Le Champion de sa génération, celui qui berça de sa voix des milions d’ivoiriens et des dizaines de millions de mélomanes à travers le mode s’est tu. Laissant tous sans voix. Comme un couperet, la nouvelle du rappel à Dieu est tombée le samedi 31 mars dernier, aux premières heures. Dieu a rappelé son serviteur qui a répondu présent et passa dans l’autre chambre. En effet, notre CHAMPION Dezy, en cette paisible nuit de ce vendredi saint du 30 mars 2018, à 00 h 30, dans la cité mythique de Bingerville, sur le cœur de chacun de tes parents de Séibly, de Toulépleu, du Grand Ouest, de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique entière que nous sommes ; de tes proches compagnons, amis ; des fidèles de "l’Église de l'Armée Royale", que le Seigneur t’a inspiré de fonder pour le magnifier ; de tes milliers de fans d'ici et d'ailleurs ; de ton épouse, de tes quatre enfants ( Ephrem , Yann, Grâce et Samuel) qui t'adoraient tant, la mort est venue déposer une braise ardente tirée du four de la loi naturelle. Le choc est d'autant plus grand, la douleur d'autant plus intense que c'est avec une soudaineté impitoyable qu'elle t'a fauché d'entre nous. Au détour d'une ruelle sablonneuse de Bingerville, où tu étais allé prendre du bon temps en compagnie de tes amis. Un grand vide s’est fait en nous et autour de nous.
Le village de Seibly pleure son digne fils, la sous-préfecture de Bakoubly et son chef de canton Zimien VI pleurent leur phare musical, le département de Toulépleu pleure son meilleur ambassadeur. Artiste chanteur, parti de rien, ton initiation au contact des pionniers du Zouglou a tellement bien réussi et tu chantais si bien en tant de langues que tes milliers de fans ont cru et continuent de croire que tu appartenais à d’autres communautés ethniques ivoiriennes. Or, tu es Guéré de Toulépleu, de parents Guéré de Toulépleu. Ton père Guinon "GHANA" est de Seibly et ta mère, Pinhou Tohogninon de la famille Bahidy de Bakoubly. Pour tes parents biologiques que nous sommes, la douleur de ta disparition est indescriptible, le choc violent… Nos cœurs saignent. La blessure de ta brusque disparition est profonde. Et les torrents des larmes que nous versons, depuis le 30 mars ne parviendront certainement pas, de si tôt, à combler le vide que tu laisses. La musique était ta vie, cher frère, quand bien même que tu ne l'avais pas dans tes gènes. Car, en effet, tu es issu d'une famille sans tradition artistique. Tu es plutôt d'une descendance de footballeurs talentueux. Ton père, « GUINON GHANA » a fait les beaux jours de l'équipe de Seibly, ton village et du Rio-Cavally Sport de TOULEPLEU, ton département d'origine. Ton frère cadet GUINON Serges a évolué, brillamment à l'Africa Sport national. Rien ne semblait te prédestiner à une carrière musicale. Rien... sinon, ton amour de la musique et ta détermination à t’affirmer autrement.
Cruel destin, dira-t-on, pour GUINON Claver Désiré dit DEZY CHAMPION, le grand artiste, le serviteur de Dieu que tu es. Mais, croyants, nous osons estimer que, peut-être, c'est parce que ton âme est si précieuse, qu'à 40 ans, Le Tout Puissant Dieu, dont les voies sont insondables, a bien voulu te rappeler auprès de lui. Si l'on accepte, la mort, dans son aspect mythologique comme étant une « délivrance », alors, nous pouvons dire que tu as été délivré d'une charge pathologique que Dieu, dans sa miséricorde, n'a pas voulu te faire subir ou faire endurer longtemps ; comme une punition, du fait de tes grandes œuvres en sa faveur et envers tes prochains. Ton âme est d'un grand prix, aux yeux de Dieu, ton passage sur terre a été d’un grand apport aux yeux des hommes. Il t'a donc rappelé auprès de lui, afin que, dans l'au-delà, tu puisses continuer sa mission. Mais, il reste qu'en t'arrachant à notre affection, de la manière la plus brutale, « la mort nous a fait un coup bas »… Tu es mort de ta belle mort, parce que Dieu l’a voulu. Seul le cœur nous dicte aujourd'hui la conduite à tenir et l'attitude à avoir devant la triste réalité. Célébrer ta mémoire dans la dignité : c'est dans cet état d'esprit que s'inscrit cet hommage que je te rends, et qu’à travers moi te rend le conseil municipal de Toulépleu, non seulement en ma qualité de Maire de la Commune de Toulépleu, mais aussi et surtout, ton cousin (puisque tous deux neveux à Bakoubly), ton admirateur.
Grand puriste, ton Zouglou, très raffiné, très populaire, était d'un genre particulier. Parce que, DEZY CHAMPION, les traits de tes chansons, les paroles et le rythme faisaient naître, chaque fois, une flamme qui réchauffait, aussi bien les âmes en errance que celles qui sont aisées. Parce que, tes chansons touchaient, en même temps, au bonheur et au malheur des uns ainsi qu'aux désirs, aux fantasmes et à l'espoir des autres. C'est ainsi que tu as touché, nombre de cœurs brisés dans des foyers. Tu as même donné espoir à l'orphelin. Tes chansons touchaient à la vie de tous les jours. Tu as pris le Zouglou par le petit bout, avant d'en devenir une légende vivante… Une icône. Et, c'est comme cela que tu es devenu, le compagnon du chauffeur de taxi, du chauffeur de gbaka, du mécanicien, du couturier, du journaliste, du médecin, du ministre et du Président de la République. Je sais que certains, aujourd’hui, ont le sentiment d’avoir perdu un membre de leur famille. Car, tu vivais, avec eux, leurs joies et leurs peines. Tu es arrivé, dans le "Zouglou", avec, en main, un feu d'artifice qui a allumé la mèche de ta brillante carrière. Artiste pétri de talent, humaniste, tes chansons t'ont inscrit, aujourd'hui, dans le panthéon de l’immortalité. Tu n'es donc pas mort, cher frère, NOTRE CHAMPION. Tu vivras à travers ta progéniture et tes chansons intemporelles et impérissables.
La musique était ta vie, mais Dieu était ta passion. Tu lui as consacré un Temple, à la dimension de ta foi. C'est alors que l'on a compris, qu'en réalité, face à ton immense talent, avec ta musique directe et évocatrice qui s'accordait si bien avec les arguments que tu développais, la qualité et la profondeur de tes chansons, que ton Zouglou-là venait du ciel. Musicien et pasteur fondateur de l'Eglise "l'Armée Royale" sise à Yopougon-Ananeraie, tu étais un artiste toujours bien inspiré. Tu as eu une vie bien remplie. Que ton âme d'artiste et de bâtisseur de Temple, repose en paix. Nous garderons de toi mille souvenirs. Avant de conclure cet hommage, je voudrais adresser mes condoléances les plus attristées aux artistes Zouglou ivoiriens, aux populations de Séibly, à toute la Sous-préfecture de Bakoubly, aux artistes du Cavally, à ceux du département de Toulépleu. Je voudrais adresser, et avec moi la chefferie coutumière, les élus, les cadres et travailleurs, les populations du département de Toulépleu, du plus profond de nos cœurs, notre gratitude, de manière sentie à tous ceux qui, de près ou de loin, se sont impliqués dans l'organisation de ces grandioses obsèques et garderont une pensée pieuse pour notre fils et frère disparu.
Guinon Dezy le CHAMPION, adieu !
Adieu, CHAMPION Dezy !
Denis Kah Zion,
maire de Toulepleu.