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Societe

Censure -Egypte : la liberté d'expression recule encore

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Une nouvelle loi portant sur la surveillance des utilisateurs des réseaux sociaux pourrait être votée à l’occasion de la rentrée parlementaire en Egypte. Depuis avril, le député Riad Abdel Sattar propose ainsi un contrôle drastique des utilisateurs des réseaux sociaux, au nom de la lutte contre le terrorisme. Les utilisateurs seraient, en cas d’adoption, obligés de demander aux autorités des codes d’accès personnalisés, liés à leur carte d’identité, pour accéder à Facebook ou à Twitter. Tout utilisateur qui refuserait d’enregistrer ses données serait contraint de payer une amende de 250 euros, et condamné à six mois de prison en cas de récidive.
Si le gouvernement n’a pas le pouvoir de personnaliser l’accès à Facebook – il lui faudrait pour cela l’accord du siège de la société sis aux Etats-Unis –, il peut en revanche tout à fait bloquer le site. La proposition du député correspond en tout cas à la ligne du ministre des Affaires parlementaires, qui s’obstine à affirmer que les réseaux sociaux répandent des rumeurs et provoquent «un désordre interne», avec pour but de faire tomber le régime.

Réprimer la société civile

Cette mesure concernant les réseaux sociaux n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des velléités du gouvernement Al-Sissi de museler les libertés publiques et contrôler la société civile égyptienne. Le Parlement compte d’ailleurs profiter de ce nouveau débat pour discuter de «l’organisation» de la presse dans le pays, à savoir son contrôle accru.
Fin 2016, le président Al-Sissi avait déjà fait voter une loi lui permettant de mettre en place un conseil destiné à «superviser» les organes de presse. En janvier, Ibrahim Eissa, un célèbre éditorialiste très critique envers le régime, a dû ainsi mettre un terme à son émission Avec Ibrahim Eissa. Pour justifier cette censure, le président du Parlement s’est borné à accuser Eissa de «désinformation criminelle». La chaîne de télévision qui hébergeait le chroniqueur, Al Qahera Wal Nas TV, a assuré avoir subi des pressions : Al Qahera était l’organisatrice du «Marché», une grande foire de ventes de meubles. Mi-décembre, les autorités avaient décidé que la prochaine édition n’aurait pas lieu.
Plus récent encore, en mai dernier, Al-Sissi a promulgué une nouvelle loi pour réguler les activités des ONG, même apolitiques. Le texte a limité leurs activités aux seules questions sociales, avec une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement en cas d’infraction. Aucun travail de terrain ou sondage d’opinion n’est toléré sans autorisation préalable.

«Trou noir digital»

Le régime autoritaire d’Al-Sissi continue également de museler la presse en bloquant certains médias en ligne, dernier espace de liberté d’expression dans le pays. Entre mai et août, l’association pour la liberté de pensée et d’expression, l’AFTE, a ainsi recensé plus d’une centaine de sites web bloqués par le gouvernement. Mada Masr, média indépendant et progressiste égyptien, et l’un des derniers bastions de la liberté d’expression dans le pays, en fait partie. Ce site a publié plusieurs enquêtes sur la corruption et la répression de l’opposition, tout comme le HuffPost Arabi. «L’Egypte se situe actuellement dans un trou noir digital», expliquait déjà en juillet Lina Attalah, la fondatrice de Mada Masr.
Le régime a refusé de commenter ces mesures, se contentant d’assurer que ces sites soutiennent le terrorisme. Les journalistes et associations de défense des droits de l’homme ont radicalement contesté cette justification. Selon eux, les sites visés sont aussi bien des versions en ligne de médias traditionnels, que des médias électroniques, des sites d’organisations de défenseurs des droits humains, ou encore des sites qui permettent de déjouer le blocage, comme ceux des réseaux VPN ou du logiciel Tor.
Le site de Reporters sans frontières est aussi dans le viseur d’Al-Sissi : il est inaccessible depuis le 14 août à partir du territoire égyptien. Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, déplore la censure de son site : «C’est la première fois que le site de RSF est bloqué en Egypte. […] Le black-out digital généralisé imposé en Egypte n’est pas seulement une grave atteinte à la liberté d’information, cela révèle aussi la crainte d’un régime de voir qu’une population informée puisse être une menace pour sa stabilité.» L’Egypte semble, plus que jamais, mériter son rang au classement mondial de la liberté de la presse 2017, 161e sur 180.
 
Mélissa Kalaydjian

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