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Economie

Autodafe d'un billet de 5000 Fcfa : Kémi Séba libéré mais…....

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Ayant comparu devant un tribunal dakarois hier mardi, 29 août, pour répondre de son ‘’acte’’ du 19 août 2017 qui a consisté à brûler, sur la place publique, un billet de 5000 F CFA, l’activiste franco-béninois Kémi Séba, a été finalement libéré par les juges. Placé sous mandat de dépôt le 25 août dernier, il était poursuivi en vertu de l’article 411 du Code pénal qui prévoit que « quiconque aura volontairement brûlé ou détruit, d’une manière quelconque, des registres, minutes ou actes originaux de l’autorité publique, des titres, billets, lettres de change, effets de commerce ou de banque (…) Si les pièces détruites sont des actes de l’autorité publique ou des effets de commerce ou de banque, la peine sera d’un emprisonnement de cinq à dix ans ». Et ce, suite à une plainte déposée par la BCEAO, une des institutions émettrices du F CFA, une monnaie commune à quatorze pays d’Afrique.
On le sait, Kémi Séba, à travers son ONG Urgences Panafricanistes et faisant chorus avec d’autres organisations de la société civile en Afrique, est vent debout, depuis un certain temps, contre le Franc CFA. Jusque-là, son combat faisait recette auprès de la jeunesse et des élites africaines au point que des chefs d’Etat, à l’instar du Tchadien Idriss Déby Itno, pour ne citer que lui, avaient donné de la voix, pour du moins reconnaître à demi-mots que le temps était venu pour les pays utilisant le Franc CFA, arrimé au Franc français, de songer à leur indépendance monétaire. Ce qui n’avait pas manqué d’agacer quelque peu le président français, Emmanuel Macron, qui avait glissé aux oreilles des dirigeants africains qui voulaient l’entendre qu’ils devraient s’assumer s’ils n’étaient pas heureux dans la zone franc.
Kémi Séba a beau tenter d’expliquer son geste, cela reste comme une gaucherie
C’est dire que le débat posé par Kémi Séba qui pense que le Franc CFA est le signe de l’asservissement de l’Afrique, a des échos retentissants. Mais, depuis le 19 août, Kémi Séba qui menait un combat perçu comme noble, semble avoir posé l’acte qui vendange un tant soit peu sa lutte, quoi qu’il ait été relaxé. On dit qu’entre la cause d’un combat et les moyens utilisés, il y a des fois des bornes, notamment légales et sociétales, à ne pas dépasser au risque de tout compromettre. L’activiste franco-béninois, en brûlant le billet de 5 000 F CFA qui lui a valu des poursuites judiciaires engagées au Sénégal où il a installé ses pénates depuis février 2011, n’avait pas fait que transgresser les lois de son pays de résidence. Il a aussi et surtout transgressé un tabou ancré dans de nombreuses sociétés africaines, à savoir le caractère sacré de l’argent. Par son geste, il s’est attaqué moins à la ‘‘Françafrique’’ qu’aux valeurs morales. Ici, en Afrique, dans certains us et coutumes, brûler de l’argent est signe de malédiction. Alors, qu’est-ce qui a pu bien pousser cet activiste à poser un tel acte ? Certes, la justice sénégalaise a trouvé que les charges n’étaient pas assez suffisantes pour maintenir Kémi Séba dans les liens de la prévention en le libérant, mais il sied de dire que dans le contexte culturel africain, Kémi Séba a beau tenter d’expliquer son geste, cela reste comme une gaucherie. En voulant passer à un autre palier dans sa fronde ‘’anti F CFA’’, Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capo Chichi, figure du radicalisme noir français, a tout simplement raté le coche. Et le geste qui lui a valu des ennuis judiciaires, ne pouvait pas ne pas être interprété comme du populisme mal placé. Car, au lieu d’interpeller les consciences, on peut dire que son acte a dû choquer ces milliers de personnes qui peinent à avoir un repas par jour et créer le désamour avec nombre de gens qui avaient de l’estime pour lui et le combat qu’il menait. C’est vrai qu’avant Kémi Séba, il y a eu, en France, l’artiste Serge Gainsbourg qui, le 11 mai 1984, a mis le feu à un billet de 500 francs, en direct sur un plateau de télé, sans être trop inquiété. Ce qui pouvait donner l’impression qu’on est dans une situation de deux poids deux mesures si Séba n’avait pas été libéré. Mais ici, c’est l’Afrique et comme on dit aussi, autres temps, autres mœurs.
Drissa TRAORE

 



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