penchera sur cette équation.
Pour la Côte d’Ivoire bien entendu, l’enjeu est de profiter de cette nouvelle configuration qui sera définie à ce forum. Mais le fait que le forum soit en Côte d’Ivoire représente pour notre pays une valeur d’image importante. La Côte d’Ivoire confirme son positionnement sur la scène économique et on se souviendra dans le monde entier que le nouveau paradigme de l’Agoa s’est décidé à Abidjan, du 3 au 6 août 2019.
Quelles sont les particularités du forum 2019 ?
Une première particularité est que le forum n’est pas ouvert au grand public. Nous sommes arrivés à nous mettre d’accord avec la Team USA sur le format de l’événement qui se passera du 3 au 6 août. Le forum n’est pas ouvert au grand public et se fait exclusivement sur invitation pour des exigences de sécurité. Il y a des particularités sur la forme et sur le fond.
Au niveau de la forme, le forum se tiendra sur trois sites. Le site principal, le Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan, abritera le Forum ministériel, les Plénières et les « Break out sessions ». Le Pullman Hôtel abritera le Forum de la société civile. La Maison des entreprises (CGECI) abritera le Forum du secteur privé.
En marge de ce forum, il y aura une exposition et foire des produits éligibles à l’Agoa et des organisations de renforcement des capacités de financement de l’écosystème Agoa USA et africain sur l’esplanade du Sofitel Hôtel Ivoire.
Au niveau du fond, le débat se passera entre le gouvernement américain avec ses principales agences (Commerce, Finance, USID, USAID, OPIC, MCC, ministère du Travail, ministère de l’Agriculture…) et les 39 pays éligibles représentés par les ministres du Commerce avec la présence de l’Union africaine, des communautés économiques régionales et les représentants du secteur privé et de la société civile choisis par leurs membres lors de leurs forums respectifs. Les plénières se dérouleront les 5 et 6 août 2019 au Palais des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire avec un maximum de 700 participants.
Il aura une forte délégation des Congressistes américains dont le rôle sera de tenir compte des nouveaux paradigmes dans les nouvelles lois à venir. L’ouverture se fera le lundi 5 août au matin au Sofitel Hôtel Ivoire en présence des plus hautes autorités de notre pays, du Représentant spécial pour le Commerce du Président des Etats-Unis (USTR), des Représentants du gouvernement américain (Commerce, Finances, Travail, Agriculture…), des Congressistes américains, des ministres africains en charge du Commerce des pays éligibles à l’Agoa, des présidents des Communautés économiques régionales (CER), des représentants du secteur privé et des Représentants de la société civile.
Pour beaucoup d’analystes, le bilan AGOA est mitigé. Partagez-vous cette opinion ? Que faire pour que les pays en bénéficient davantage ?
Nous reconnaissons qu’il y a eu beaucoup de contraintes qui ont pu expliquer le niveau de performances mitigées des Etats africains et de leurs secteurs privés dans la mise en œuvre de l’Agoa. Parmi ces contraintes majeures, on peut citer entre autres, le niveau faible des infrastructures, les problèmes institutionnels, les difficultés à se conformer aux exigences des marchés américains (les mesures phytosanitaires, les règles d’origines), le développement des chaînes de valeurs, l’absence de financements des PME, les problèmes de VISA, l’absence d’une stratégie nationale Agoa dans plusieurs pays.
Ces contraintes ou faiblesses concernent aussi la partie américaine à savoir la méconnaissance des marchés africains surtout francophones, la mauvaise appréciation du risque africain, la forte concentration d’investissement dans le secteur des mines et pétrole, la faiblesse du financement américain dans les secteurs hors pétrole et surtout des PME. Le forum d’Abidjan doit analyser l’ensemble de ces contraintes afin de définir de nouveaux axes de développement.
Le forum intervient à 6 ans de la fin de la Loi américaine. Comment appréhendez-vous l’après-Agoa ?
Je pense qu’il faut voir cette question au niveau des Etats africains éligibles et du gouvernement américain.
Au niveau des Etats africains.
Je dois vous dire qu’il y a plusieurs signes qui me font dire que je suis très optimiste en ma qualité de Président du Comité technique de la Commission Agoa CI.
Premièrement : au niveau des Etats africains, des 39 pays éligibles. La plupart des pays africains ont mis en place une Stratégie nationale Agoa appelée « Agoa Utilisation Strategy ». Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, les trois axes sont les suivants : appuis techniques et renforcement des capacités du secteur privé ; promotion d’investissement et accès au financement ; promotion du label ivoirien sur le marché américain.
Ces axes que la Commission Agoa CI a définis, reposent sur 6 chaînes de valeurs (confection-habillement, fruits tropicaux transformés, manioc et dérivés, amande de cajou, miel naturel et karité). L’objectif en Côte d’Ivoire est basé sur 3 types d’indicateurs allant sur la période allant jusqu’à 2025 : Quarante nouvelles entreprises doivent exporter sur les Etats-Unis pour la durée du programme ; les exportations doivent atteindre en 2025 3,5 milliards de dollars américains (1 dollar= environ 600 FCfa) soit une augmentation de 200% en 2025 (indice de base 1,2 milliard de dollars US en 2016). Enfin, 25% d’exportations doivent rentrer dans le cadre de l’Agoa avec le système général de préférence (SGP).
Deuxièmement, l’ensemble des Etats africains ont mis en place des réformes structurelles visant à renforcer l’environnement des affaires (le Doing Business).
Troisièmement, l’existence d’une classe moyenne urbaine de plus en plus grande avec un pouvoir d’achat pouvant tirer profit de la consommation et des investissements. Quatrièmement : l’élargissement des marchés avec la mise en place de la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine).
Qu’en est-il de la partie américaine ?
Les Américains se sont rendus compte de la percée de leurs concurrents sur le continent africain (Chine, Turquie, Inde, Russie…). Ils réagissent en mettant en place des mécanismes et politiques appropriés. C’est ainsi que, conformément à leur stratégie de « Make America Great Again », ils ont mis en place le « BUILD ACT » et l’initiative « PROSPER AFRICA ».
Mon optimisme est aussi justifié par les futurs résultats du thème du forum qui va se pencher sur les voies et moyens pour améliorer les relations entre la Cote d’Ivoire, les Etats-Unis et l’Afrique.
Vous êtes Président du Comité technique d’organisation (CTO) du Forum Agoa Côte d’Ivoire 2019 qui se tient bientôt à Abidjan. De quoi s’agira-t-il ?
Je voudrais dire que les choses avancent très bien et que nous travaillons en parfaite collaboration avec les équipes américaines pour la réussite de cet événement. Avant tout propos, il est très important que je situe le cadre institutionnel de la préparation de ce forum. Je voudrais faire une importante précision ; il s’agit d’un événement continental entre le gouvernement américain et les gouvernements des 39 pays africains éligibles à l’Agoa ( African Growth Opportunities Act ou Loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique). La Côte d’Ivoire est hôte de cet événement en vertu d’un mandat qu’elle a reçu des 39 pays africains éligibles et des Etats-Unis d’Amérique lors de la dix-septième édition du Forum Agoa 2018, en juillet 2018.
Le Forum de coopération économique et commerciale entre l’Afrique et les Etats-Unis communément appelé « Forum Agoa », est prévu par la Loi américaine de mai 2000 signée par le Président américain Bill Clinton. Cette loi dispose que le Président américain doit mettre en place un mécanisme institutionnel de dialogue de haut niveau entre le gouvernement américain et les gouvernements africains afin de renforcer leurs relations économiques et commerciales.
Cette loi autorise le Président américain à instruire tous les ans le Département du Commerce et du Trésor américain et le Bureau du Représentant spécial du Président des Etats-Unis pour le commerce(USTR), d’organiser tous les ans un Forum économique et commercial avec la contrepartie africaine à laquelle s’ajoutent les Comités économiques régionaux, le secteur privé et la société civile. Le thème de cette 18ème édition du Forum Agoa 2019 est : L’Agoa et l’avenir : développement d’un nouveau paradigme pour orienter les relations commerciales et les investissements entre l’Afrique et les Etats-Unis.
Comment la Côte d’Ivoire se prépare-t-elle ?
En vue de relever ce défi, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly a signé l’arrêté du 1er février 2019 portant création du Comité national d’organisation du Forum Agoa Côte d’Ivoire (CNF-Agoa-CI) 2019, avec un Comité de pilotage présidé par lui-même et avec 2 Vice-Présidents qui sont : le ministre des Affaires étrangères et le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME. Cet arrêté a mis en place un Comité technique d’organisation(CTO) dont je suis président. Le CTO est composé des représentants des ministres du gouvernement, du secteur privé et de la société civile. Les Cadres de l’Ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire font partie des commissions du CTO. Le Comité technique d’organisation est composé de plusieurs commissions bien structurées avec des thématiques appropriées à l’organisation d’un forum. Nous travaillons d’arrache-pied depuis trois mois avec une contrepartie américaine (Team AGOA USA basée à Washington). À ce jour, nous avons reçu, pour des réunions de travail très intenses, la visite de deux délégations importantes des Etats-Unis, l’une pour les opérations logistiques (Agoa Logistics Team Leaders) et l’autre plus stratégique appelée Agoa Inter Agency Team. Nous sommes tombés d’accord sur un format bien particulier du forum sur lequel nous reviendrons.
Quels sont les enjeux de cette édition pour les pays africains et en particulier pour la Côte d’Ivoire ?
Le thème que nous avons souligné plus haut nous situe clairement sur les enjeux. L’Agoa a été promulgué en 2000 et depuis, nous assistons à un profond bouleversement de l’environnement économique qui s’est accéléré récemment avec les négociations tarifaires entre les Etats-Unis et la Chine, l’éventualité d’un « Brexit », le démarrage de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine), une évolution significative des technologies de l’information. A cela, il faudrait ajouter la fin de la propagation de l’AGOA en 2025, la nécessité d’avoir un business model « gagnant-gagnant » au-delà de cette date.
Nous devons prendre en compte les forces et faiblesses de l’Agoa dans sa forme actuelle, tenir compte des changements disruptifs de l’environnement économique et commercial que j’ai déjà évoqués et définir un « Nouveau paradigme ». En d’autres termes, tous ces éléments nécessitent de définir de nouvelles règles du jeu afin que l’avenir de l’Agoa soit un modèle « gagnant-gagnant » entre les Etats-Unis et l’Afrique. Le forum se penchera sur cette équation.
Pour la Côte d’Ivoire bien entendu, l’enjeu est de profiter de cette nouvelle configuration qui sera définie à ce forum. Mais le fait que le forum soit en Côte d’Ivoire représente pour notre pays une valeur d’image importante. La Côte d’Ivoire confirme son positionnement sur la scène économique et on se souviendra dans le monde entier que le nouveau paradigme de l’Agoa s’est décidé à Abidjan, du 3 au 6 août 2019.
Quelles sont les particularités du forum 2019 ?
Une première particularité est que le forum n’est pas ouvert au grand public. Nous sommes arrivés à nous mettre d’accord avec la Team USA sur le format de l’événement qui se passera du 3 au 6 août. Le forum n’est pas ouvert au grand public et se fait exclusivement sur invitation pour des exigences de sécurité. Il y a des particularités sur la forme et sur le fond.
Au niveau de la forme, le forum se tiendra sur trois sites. Le site principal, le Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan, abritera le Forum ministériel, les Plénières et les « Break out sessions ». Le Pullman Hôtel abritera le Forum de la société civile. La Maison des entreprises (CGECI) abritera le Forum du secteur privé.
En marge de ce forum, il y aura une exposition et foire des produits éligibles à l’Agoa et des organisations de renforcement des capacités de financement de l’écosystème Agoa USA et africain sur l’esplanade du Sofitel Hôtel Ivoire.
Au niveau du fond, le débat se passera entre le gouvernement américain avec ses principales agences (Commerce, Finance, USID, USAID, OPIC, MCC, ministère du Travail, ministère de l’Agriculture…) et les 39 pays éligibles représentés par les ministres du Commerce avec la présence de l’Union africaine, des communautés économiques régionales et les représentants du secteur privé et de la société civile choisis par leurs membres lors de leurs forums respectifs. Les plénières se dérouleront les 5 et 6 août 2019 au Palais des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire avec un maximum de 700 participants.
Il aura une forte délégation des Congressistes américains dont le rôle sera de tenir compte des nouveaux paradigmes dans les nouvelles lois à venir. L’ouverture se fera le lundi 5 août au matin au Sofitel Hôtel Ivoire en présence des plus hautes autorités de notre pays, du Représentant spécial pour le Commerce du Président des Etats-Unis (USTR), des Représentants du gouvernement américain (Commerce, Finances, Travail, Agriculture…), des Congressistes américains, des ministres africains en charge du Commerce des pays éligibles à l’Agoa, des présidents des Communautés économiques régionales (CER), des représentants du secteur privé et des Représentants de la société civile.
Pour beaucoup d’analystes, le bilan AGOA est mitigé. Partagez-vous cette opinion ? Que faire pour que les pays en bénéficient davantage ?
Nous reconnaissons qu’il y a eu beaucoup de contraintes qui ont pu expliquer le niveau de performances mitigées des Etats africains et de leurs secteurs privés dans la mise en œuvre de l’Agoa. Parmi ces contraintes majeures, on peut citer entre autres, le niveau faible des infrastructures, les problèmes institutionnels, les difficultés à se conformer aux exigences des marchés américains (les mesures phytosanitaires, les règles d’origines), le développement des chaînes de valeurs, l’absence de financements des PME, les problèmes de VISA, l’absence d’une stratégie nationale Agoa dans plusieurs pays.
Ces contraintes ou faiblesses concernent aussi la partie américaine à savoir la méconnaissance des marchés africains surtout francophones, la mauvaise appréciation du risque africain, la forte concentration d’investissement dans le secteur des mines et pétrole, la faiblesse du financement américain dans les secteurs hors pétrole et surtout des PME. Le forum d’Abidjan doit analyser l’ensemble de ces contraintes afin de définir de nouveaux axes de développement.
Le forum intervient à 6 ans de la fin de la Loi américaine. Comment appréhendez-vous l’après-Agoa ?
Je pense qu’il faut voir cette question au niveau des Etats africains éligibles et du gouvernement américain.
Au niveau des Etats africains.
Je dois vous dire qu’il y a plusieurs signes qui me font dire que je suis très optimiste en ma qualité de Président du Comité technique de la Commission Agoa CI.
Premièrement : au niveau des Etats africains, des 39 pays éligibles. La plupart des pays africains ont mis en place une Stratégie nationale Agoa appelée « Agoa Utilisation Strategy ». Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, les trois axes sont les suivants : appuis techniques et renforcement des capacités du secteur privé ; promotion d’investissement et accès au financement ; promotion du label ivoirien sur le marché américain.
Ces axes que la Commission Agoa CI a définis, reposent sur 6 chaînes de valeurs (confection-habillement, fruits tropicaux transformés, manioc et dérivés, amande de cajou, miel naturel et karité). L’objectif en Côte d’Ivoire est basé sur 3 types d’indicateurs allant sur la période allant jusqu’à 2025 : Quarante nouvelles entreprises doivent exporter sur les Etats-Unis pour la durée du programme ; les exportations doivent atteindre en 2025 3,5 milliards de dollars américains (1 dollar= environ 600 FCfa) soit une augmentation de 200% en 2025 (indice de base 1,2 milliard de dollars US en 2016). Enfin, 25% d’exportations doivent rentrer dans le cadre de l’Agoa avec le système général de préférence (SGP).
Deuxièmement, l’ensemble des Etats africains ont mis en place des réformes structurelles visant à renforcer l’environnement des affaires (le Doing Business).
Troisièmement, l’existence d’une classe moyenne urbaine de plus en plus grande avec un pouvoir d’achat pouvant tirer profit de la consommation et des investissements. Quatrièmement : l’élargissement des marchés avec la mise en place de la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine).
Qu’en est-il de la partie américaine ?
Les Américains se sont rendus compte de la percée de leurs concurrents sur le continent africain (Chine, Turquie, Inde, Russie…). Ils réagissent en mettant en place des mécanismes et politiques appropriés. C’est ainsi que, conformément à leur stratégie de « Make America Great Again », ils ont mis en place le « BUILD ACT » et l’initiative « PROSPER AFRICA ».
Mon optimisme est aussi justifié par les futurs résultats du thème du forum qui va se pencher sur les voies et moyens pour améliorer les relations entre la Cote d’Ivoire, les Etats-Unis et l’Afrique.
Propos recueillis par Valentin Mbougueng